Requiem for a Dream [ft. Albane], le Mer 23 Mai - 16:48
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Mer 23 Mai - 23:31
Requiem for a dream
ft. Elijah
Le bout de mes doigts frôle le bois lisse de l’antique cinéma. J’y imagine des milliers de spectateurs, effleurer, toucher, toucher et retoucher la latte de bois d’une main distraite. Ils sont nombreux, les fantômes qui hantent les lieux. Je peux facilement me les imaginer. Une famille de trois qui fait le pied de grue devant la salle numéro 2, le gamin qui trépigne sur place, le père en grande conversation avec le voisin d’à côté. Un couple enlacé s’appuyant sur le mur, un baiser volé, des rires étouffés. Des amis, des solitaires, des employés muets. Et puis, l’inexorable vieillesse salit les murs, les visiteurs sont de moins en moins présents. Le théâtre se drape dans son âge vénérable et les temps passent. Et puis, là, il y a nous. Il y a un homme probablement vêtu de noir, d’après ce que j’en sais, et une femme accrochée à son bras. L’un comme l’autre ignore le nom de son partenaire, il faudra encore un peu de temps pour qu’on révèle les patronymes. Le film se déroule dans ma tête, entrecoupé de l’imperfection des anciennes bandes, le son qui crachote, le grésillement par-dessus tout. Le film avance, les protagonistes aussi, poursuivis par le spectre des anciennes foules. Ils sont deux, et ils se connaissent à peine. Ils se mettent aussitôt à parler de choses qu’on ne révèle qu’à minuit passée, quand les gens ont fait place à leur double le plus vulnérable. Le plus honnête. Ils viennent de passer une heure, peut-être deux, dans la ville nocturne. Elle aussi, a laissé sa face sombre apparaître. Électrique, vibrante, plus vivante que jamais. Nos deux aventuriers s’enfoncent dans un bâtiment au nom grandiose. Ils poursuivent des pirates imaginaires et ont en main une carte aux trésors déchirée. Ils ne savent pas très bien ce qu’ils cherchent, quoiqu’ils en aient une petite idée. Des souvenirs d’une enfance inventée. Ils s’égarent dans une salle vide. Leurs pas sont étouffés par le tapis à leurs pieds. La suite de l’action, elle se découd un peu dans une proximité toute nouvelle. Toute naturelle, aussi. Ce soir-là, et les jours suivants, et les nuits qui se succèdent, ils se retrouvent dans leur petit monde à eux. Trafiquent des films pour leur bon plaisir, ou juste pour écouter. Écouter.
Et me voilà, à l’entrée d’un univers qui n’a rien perdu de sa magie. Seule. Ça fait longtemps que je n’ai plus vu mon acolyte. Les choses ont bougé, pas entre nous, mais à l’extérieur, et m’ont propulsée à gauche et à droite. Voyage précipité à Oslo pour y paraître devant une grande foule, concert à Budapest, Paris, et puis retour au pays pour y étudier ses cours. C’est la dernière année et la pression est d’autant plus forte qu’un jury m’attendra fin juin. Et ce n’est pas parce que j’ai côtoyé des orchestres du monde que le diplôme sera plus facile à acquérir. Je n’ai pas eu le temps de prévenir Elijah parce que, pour une raison bien inconnue, nous n’avons jamais échangé nos numéros. Il s’est donc passé quelques mois depuis notre dernier rendez-vous et je redoute quelque peu de le voir. Toutefois, je ne tergiverse pas plus que ça, et c’est d’un pas décidé que je m’engouffre dans notre salle.
