Il arrive qu'on perde de vue des personnes qui pourtant sont très importantes à nos yeux. On s'éloigne d'eux, sans même forcément s'en rendre compte. Puis un jour on se souvient d'eux et on regrette un peu de ne pas avoir fait plus d'effort que ça pour les garder dans nos vies. C'est un peu ce qu'il m'est arrivé avec Jay. Je l'ai connu quand j'avais quoi... treize-quatorze ans. Un collègue de mon père qui est devenu ami de la famille. Dix ans mon aîné et pourtant, il était comme mon meilleur ami, mon confident. Le grand frère que je n'ai jamais eu. Bon, d'accord, j'avoue qu'il a été mon premier crush d'adolescente. Beau, intelligent, il avait tout pour attirer les petites minettes dans mon genre. Est-ce-qu'il l'a su? Je ne sais pas. Par la suite, il est devenu celui que j'ai considéré comme mon frère. On était loin de sentiments amoureux et j'en suis bien contente. Je lui parlais de mes histoires, je lui demandais conseil. J'ai toujours eu une confiance absolue en lui. Puis, je me suis mariée, il a reprit l'entreprise familiale, et le temps est passé. On s'est perdu de vue. Tout simplement. Sans qu'on fasse quelque chose pour que ça arrive. Aucune dispute, aucun cris, aucun malentendu. Juste le temps qui passe, on ne se voit plus et on y arrive.

J'ai appris qu'il allait implanter une filiale ici-même, à Austin. Il était temps de reprendre ma vie en mains et ça allait commencer par essayer de reprendre contact avec lui. En espérant qu'il n'avait pas oublié l'adolescente que j'étais et qu'il serait aussi à même que moi à reprendre contact. A croire que le destin est de mon côté pour une fois puisqu'il m'évite d'avoir à chercher un numéro de téléphone ou à passer à l'improviste à son entreprise. Il est juste là, devant moi. Dans la rue. Je souris doucement, Ewan à la laisse comme toujours. En partant de chez moi, je comptais aller à la boulangerie mais finalement, mes plans changent en une seconde. Je m'approche de Jay que je reconnais sans aucune difficulté. Il n'a pas changé, il faut le dire. Il est toujours aussi beau et possède toujours autant de charisme. Espérons qu'il est toujours celui que j'ai connu. « Jay...? » Je lui souris et pour éviter le côté gênant que pourrait avoir une situation du genre, je me décide à lui dire immédiatement qui je suis, juste au cas où il ne m'aurait pas reconnue: « C'est Heather... Wilson... » J'ai repris mon nom de jeune fille suite au divorce donc il ne risque pas d'y avoir de confusion. Il ne m'a d'ailleurs jamais connue, je crois, sous mon nom de femme mariée.

Je n'ai absolument pas fait attention aux cabas qu'il portait au moment où je l'ai interpellé. A cet instant précis, je n'avais qu'une idée en tête: lui signifier ma présence, entamer la conversation. Je dois avouer avoir eu un peu peur de sa réaction sur le coup. Et si il n'était pas content de me voir? Et si il m'avait oubliée? Est-ce-que ça me ferait de la peine? Oui, sans aucun doute. Songeant au fait qu'il ne me reconnaîtrait peut-être pas, j'ai jugé bon de lui dire qui je suis, dans le but d'éviter une situation qui aurait pu être réellement gênante. Je peux lire de la surprise dans son regard quand il se tourne vers moi. « Heather... Si je m'attendais à cela. Je... » Il ne devait plus penser à moi depuis des années alors comment aurait-il pu penser à me croiser ici, à Austin, sachant que la dernière fois qu'il avait dû entendre parler de moi je vivais encore à New-York. Je souris doucement alors qu'il pose ses sacs par terre.

Je suis surprise de sentir ses mains se poser sur mes épaules puis par l'étreinte qu'il m'offre. Étreinte agréable. Réconfortante. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part et je suis soulagée que c'est ainsi qu'il prenne notre rencontre. Après une légère hésitation, je pose mes mains dans son dos pour lui rendre son accolade. Je suis très heureuse de le revoir mais depuis un peu plus d'un an, je n'ai pas eu beaucoup de contact physique avec qui que ce soit. Au départ, c'était parce que j'avais mal partout. Attachée à une chaise pendant quatre semaines et des tortures, ça ne laisse pas le corps indemne. Puis, après, j'ai juste gardé ce pli. Ça a duré un long moment avant que mon corps récupère de sa péripétie et j'avoue que par la suite, psychologiquement, j'avais juste pas envie de sentir des mains sur moi. Même mes parents n'ont pas eu ce droit, pour être tout à fait honnête. C'est bête, je le conçois. Quand tu tombes de vélo, tu dois remonter dessus tout de suite et pas rester sur l'échec, ne pas rester cramponner à la peur de retomber. Mais là, c'est différent qu'une chute à vélo, même si le remède aurait pu être le même pour le coup. « Ca me fait plaisir de te voir. » Il relâche son étreinte et je recule d'un pas pour lui adresser un sourire.

