Tout va peut-être changer...

Un café dans un salon de thé bondé avant de commencer un poste d'après-midi dans une université vidée de tous ses étudiants, quoi de mieux ? Meredith se laisse vivre, elle a beaucoup moins de travail entre Juin et Septembre, et ne s'en plaint pas tant que ça, bien que l'effervescence de l'hôpital lui manque cruellement. Elle recherche d'ailleurs toujours un poste qui pourrait se libérer, dans tous les hôpitaux d'Austin. Même dans l'un qui serait à l'autre bout de la ville et à une heure de son domicile en transports, elle est capable de tout accepter pour revenir à ce qu'elle aime tant !

Son sac d'affaires de travail sur l'épaule et vêtue d'une petite robe légère bleu marine, Meredith entre dans son salon de thé préféré. Il est évidemment bondé, étant donné que l'heure du déjeuner vient juste de se terminer et que pas mal de gens ont leurs petites habitudes après quatorze heures et avant de retourner à leur bureau. Heureusement pour l'infirmière, il reste une table près de la baie vitrée, un genre de comptoir haut. Personne ne s'y assoit en général parce que les sièges en hauteur ne sont pas vraiment pratiques, mais Meredith n'est en rien dérangée par cette configuration. Elle s'y dirige tout naturellement dès qu'on lui a donné son plateau composé d'un grand cappuccino et d'un muffin aux noisettes. Ce dernier posé sur la table, elle laisse choir son portefeuille ouvert sur la table et accroche son sac à main ainsi que son autre sac au dossier de sa chaise et s'installe. Tout en commençant à refermer son portefeuille pour le ranger dans son sac à main, Meredith remarque que le journal du jour se trouve non loin d'elle sur la table. Quelqu'un a dû l'oublier... Ni une ni deux, elle s'en saisit pour consulter les petites annonces, laissant alors de côté son portefeuille, qu'elle rangera plus tard. Il y a bien plus urgent !

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Tout va peut-être changer...

-Tu as bien fait pipi ?
-Oui maman !
-Sûr ?
-Mais puisque je te le dis…
-Ne réponds pas comme ça jeune homme ou alors on ne fait pas de sortie avec mamie Chelsea.
-Pardon maman…, Théo baissait la tête navrée et j’essayais de ne pas me laisser enjôler.

Si j’avais insisté autant c’est parce que je ne voulais pas me retrouver, comme à chaque fois à être obligée d’entrer dans un bar et consommer pour que Théo aille se vider la vessie parce qu’il n’avait pas pris ses précautions comme je le lui avais demandé puisqu’il était trop occupé avec ses jouets. On avait une longue après-midi devant nous pour lui trouver des nouveaux vêtements pas trop cher parce qu’il avait grandit à vue d’œil en quelques semaines. Et je ne comptais pas être interrompue dans notre programme avant l’heure du goûter.

On grimpait alors dans la voiture et après toutes les vérifications d’usage on allait chercher ma mère. Il était convenu qu’on passerait la prendre devant son immeuble.

-Théo…
-Non maman, je n’ai pas envie d’aller faire pipi…
-Profite tant que mamie n’est pas en bas, c’est ta chance…
-J’ai pas envie de faire pipi maman…
-Soit…

Les mains positionnées sur le volant, j’attendais donc maman avec le petit dans la voiture. Au bout de cinq minutes elle descendit en s’excusant de son retard puis quand elle fut attachée on démarrait. On roulait depuis une demi-heure quand Théo se plaignit d’une grosse douleur au ventre. Comme il n’avait jamais eu l’appendicite je me méfiais toujours mais il était clair que là il s’agissait juste d’une vessie pleine à craquer et peut-être de la plus grosse commission. Auquel cas, habitué ou non, il aurait pris sur lui pour aller faire pipi dans la nature ou contre un poteau, c’est moi qui vous le dit.

Passablement énervée je m’arrêtais devant un salon de thé et maman aidait le petit à sortir de la voiture, tandis que je tapais du pied, bras croisés, un sourcil arqué en guise d'impatience :

-Je vais avec lui, moi aussi j’ai une envie pressante.
-Y’en n’a pas un pour rattraper l’autre à ce que je vois ?
-Oh c’est bon, Kate, tu ne vas pas commencer…
-Mamie…, Théo se dandine d’un air désespéré en tirant sur son pantalon et c’est ainsi qu’ils me précèdent. Au moins ça me changerait des bars. Je levais les yeux au ciel. Est-ce que j’allais aussi devoir sévir là-dessus et aller aux WCs avec lui à chaque fois pour vérifier qu’il faisait bien ses besoins ? Même si je l’avais rendu assez autonome sur certaines choses je n’oubliais pas qu’il allait seulement vers ses 8 ans et qu’il n’était encore qu’un enfant.