Il est là. Je le sais à la seconde où mon être passe la porte. En témoigne le mouvement quelques mètres plus loin, d’ailleurs, et l’homme se précipite à ma rencontre. Il y a un sourire instinctif sur mes lèvres, et des questions dans ma tête. Comment vas-tu, depuis quand es-tu là, pourquoi à chaque fois que je pense à venir au Byzantium tu y es déjà, est-ce qu’on peut reprendre les choses là où on les a laissées ? « Je suis content de te voir, tu n’imagines même pas. » qu’il me souffle de sa voix, tout en redonnant une nouvelle vie à mon sourire. « Je peux essayer, du moins. Ça fait plaisir aussi. » J’ai l’impulsion de le serrer dans mes bras, mais mon élan est simultanément coupé par le sien qui nous emmène au centre de la pièce. Il ne doit pas encore avoir chipoté aux bandes de film, il n’y a que le silence entre nous. La tension monte dans ma poitrine à mesure que nous montons les marches. Et s’il m’en voulait ? Et si toutes journées sans nouvelles l’avaient dégoûté, et s’il n’était là que pour me faire prendre conscience que c’est la dernière fois ? Nous nous installons finalement à notre place habituelle, douzième rangée, huitième et neuvième siège. Mes mains sont moites sur mon jeans. « J’ai cru que plus jamais tu ne reviendrais, que tu délaissais cet endroit et que tu ne voulais plus me voir. Où étais-tu passée ? » Il y a malgré moi un rire hystérique qui part, et je le réprime dans un petit hoquet nerveux. « Où j’étais passée ? Partout ! Oslo ! Paris, Budapest ! » je raconte ça avec des étoiles dans les yeux, comme s’ils ne s’étaient pas brûlés à la splendeur du soleil depuis bien longtemps. « Tu veux que… que j’aille chercher de quoi grignoter et boire, peut-être ? » La honte me submerge un bref instant quand je me rends compte d’avoir totalement ignoré la première partie de ses paroles, qu’est-ce que je peux être bête… « Non, attends, attends un peu… Ca attendra. » J’essaie de lui prendre la main, ça cherche un peu mais on finit par y arriver. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé depuis tout ce temps, d’abord ? Je suis vraiment désolée de ne pas t’avoir contacté, il y a eu… tout un tas de choses qui ont fait que je me suis laissée emporter par le courant. Ça n’arrivera plus. Ou du moins, pas sans que je te prenne dans mes bagages. Et puis… je n’oserais pas te délaisser. Tu sais bien que nos moments manqueraient trop à nos vies à tous les deux. » Je lui sers les doigts doucement, en m’étonnant presque de l’audace. « Tu m’as manqué. »
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Jeu 24 Mai - 2:17
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Ven 1 Juin - 0:08
Requiem for a dream
ft. Elijah
Sa question vient rapidement, naturellement. « Des concerts ? Comment c’était ? » Je souris. Il n’a pas oublié le tourbillon dans lequel mes études vont me mener, évidemment. « C’était… magique. Intensément stressant mais exultant comme jamais. » Peut-être que je finirai par m’y habituer, à cette vie. Si seulement elle n’aspirait pas tout le reste… Elijah est sur le point de partir quand je le retiens par la main. Mon regard est vide, comme d’habitude, mort sur le siège rouge de devant ou sur l’écran géant. Mais je suis à peu près sûre que celui de l’homme s’y est plongé. Il le fait à chaque fois. Même si je ne lui ai jamais demandé pourquoi. « Tu me le promets ? » Mes doigts se serrent sur les siens. Hochement de tête, demi-sourire complice. Bien sûr. C’est ce genre de promesses muettes qu’on ne brise pas à moins de perdre une partie de soi. « Tu… Tu m’as manqué aussi. Je dois bien le reconnaître. Je crois que rien n’a jamais vraiment changé depuis que tu es partie. Je travaille toujours pour Jason, j’ai fait quelques rencontres mais souvent rien de bien intéressant. Puis toujours les mêmes soirées avec la bande de potes avec qui je traîne. » Au final, Eli et moi on parle peu des choses courantes de notre quotidien. Je sais qu’il a lâché des études à peine commencées. Qu’il a trouvé un emploi chez ce Jason, que ça ne tient pas tellement de place que ça dans sa vie. Qu’il est en coloc avec une autre femme. Qu’il a des tas et des tas de secrets qu’il me raconte à mi-mots, sans jamais les dévoiler, jamais rien de très concret. Du sale, de l’illégal, le chaos sous les manières froides. Et ce n’est pas plus mal. « Tu te rappelles lorsque je te disais que j’avais fait des choses plutôt mal à l’époque… Il semblerait que mon passé ait ressurgi plutôt que prévu et je ne saurais dire ce qu’il se passera par la suite. Il est revenu une fois, j’ai même failli perdre ma place à cause de ça et une seconde fois, il y a peu, un homme qui ne sait pas que je suis le responsable de son malheur. » Je baisse la tête, mords ma lèvre inférieure. Il y a des tas de questions dans ma tête. Elles fusent et se diffusent. Ça ne forme pas un fil cohérent à tirer d’un bout et dérouler jusqu’à l’autre. « Tu sais que je peux tout entendre… » que je murmure, avant de m’appuyer davantage contre