Les autorités sont formelles, aucun habitant d'Austin ne doit quitter son abri. Je suis en direct de la mairie de la ville, où des vents commencent déjà à souffler. L'air est lourd et pesant, on attend une tornade dont le risque de dégâts n'a jamais été aussi élevé. Je vous le répète, aucun habitant ne doit quitter son abri. C'était Zoey Fletcher, pour CNN, en direct d'Austin.

Les chaînes d'information font peur parfois, mais, là, c'est légitime. Le Texas est en zone d'alerte, une grande tornade pourrait se former à tout moment dans la région d'Austin. Dehors l'air est lourd, le ciel est gris et couvert, les vents s'intensifient mais ce n'est pas ça le pire. Le pire, c'est l'ambiance qui règne dans la ville, les regards sont apeurés, on attend la catastrophe. Chacun est ici et ailleurs en même temps. Les magasins ont été dévalisés des vivres les plus précieux, l'eau, le pain, les boites de conserve. On ne sait pas, personne ne sait et c'est ça le pire. L'attente, le silence, la peur, le vent qui souffle dans nos oreilles. On sait ce qu'on va vivre.

Et puis, soudain, elle se forme, elle prend vie au beau milieu d'un champs et commence sa course folle à travers les routes, les maisons, les églises, sans se soucier de ce qu'elle détruit. Austin est sur le chemin de cette catastrophe dévastatrice et la panique arrive. Chacun se cache du mieux qu'il peut, chacun se protège, dans des abris, dans des caves, sous les terrasses des maisons, et  chacun attend. La tornade arrive, elle se dirige à toute vitesse vers l'université d'Austin, puis continue sa route vers le centre ville. Le plus impressionnant c'est le bruit. Le souffle emporte tout, les toits, les voitures, les arbres, les mobiliers, tout, rien n'est épargné. Certains voient la vie défiler devant leur yeux, d'autres pleurent en silence, d'autres prient, certains gardent les yeux ouverts pour ne pas perdre une miette de ce spectacle morbide.

Finalement, elle s'en va puis s’évanouit dans les terres. Ça y est, elle est passée. Tout le monde est sonné, certains blessés, d'autres seulement choqués mais il en manquera sûrement à l'appel. Elle a été terriblement intense et destructrice. Il est temps de faire le bilan, de tout reconstruire, de survivre pour certain, de faire le deuil de ce qu'on a perdu pour d'autre. Il faut vivre maintenant.