J’entre dans le salon de thé et m’installe à côté d’une jeune femme pour consommer, maman ayant passé le message à la personne qui gérait l’établissement. Je commandais un Moka pour faire passer le temps, une bouteille d’eau pour réhydrater mon bambin et un thé glacé pour maman. Je règle et prends mon plateau et cherche une petite place où me mettre. Sans le vouloir je raccroche ce qui ressemble à une pièce d’identité. Je pose mon plateau sur la table pour le ramasser et ne rien renverser pendant l’action, et vais pour le rendre à sa propriétaire quand mon regard se porte sur le nom et prénom de la personne à qui il appartient :

-Mérédith Greenberg ?

Cela me rappelait vaguement quelque chose. Est-ce que c’était une amie d’enfance ? Je pose mon regard sur la jeune femme en lui tendant ses papiers et m’excuse :

-Désolée d’avoir fait tomber ceci, je pense que cela vous appartient…

Je lui souris sans réaliser encore. Il est probable qu’au son de sa voix, je me souvienne de quelque chose. Mais quoi ? C’est d’ailleurs en l’entendant parler que j’eus alors une révélation :

-Ah mais ce n'est vous qui avez appelé régulièrement à l’hôpital pour un poste ?

Lassée de ses appels, la standardiste avait profité à plusieurs reprises que je passe par là pour me refiler le combiner en sentant sa propre patience s’émousser. D’ailleurs je ne comprenais pas parce qu’elle s’était montrée super agréable au téléphone. Après, je comprends qu’au milieu des coups de fils des patients cela devait gêner mais on pouvait pas en vouloir aux gens d’être motivés à bosser non ?

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Tout va peut-être changer...

Rien de bien passionnant dans les petites annonces. Meredith garde néanmoins le sourire, parce qu'elle dispose de l'outil le plus pratique pour se divertir en cherchant du travail tout en prenant son cappuccino : Internet ! Au moment où elle se retourne pour prendre son smartphone dans son sac à main, elle sent un mouvement à côté d'elle, puis le bruit de quelque chose d'assez lourd qui atterrit au sol. Absolument pas inquiétée par l'objet en question, elle se retourne tout naturellement et en posant son regard sur la table, remarque que son portefeuille n'est plus là. En un dixième de seconde, son coeur se met à battre à tout rompre. Heureusement, ce n'est qu'une jeune femme à l'air sympathique qui l'a fait tomber, et qui est en train de le ramasser. Meredith lui sourit, mais en tendant la main pour le récupérer, prête à la remercier, elle arque l'un de ses sourcils. La jeune femme vient de lire son nom sur sa carte d'identité qu'on peut voir dans une pochette en transparence.

- Oui, c'est mon nom," répond Meredith, intriguée qu'une inconnue bute sur son nom de la sorte. "Merci," ajoute-t-elle en se détendant, à nouveau un sourire sur ses lèvres, quand la jeune femme lui redonne son bien. "Ce n'est pas grave !" la rassure-t-elle au passage.

Elle se penche à nouveau sur le dossier de sa chaise haute afin de ranger son portefeuilles dans son sac, mais l'inconnue lui pose une question qui la fait rire. Meredith termine sa tâche et lève son visage vers la jeune femme.

- Oui, ça doit être moi ! Aurais-je eu le plaisir de vous avoir en ligne ? s'enquiert-elle en se remettant assise correctement, son buste toujours tourné vers l'inconnue.

Avec tout ça, elle n'a même pas posé son smartphone sur la table, elle le tient toujours en main, prenant garde à ne pas le faire tomber. De cette hauteur, ça serait un malheur !

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Tout va peut-être changer...

D’ordinaire je n’aime pas me montrer indiscrète et il est vrai que j’aurais peu apprécié qu’on se permette de me faire remarquer qu’on avait lu mon identité si j’avais été à la place de la jeune femme. Si la femme m’avait invectivé je ne m’en serais pas formalisé. Mais au lieu de quoi, la demoiselle range son bien comme il faut dans son sac et je suis très heureuse d’avoir pu lui rendre service. Encore plus quand elle me confirme qu’il s’agissait bien d’elle.