lui. Sa peau a le parfum très distinct d’Elijah Fitzgerald, celui du confort de la salle de cinéma et des secrets et de l’irréalité et d’un tout improbable. « Laisse-moi deviner. » Mes doigts en jambes inventées remontent lentement le long de son torse. Je m’invente conteuse. « Tu viens… D’un sombre pays. Où la nuit ne fait place à son cousin le jour que quelques heures par semaine. » Ma voix a un velours fiévreux. « La population qui peuplait ton village d’enfance avait des masques sur le visage, de grands sabres à leur ceinture. Ils n’étaient pas méchants… Il fallait juste se défendre. Et tu t’es défendu. Tu as bataillé bec et ongle pour sauver les tiens. Avec le tranchant de la lame parfois, quand il le fallait. Tu as distribué dans les maisons ennemies les poisons de la grande sorcière du village. » Petite pause. Les drogues. Il m’a dit à un moment, qu’il avait baigné dedans. « Et… un beau jour, tu as décidé de partir. Tu as pris un sac de toile de jute et des petites pièces de bronze rondes dans ta poche, et ton sabre, et tu as quitté ce hameau. Mais le passé n’a de cesse de nous rattraper… » Je me tais. Cette histoire enfantine n’a pas tellement de sens, ou peut-être trop, ou peut-être est-elle à côté de la plaque. Je n’en sais rien. Je ne sais pas si elle fera écho en lui. « Tu peux tout me dire. » que je lui murmure, presque couchée sur lui. Mes doigts ont atteint son épaule et s’y accrochent délicatement. On est plus près l’un de l’autre qu’on ne l’a jamais été. Et ça fait du bien nom de dieu.
« Je veux tout savoir de toi Albane. Nous avons toute une nuit pour rattraper un mois déjà perdu. Nous n’avons plus de temps à perdre. » Son baiser cueille mon front avec délicatesse. Je soupire discrètement, plaisir et regret mêlés. Une nuit. C’est tellement immense et tellement insignifiant à la foi. « Que veux-tu savoir de moi ? » Que peut-il savoir de moi, c’est vrai ça. « Je suis… dans le noir. Trop vieille déjà il me semble. Aux portes d’un avenir inconnu. En manque. » En manque de lui, et de nos rendez-vous. Mes lèvres tardent à prononcer les mots suivants. « Et… Je suis… tout à toi. »
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Sam 9 Juin - 11:40
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Mar 19 Juin - 18:06
Requiem for a dream
ft. Elijah
Ma fable ne lui laisse pas le temps de répondre réellement, j’en ai bien peur. Malgré tout, j’espère quand même qu’il arrivera à rentrer dans cette histoire mystérieuse et métaphorique. Que ça l’aidera à me livrer ses secrets avec plus d’aisance – pas pour lui en soustraire quelconque information, au contraire. Peut-être pour apprendre à le connaître plus. Lui, tel qu’il est. « Eh bien, ce village, ce peuple masqué, avait des rivaux qui étaient sans masques, d’autres avec des masques vénitiens, d’autres des moitiés de masque… » Je le laisse me parler sans l’interrompre, les yeux sans doute portés sur l’écran de cinéma inerte, en sentant sa poitrine se soulever et s’abaisser lentement. Il est pareil à un conteur, en ce moment, et me raconte comment il a pris ses distances avec les siens. Mon cœur se serre à la fin du récit. L’homme d’affaire. La figure froide et calculatrice. C’est assez facilement que je peux me la représenter ; elle a toujours été perceptible chez Elijah, là, plus ou moins présente, refluée à mesure que les jours passaient, parfois dévoilée. Mais elle a toujours été là. Et ça m’a toujours été égal. La froideur, je la prends avec le reste de sa personnalité. Son passé, son empressement, sa vision des choses, ses erreurs, son écoute attentive, et tant d’autres choses. « Qu’est-ce qu’une personne pourrait faire de pire pour que tu ne veuilles plus la fréquenter ? » Je garde le silence quelques instants, en prenant le temps de réfléchir sérieusement à la question. Rien et tout en même temps. « Je n’sais pas trop. S’avilir aux règles de la société. Renoncer à soi-même. M’abandonner par lâcheté, je présume. M’annoncer qu’on a déjà brûlé un violon de ses mains propres. » que je finis sur un léger sourire. Concrètement, peu de choses peuvent m’éloigner de mes proches. Du moins veux-je m’en convaincre. Une part au fond de moi ricane, quand on sait avec quelle facilité j’ai pris mes distances avec ma famille pour une jalousie infondée. Quelle belle hypocrite je fais. Je secoue doucement la tête. C>« Les actes ont peu d’importance. Les tares que le monde accable n’ont pas toujours le sort qu’elles méritent. » Je ne sais pas exactement où mon discours me mène, même si celui d’Elijah tend clairement à me demander ce qui pourrait m’éloigner de lui. Comment l’assurer que ce n’est pas prêt à arriver ? « Eli… » je commence doucement, précautionneusement. « … Je ne pense pas que quoi que ce que tu ais fait puisse un jour dresser un mur entre nous, si c’est ce que tu veux demander. Peu importe quoi. » Les trois derniers mots sont prononcés avec suffisamment de conviction pour lui assurer que par peu importe quoi, j’inclue tout.