Ewan s'assoit au sol. C'est un chien extrêmement patient et calme. Je ne peux que m'estimer heureuse de l'avoir avec moi. Je ne pourrais plus me passer de lui. Je sens le regard de Jay me parcourir et je ris un peu quand il reprend la parole. « Tu es superbe. Mais où est donc passé la petite pré-adolescente de mes souvenirs ? » Je me surprends à lui répondre sur le ton de l'humour: « Tu sais que je suis toujours trop jeune pour toi? » Bien sûr que je plaisante! « Comme tu le vois, j'ai grandis. Ça fait des années qu'on ne s'est pas vu... » Est-ce-que je regrette? Oui, un peu. J'aurais pu essayer de garder contact. Mais le refrain est toujours le même. On veut, on peut, le temps passe, on oublie. On s'oublie. « Dis donc, t'as acheté pour un régiment. Tu as une ribambelle d'enfants dont je n'ai jamais entendu parler? » Je souris en le regardant. J'ignore de qui il est à ce jour. J'ignore si il est encore marié, si il a des enfants, si... J'ignore tout. « Je dois te faire un aveu: j'avais l'intention de chercher un moyen de te contacter. J'ai entendu dire que tu avais une filiale ici alors... Ça tombe bien qu'on se soit croisé. » lui dis-je simplement.

J'ai envie de revoir Jay depuis que je sais qu'il allait être à Austin. Le hasard a vraiment bien fait les choses cette fois en nous faisant nous rencontrer comme ça dans la rue. Ça m'a bien facilité la tâche, je dois l'admettre. Je tente une dose d'humour, en espérant qu'il en avait toujours. « Si mes souvenirs sont bons, c'est toi qui avais le béguin pour moi. » Je fais une petite moue en fronçant les sourcils. C'est une moue qu'il doit reconnaître, je la faisais déjà en étant adolescente quand il disait quelque chose dont je n'étais pas sûre, ou dont je faisais semblant de ne pas être sûre. « Moi? T'es sûr de ce que tu avances? » Je ris doucement en le regardant. Attendez... Ça veut dire qu'il savait?! Heureusement qu'à l'époque je n'avais pas conscience qu'il avait compris sinon, je n'aurais plus su où me mettre. J'aurais souhaité être une souris pour me cacher dans un trou le plus petit possible. « Attends, tu savais que j'avais le béguin pour toi? Et t'as jamais rien dit? » Je souris. Bien sûr, je lui en étais reconnaissante de n'avoir rien dit, de ne pas m'avoir mise mal à l'aise. On a dix ans de différence, jamais on aurait pu avoir une relation. Je le savais bien à l'époque, mais ça n'avait pas empêché qu'il soit mon premier crush. Je m'en suis vite remise, vous en faite pas. Alors bien sûr, maintenant, les dix ans de différence, c'est différent. On est tout les deux adultes. Mais soyons honnêtes, il deviendra vieux et ne voudra plus rien faire bien avant moi. Cette pensée me fait rire intérieurement mais je ne laisse rien transparaître. « Je crois que la dernière fois que je t'ai vu, tu t'apprêtais à rentrée à l'université. Cela remonte à quelques années maintenant. » J'hoche la tête. J'avais dix-huit ans oui. Je sortais à peine de l'adolescence. C'est dingue de se dire que j'avais dix-huit ans et que maintenant, j'en ai vingt-six. Je suis devenue une femme alors que quand il m'a vue pour la dernière fois, j'étais encore presque une enfant. A peine une jeune adulte. « C'est ça. Huit ans se sont écoulés. Et j'imagine qu'il a dû se passer pas mal de choses pour toi comme pour moi. » C'est le cas de le dire... Pas que de bonnes choses d'ailleurs.