-Je… Je peux m’installer face à vous quelques minutes ? Parce que oui, c’est bien moi qui vous ait répondu de temps en temps. Et surtout je ne voudrais pas bloquer l’accès aux gens. Je m’appelle Kathlyn, Kathlyn Espinosa. Si je m’attendais à ça ! Le monde est vraiment petit.

J’en rigole, parce que j’avais appris pas même une heure avant, par texto, une nouvelle qui devrait probablement lui faire plaisir. Je ne pouvais pas accéder à ses coordonnées pour la prévenir à cause de nos projets mais j’avais eu le temps de lire le message en attendant maman.

-Vous devriez poser ce que vous avez en main, c’est plus prudent, fis-je en avisant sa tablette.

Ce n’est pas que je tenais absolument à faire durer le suspens mais je savais que ce que je m’apprêtais à lui dire pouvait susciter un certain type de réaction, car je suis confrontée à ce genre de choses dans mon métier, quand on annonçait une bonne nouvelle, presque miraculeuse. Alors j’aimais autant qu’elle ne casse pas ses affaires à cause de la dite nouvelle que je m’apprêtais à lui annoncer.

Je souriais et j’avais vraiment hâte de lui dire. Je voulais faire cela dans les formes et ne pas tout gâcher. J’en étais presque à espérer que Théo ne reviendrait pas trop vite des toilettes avec maman pour être sûre d’avoir pu le faire jusqu’au bout et sans anicroche.

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Tout va peut-être changer...

Meredith aurait sérieusement pu manquer de chance et tomber sur quelqu'un qui ne lui aurait pas rendu son portefeuille. Ca arrive, on l'entend vraiment souvent. Là, sa journée aurait été désastreuse... Elle tient tellement à ses papiers, c'est stupide, mais s'en reprocurer est un réel parcours du combattant ! Elle range son portefeuille dans son sac à main et confirme son identité à la jeune femme qui lui a ramassé précédemment. Cette dernière lui demande si elle peut s'asseoir en face d'elle, et Meredith hoche la tête en se déplaçant un peu pour que la dénommée Kathlyn puisse s'installer sur la chaise à côté d'elle. Meredith se tourne un peu, de façon à lui faire face, oubliant momentanément son cappuccino qui est certainement en train de refroidir. Elle pose dans la foulée son smartphone juste à côté de son plateau, et reporte son attention sur la femme qui s'est installée par un heureux hasard.

- Enchantée ! Alors, vous êtes infirmière aussi ? s'enquiert à nouveau Meredith, contente de rencontrer l'une de ses collègues, même de façon indirecte. "Oui, le monde est vraiment petit, je m'en étonne chaque jour !" souligne-t-elle ensuite, en riant.

Meredith a l'impression que la jeune femme a quelque chose à lui annoncer, au vu de son air, mais elle ne s'avance pas plus que cela histoire de ne pas être déçue à la fin de cette entrevue. En tout cas, elle est sûre qu'avec un tel sourire, sa bonne humeur doit être communicative !

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 Je me pose sur la chaise à côté de la demoiselle, en faisant attention de ne rien renverser. Je ne suis pas du genre à beaucoup apprécier la proximité physique avec les gens, hormis avec mes patient(e)s et quelques rares personnes mais comme on s’est déjà parlé à plusieurs reprises cela n’avait pas le même effet que si cela avait été avec une parfaite inconnue. Et je suis trop excitée par la nouvelle. On aurait presque dit une imitation de Théo version féminine et adulte, ou une nana dans ces séries télé qui va annoncer à leur meilleure amie qu’elle va se marier, avec présentation de coudes et secouement de mains frénétiques à la clé. Il ne manquait plus que la voix de greluche.

Je jette un coup d’œil à son objet. Bien, il est, théoriquement hors de danger.

-Pareillement!

Je lui fais bien face et explique alors, les mains sur les genoux maintenant que mon plateau est en sûreté.

-Oui, je suis bien infirmière, à l’hôpital. Ma collègue au standard étant euh… Parfois débordée quand vous appeliez, m’a passé le relais puisque j’étais un peu plus disponible qu’elle…

Je m’en voulais de ce pieux mensonge, mais je ne voulais pas que la nouvelle que j’allais lui annoncer soit douchée en lui disant la vérité sur la standardiste excédée par tant de motivation en moments de rushs.