« Je me demandais… Il y a une manière de t’opérer ou quoi que ce soit pour que tu puisses voir de nouveau et t’émerveiller devant chaque aspect que le monde a à t’offrir. » qu’il me demande d’un ton léger, et ça m’arrache un petit rire qui évacue si tôt les dernières paroles. Je n’y réponds pas, cependant, parce que la réponse n’aurait pas été concrètement réalisable ou m’aurait donné envie envie de pleurer jusqu’au bout de la nuit. On se fait léser dans tous les cas. À la place, je lui balbutie quelques mots qui me tiennent à cœur depuis mon allée à Paris. Lui, j’ai envie de lui. Les nuits interminables et la confidence et le bien-être et tous les moments perdus à jamais dans le temps et la mémoire. Il ne répond pas tout de suite, et le myocarde a le temps de s’agiter de plus en plus vite, battre une marche qui ne lui est pas coutumière. Il s’écarte, il s’écarte, et ma main s’affole pour le garder près de moi. Mais ce n’est rien, il n’y a que ses doigts qui soulèvent délicatement mon menton. S’il posait sa main sur ma poitrine, il sentirait à quel point le tempo intérieur est rapide. Et puis, il y a ses lèvres contre les miennes, ma main qui se crispe légèrement sur son col. Ça ne dure pas bien longtemps et son front vient se poser contre le mien en chatouillant mon visage de son souffle. « Je… Je suis tout à toi aussi. Fais de moi ce que tu veux. » Les bouches s’emmêlent une fois de plus, et je me fais une joie de me montrer un peu plus passionnée. Ça y est, le cœur est rassuré, le voilà qui reprend sa place habituelle et se gonfle d’euphorie.
« Je suis prêt à changer pour être la personne qui te mérite réellement. » Pendant que ses baisers recouvrent ma peau, l’alarme se met à sonner dans ma tête, plus provoquées par ses paroles que par ses gestes – quoique j’y réponde avec la même envie par ailleurs. Changer, pour être la personne qui me mérite réellement ? Sait-il à quel point c’est insensé ? De quel droit pourrais-je changer les gens selon l’idée que je vaudrais plus qu’eux ? Les personnes qui m’accompagnent pour quelques jours, une poignée de semaines, des années, la vie entière, je les accueille dans ma vie en toute conscience. Elijah, ce n’est pas une sorte de démo que j’ai testée depuis quelques mois et que j’aimerais bien adopter pour de vrai, mais avec toutes les modifications qui s’imposent. Mes pensées sont éjectées pendant un moment de ma tête alors qu’il pose sa tête contre mon épaule. Mes bras l’entourent lentement, l’un serré contre sa taille, l’autre dans ses cheveux. Je lui murmure ma réponse au creux de l’oreille. « Non. Ne change pas. Pas pour moi. Celui avec qui j’ai passé tant de mois dans cette salle de cinéma est déjà celui qui m’emmène avec lui loin, très loin d’ici, et me fait voyager, et ça me suffit. Il était déjà celui-là lorsque je l’ai rencontré à l’université dans la salle de musique. » Silence à nouveau. Ma main descend le long de son torse et vient se nouer à l’autre, contre sa taille. « Si tu veux changer, fais-le pour toi. Fais-le parce que toi tu as envie de trouver quelque chose d’autre, quelque part. Et je t’aiderai avec plaisir. »
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Re: Requiem for a Dream [ft. Albane], le Mer 18 Juil - 23:54
HRP:
désolée du temps de réponse + de la longueur + du fait que c'est que du bla bla en majorité