Je mentionne les sacs, en demandant si il avait eu des enfants dont je n'ai jamais entendu parler. « Malheureusement non, aucun enfant à l'horizon. Une de mes amies a eut des jumeaux récemment. Et je suis le parrain de l'un d'entre eux. Depuis, j'ai la tendance à les gâter un peu trop. J'étais sur le point d'aller les voir d'ailleurs. Mais cela peut attendre. » Je souris en le regardant. Je suis contente qu'il y ait des enfants dans sa vie, même si ce ne sont pas les siens. Les enfants sont plein de vies, c'est pétillants et je crois que leurs rires peuvent guérir vos peines. « Jay Pierce, parrain gâteaux. Qui l'aurait cru? » Je le taquine en plaisantant. Je reprends, plus sérieusement: « Si tu avais des projets, tu peux y aller. On pourra se revoir un autre jour. » Même si au fond, je n'ai pas envie de remettre ça, je ne veux pas le gêner dans ses projets. Ça n'a jamais été mon but. Finalement, il me propose un café. « Et bien le hasard fait bien les choses. Si tu as le temps, on peut aller boire un café, histoire que tu me racontes ce que tu deviens et surtout ce que tu fais ici. » Je souris en acceptant volontiers. « Avec plaisir pour le café. » On se rend au café le plus proche et on ne tarde pas à s'y installer.

La serveuse vient prendre notre commande. « Un chocolat chaud s'il vous plait. » C'est mon péché mignon depuis que je suis petite. Ça n'a pas changé avec le temps. Heureusement que certaines choses ne changent pas d'ailleurs, vous ne trouvez pas? Je mets la laisse d'Ewan au pied de la chaise et le chien se couche sagement sur le sol. Que dire de plus à part qu'il est hyper calme et que c'est presque comme si il n'était pas là? Ce chien est décidément adorable. « Alors... Il me semble que tu as divorcé... Tu as quelqu'un d'autre dans ta vie? » Oui, je tourne le sujet de conversation vers lui parce que pour être honnête, je ne sais pas quoi lui dire sur moi. Je ne sais pas ce que je peux et veux lui dire. Il y a des choses que je ne peux pas dire, pas maintenant. Il a été mon confident pendant des années, certes, mais les choses ont malgré tout changées. Je ne peux pas lui balancer ça comme ça, pas tout de suite. Alors le temps de savoir quoi lui dire, je lui pose des questions sur lui. C'est bien plus simple.

Je n'ai jamais su si Jay avait compris que j'avais le béguin pour lui à l'époque. Je pensais être discrète mais vu ce qu'il me dit aujourd'hui, je doute fortement de l'avoir un jour été. Il n'a jamais rien dit. Est-ce-qu'il a bien fait? « Bien sûr que je savais. Il aurait fallu être aveugle pour que je ne m'en rende pas compte. Mais j'étais marié et tu étais bien trop jeune. Je ne voulais donc pas te faire de peine en brisant tes rêves. J'ai donc préféré ne rien dire. Et puis cela nous à permis de créer une belle amitié non ? Si je t'en avais parlé, je ne pense pas que nous aurions été aussi proches à l'époque. » Oui, sans doute a t-il bien fait. Je souris en le regardant et en hochant la tête. Je ne pense pas non plus qu'on aurait eu cette relation si il m'avait dit à l'époque que j'étais trop jeune pour lui et tout ce blablah. J'aurais été bien trop gênée suite à ça pour pouvoir me confier à lui comme si de rien n'était. Laisser faire le temps était la meilleure solution. Ça n'a pas duré longtemps en plus de ça. Au lycée, je suis tombée amoureuse de quelqu'un de mon âge et Jay était devenu mon confident, mon grand frère. Donc tout était bien qui finissait bien. « T'as bien fait de ne rien dire. On en serait pas là aujourd'hui sinon. » Je me rends de plus en plus compte à quel point ce qu'on dit ou ne dit pas peut être important et décisif pour l'avenir. La preuve.