-Je n’avais pas vos coordonnées et je ne l’ai appris que très récemment, mais je pense que vous êtes la première au courant…

Je lui tendais même mon téléphone :

-Un poste s’est libéré… Je ne le savais pas, mais l’une d’entre nous est partie en retraite anticipée visiblement. Alors… N’attendez pas… Téléphonez-leur déjà pour un nouveau premier contact. Dîtes que vous appelez de la part de Kathlyn Espinosa. Ils savent que je ne leur enverrais pas n’importe qui… Si ça peut vous donner un coup de pouce ?

Je ne savais pas dans quoi je me lançais, j’espérais ne pas engager ma réputation et le regretter par la suite, mais au fond de moi, je pressentais que la jeune femme voulait vraiment ce job. Il n’y avait qu’à voir les fois où je l’avais au bout du fil. Elle a un abord facile. Et là, de visu, également. C’est une qualité à égale importance pour moi, avec la motivation dans ce métier. Bref, elle m’avait fait bonne impression. Elle présentait bien et semblait sincèrement chaleureuse. C’est ce qu’on attendait en générale d'une infirmière. Pour ce qui était des compétences, seul le chef d’établissement pourra se faire une idée. Je lui souris. Je voulais savoir si elle allait décrocher le poste et son entretien. Je lui souris, me montrant confiante.

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Meredith ressent à peine la gêne d'avoir peut-être trop occupé la ligne des infirmières du plus gros hôpital public d'Austin. Elle n'y peut rien : si les petites annonces mettent du temps à apparaître, un possible poste récemment libéré pourrait lui passer sous le nez.

- Oui, je suis désolée, j'ai tellement peur de manquer une opportunité que j'ai peut-être appelé un peu trop souvent... s'excuse quand même Meredith quand la dénommée Kathlyn lui explique qu'elle se souvient de ses appels.

Pendant que l'infirmière en face d'elle continue de lui parler, Meredith se détourne quelques instants et rapproche son plateau de son buste, pour se saisir de son cappuccino. Elle attrape aussi la cuillère dans la foulée et se met à la remuer, histoire de faire refroidir le liquide brûlant. Elle n'est pas friande des boissons trop chaudes, mais si elle met trop de temps à ingérer son semblant de goûter, elle risque d'arriver en retard au travail.

- Mes coordonnées pour ? s'enquiert-elle, curieuse comme tout, en regardant son cappuccino histoire de ne pas faire une catastrophe.

Meredith tourne ensuite son visage vers Kathlyn, et manque de tomber à la renverse en entendant la nouvelle qu'elle attendait depuis longtemps. Instantanément, un immense sourire étire ses fines lèvres. Elle se maîtrise du mieux qu'elle peut mais ne parvient pas à cacher la joie qui transparaît dans sa voix lorsqu'elle répond :

- Sérieusement ?! Oh je... MERCI ?!

Elle s'exclame sans même le vouloir, ses gestes deviennent plus tremblants. L'excitation de peut-être pouvoir retourner travailler dans un hôpital l'enchante tellement !

- Je me retiens de vous serrer dans mes bras. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous suis reconnaissante ! Quelle chance de vous avoir croisée par hasard... déclare Meredith, dans un soupir de soulagement. "Je vais appeler dans l'heure, mais cette fois j'espère que les ressources humaines me proposeront directement d'envoyer mon CV !" ajoute-t-elle en riant, désormais bien plus détendue, en posant sa cuillère et en se saisissant de son muffin. "Je ne vais pas m'éterniser, alors, si j'ai ce coup de fil à passer !" dit Meredith avant de mordre dans son gâteau aux noisettes.

Elle ne va pas donner tout de suite sa lettre de démission à l'université, elle doit d'abord s'assurer avant tout qu'elle a une place ailleurs. Peut-être qu'il y a aussi une place nouvellement disponible dans d'autres hôpitaux de la ville, qui sait ? Meredith se sent gonflée à bloc, elle aime son métier mais elle aime le pratiquer en hôpital. Le milieu scolaire, c'était juste "en attendant"...

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Je comprenais bien la jeune femme. Moi aussi, la première fois que j’avais espéré trouver un travail dans mon secteur d’activité, j’avais fait montre d’une grande motivation. Sauf que j’avais eu plus de chance que la demoiselle en attrapant un poste "au vol". J'avais été au bon endroit, au bon moment comme on dit.

Je n’ai pas à donner plus de précision quant à ses coordonnées, elle reçoit bien vite la réponse et je m’attends à assister à un éclatement de joie et me prépare psychologiquement à recevoir un câlin d’une inconnue. Hors celle-ci, malgré son excitation, s’en tient, à mon grand soulagement à la formulation orale. Quelque part, en dedans, je me réjouissais tellement pour la personne que j’en avais autant envie qu’elle, mais que je me retrouvais sans savoir quoi faire ou comment me comporter. Ce genre de gestes affectueux, je les réservais pour des personnes bien particulières, et je n’étais vraiment pas à l’aise pour leur exprimer clairement à haute voix.