On se retrouve bien vite à la terrasse d'un café, histoire de discuter du temps qui est passé, d'essayer de se retrouver, peut-être. Ça me plairait beaucoup de retrouver mon confident. Lui parler me manquait bien plus que je ne l'aurais pensé. Le retrouver m'a fait prendre conscience du manque qui était là, sans que je ne m'en rende compte parce que la vie met tellement de choses sur la route qu'on en oublie parfois l'essentiel: la famille, les amis, l'amour. « Et bien, j'ai divorcé avant qu'on se perde de vu en effet. Depuis, j'ai papillonné un moment jusqu'à ce que je me décide d'abandonner ma carrière d'avocat pour celle de PDG de « Pierce Industries » il y a presque trois ans maintenant. À partir de là, j'ai quasiment plus eut de vie privée, trop prit dans mon travail. Et même si j'ai repris une vie sociale depuis que j'ai mis les pieds à Austin, il n'y a pas de futur madame Pierce en vu. Enfin, disons plutôt que la seule femme avec qui j'ai imaginé que je pourrais construire quelque chose n'a pas franchement la tête à cela. » Je me renseigne sur son divorce, sur sa vie privée actuelle. Je vois bien la lueur qui traverse son regard. De la tristesse. Je n'aime pas ça. Même si ça fait huit ans qu'on ne s'est pas vu, je ne veux pas que Jay soit triste ou malheureux. C'est comme ça. C'est instinctif peut-être. « J'ignore pourquoi elle n'a pas la tête à ça mais... sois patient. Je suis sûre que tout rentrera dans l'ordre un jour ou l'autre. Il paraît que ça finit toujours par s'arranger en tout cas. Et... Je sais que ça fait huit ans mais si t'as besoin qu'on inverse les rôles, mes oreilles sont disposées à t'écouter. » Je lui souris, voulant être positive même si j'ignore les détails. Et puis, adolescente, j'ai sûrement dû parfois bien le saouler avec mes histoires et mon besoin de parler à quelqu'un. Je pense que je peux bien lui rendre la pareille si il en a besoin.

Finalement, la conversation se tourne vers moi et ça m'amuse moins. « Et toi, j'imagine que tu dois as dû briser plus d'un cœur depuis la dernière fois que je t'ai vu. » Je souris doucement, mais avec tristesse, tout comme Jay a eu la lueur de tristesse dans les yeux. Je baisse le regard une seconde vers ma tasse de chocolat chaud qui vient d'être posée et je remercie la serveuse. Je relève la tête et décide d'être honnête sans pour autant rentrer tout de suite dans les détails sordides. « Pas vraiment non... Tu te souviens que je sortais avec un garçon, Ryan, au lycée? Ça a duré trois ans puis la distance avec les universités, ça nous a séparés... Ensuite... J'ai rencontré celui qui m'a servit de mari à vingt-et-un ans, on s'est marié un an après et disons... que ça a été un véritable désastre. On a divorcé il y a environ un an... » Disons ça comme ça. Je regrette, vous savez? J'aurais dû plus me battre pour mon premier amour Ryan, tout allait bien entre nous et si j'avais fait ça, et bien... Je n'aurais pas rencontré mon psychopathe d'ex-mari et je pourrais très bien être mariée, maman, avec un chien, la maison avec la barrière blanche et surtout, je pourrais être heureuse, avec de la chance. Quoi qu'il en soit, on ne refait pas son passé. Il n'est pas trop tard pour être heureuse et qui sait sur qui je pourrais tomber à Austin, après tout? Je soupire doucement. Un désastre? J'ai dit que ça avait été un désastre? Ça avait été pire que ça. Je bois une gorgée de chocolat chaud et tente un détournement plus ou moins subtile de sujet: « L'entreprise a l'air de bien se porter, c'est une bonne chose pour toi. » Ouais ok, c'est pas très subtile du tout mais qu'importe. Il fallait bien que je tente le coup.

J'éprouve un bien-être à revoir Jay. C'est un peu dingue de ressentir ça après huit années sans contact et pourtant c'est bel et bien le cas. J'ignore quel homme il est devenu, tout comme lui ignore quelle femme je suis devenue. Il ne sait rien des épreuves que j'ai traversé tout comme j'ignores ses épreuves. Il posa sa main sur la mienne, délicatement. Mon regard se pose sur nos mains. J'ai une envie immédiate et difficile à retenir de retirer ma main. Le contact avec les autres est parfois encore difficile. Je me force à la laisser, prenant réellement sur moi. "Je te remercie, mais ce n'est pas mon histoire, alors je n'ai pas le droit d'en parler. Mais elle vient de traverser la pire épreuve que la vie puisse réserver si tu veux mon avis. Et j'ai bien peur que le temps ne suffisent pas à lui donner envie de fonder une nouvelle famille un jour." Je retire alors ma main, ne pouvant pas la laisser plus longtemps. Ce n'est pas contre Jay. Ça aurait pu être n'importe quelle autre personne que ça aurait été pareil. En fait, justement parce que c'est Jay, j'ai tout fait pour rester, pour paraître naturelle et pas traumatisée par une mauvaise expérience. "Et moi je meurs d'envie de pouponner vois tu." Je souris en le regardant. "Je te vois bien être père. Quant à cette femme, je comprends que la vie met parfois de grands obstacles sur notre route. Je trouve ça bien que tu gardes ça pour toi, il est vrai que c'est son histoire. Mais si jamais tu as besoin de parler, n'hésite pas. Quant à elle... J'espère sincèrement qu'elle ira mieux et tu sais, rien n'est inscrit dans le marbre. Il se peut qu'un jour, elle ait envie de fonder une famille." Ais-je envie de devenir mère, moi aussi? Oui. Mais j'ai vingt-six ans, je suis traumatisée, je supporte à peine les contacts et je ne sors pratiquement plus, surtout pas sans mon chien. Alors autant dire que c'est mal barré. Mais qui sait? La vie est pleine de surprises après tout.

Il a l'air vraiment très pensif quand je ne mentionne que très vaguement mon mariage. Les gens ont tendance à en parler d'avantage, à mentionner plus de détails? J'ai simplement dit avoir rencontré mon mari à vingt-et-un ans, m'être mariée un an plus tard et avoir divorcé il y a un an... C'est vrai que c'est vague. Je ne parle même pas de la raison du divorce genre, il m'a trompée, ou on ne s'entendait vraiment plus. Je ne mentionne pas non plus si ça a été fait à l'amiable ou non. "J'ai comme l'impression que tu ne me dis pas tout. Mais je suis là maintenant. Alors si tu as le moindre problème avec ton ex, n'hésite pas à me le faire savoir. Je lui enverrais mon service de sécurité pour lui passer l'envie de recommencer." Je soupire doucement en baissant les yeux puis je relève ma tête vers lui avec un petit sourire. "Il ne risque pas de venir me causer des problèmes... Puisqu'il est en prison..." Et c'est là que n'importe quelle personne censée va croire que j'étais mariée à un trafiquant, un voyou de bas étage. Et pourtant... Pas le moins du monde. J'étais mariée à pire que ça encore... J'étais mariée à un psychopathe.

"Oui, j'ai de la chance tout se passe bien de ce côté là. Mais en même temps mon prédécesseur avait fait un excellent boulot toutes ses années. J'ai fait quand même quelques ajustements qui n'ont pas plus, mais au final cela rapporte. A défaut d'avoir gagner le respect de mon conseil d'administration, j'ai gagné celui des employés. Et je trouve cela nettement plus gratifiant. Et du coup, je n'ai eut aucun mal à trouver des volontaires pour venir travailler dans la nouvelle filière que j'ouvre au Texas." J'ai opéré un changement de sujet plus ou moins subtil. Je souris en l'écoutant parler de l'entreprise. Il est passionné et c'est tellement beau à voir. "Je suis d'accord, c'est plus gratifiant d'avoir le respect des employés." Je l'imagine en tout cas. Je bois une gorgée de café quand Jay prend des nouvelles de mes parents.

"Enfin, j'imagine que ce n'est pas très passionnant pour toi tout cela. Donne moi plutôt des nouvelles de tes parents. L'homme que je suis devenu, je le dois en parti à ton père tu sais." J'hoche la tête en souriant. Je sais que mon père y a été pour quelque chose dans la construction de Jay en tant qu'homme et en tant qu'avocat d'ailleurs. "Hum... Ils vont plutôt bien." Je soupire. En fait, ils ont soufferts tout autant que moi à mon kidnapping et dire qu'ils vont plutôt bien, c'est un petit mensonge. Enfin, pas vraiment. Disons qu'ils vont bien mais ils ont eu beaucoup de mal à se remettre de ça. Ils ont eu la peur de leur vie, ce qui est compréhensible. Je suis leur fille unique et ils ont faillit me perdre. "Ils ont eu du mal à se remettre de l'épreuve de mon mariage... Mais ça va maintenant. Et mon père s'est bien battu pour moi. Il m'a obtenu ce que je voulais." Je plonge mes yeux dans ceux de Jay et je me décide à commencer à me livrer un peu. En parler à quelqu'un, ça ne peut pas me faire de mal. "Je n'ai pas divorcé parce que ça n'allait plus ou parce qu'il était violent... En vérité... C'est un psychopathe. Un psychopathe qui m'a... kidnappée, torturée et qui avait pour but à terme de m'assassiner." Ça a peut-être l'air froid dit comme ça mais il fallait que je le dise d'une traite parce que sinon je n'aurai pas réussis à le dire du tout. "Un calvaire. Alors... Tu connais mes parents. Ils ont flippé et ils ont eu beaucoup de mal à se remettre. Ils m'ont retrouvée... dans un sale état. Voila... Voila la vérité." Il avait tout à fait raison en disant que je ne lui avait pas tout dit.

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