-Ne me remerciez pas… Trouver du travail ce n’est pas toujours facile. Surtout le trouver là où on le veut. Et euh… Merci de vous être retenue de me serrer… Ce n'est pas contre vous… Je ne suis juste pas à l’aise avec ça… Mais je suis vraiment ravie pour vous…

Je ris un peu avec elle, parce que sa joie était communicative et que cela me faisait toujours du bien d'annoncer une bonne nouvelle du genre :

-Ils ont surtout intérêt à vous prendre en entretien et plus… Je croiserai les doigts pour vous…

J’appréciais l’énergie dont elle débordait. Je me dépêchais de sortir un petit papier de mon sac et un stylo pour lui donner mon numéro :

-Vous voudriez bien me dire si vous avez eu la place ? Je sais que cela ne me regarde pas…

Je suis un peu gênée, mais je pose le papier sur la table, sur une surface propre.

-Vous faites comme vous voulez…, après tout rien ne l’y obligeait et j’estimais qu’elle ne me devait absolument rien. C’était un simple service rendu à un être humain par un autre être humain.

Je vois Théo arriver avec sa grand-mère au loin et s’avancer vers nous. Je suis contente d’avoir pu délivrer mon message avant et je fais un signe de la main pour qu’ils me repèrent. Dans toute cette histoire, je n’avais encore rien bu de mon côté.

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Meredith sent qu'effectivement, la dénommée Kathlyn a l'air ravie pour elle. C'est une véritable aubaine qu'elles se soient croisées ! Meredith n'est pas habituée à une telle chance, et elle sent qu'elle ne devrait pas s'y faire. Juste au cas où la réalité ne prendrait pas l'allure de cette bonne nouvelle pour l'infirmière...

- C'est vraiment gentil, Kathlyn ! fait Meredith, après avoir mâché sa première bouchée de muffin, quand cette première lui dit qu'elle va croiser les doigts pour elle.

Elle l'observe quelques secondes écrire quelque chose sur un papier, et comprend qu'il s'agit de son numéro quand elle le lui dépose à côté de son plateau, sur la table. Meredith hoche la tête dans un grand sourire, d'une part parce qu'elle a la bouche pleine, mais d'autre part parce qu'elle sera enchantée de lui donner des nouvelles. De toutes manières, elles risquent d'être collègues à l'avenir, si Meredith obtient effectivement la place tant désirée !

Meredith termine rapidement de mâcher et lui répond :

- Pas de problème, je vous tiendrai au courant avec grand plaisir !

Elle se tourne dans la foulée très légèrement pour voir vers qui l'infirmière est en train d'agiter le bras, et remarque qu'une dame un peu plus âgée qui ressemble un peu à Kathlyn est en train de s'approcher d'elles. Consciente de dépasser les limites de la curiosité, Meredith reporte son attention sur son plateau, se saisissant du numéro de Kathlyn pour le glisser dans la coque de son smartphone.

- Je ne manquerai pas de vous appeler, commente-t-elle à nouveau en montrant son smartphone qui héberge désormais le petit papier.

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Tout va peut-être changer...

Je suis ravie qu’elle accepte ma proposition de me prévenir du résultat. D’autant plus qu’on serait probablement amenées à se croiser à l’avenir si la chance lui souriait. Je me promettais de suivre cela de prêt, ainsi que de l’aider à s’intégrer. Même si je n’ai aucun doute sur ses aptitudes à ce sujet. Mais au moins je pourrais lui éviter certains écueils auprès de certaines fouines. Parce qu’il y en a dans tous les corps de métier, malheureusement, et des gens prêt à mettre des bâtons dans les roues de peur de perdre leur propre place et le confort de leur statut.

-Cela ne vous dérange pas qu’on reste ici quelques instants, le temps de boire et manger nos consommations ? Après nous vous laissons tranquilles…

Je lui présente alors ma petite famille, du moins, une partie :

-Voici ma maman, et mon fils, Théo.
-Bonjour Madame!
-Enchantée, mademoiselle.

Une fois les formalités échangées, nous consommions sur place puis disparaissions rapidement, après avoir poliment pris congé, laissant la jeune femme dans son intimité pour aller vaquer à nos propres occupations. Le monde est parfois si petit…

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