Le début de matinée avait été plutôt mouvementé, à cause du marché hebdomadaire d’Austin, mais la tempête s’était ensuite calmée, laissant le temps à Sloan d’avancer dans son inventaire mensuel. Elle s’était mise en tête depuis plusieurs jours de changer le système de tri et de tout classer par taille désormais, plutôt que par style, mais cela lui prendrait un temps fou, d’où l’intérêt de continuer à y réfléchir.

La jeune femme encaisse une dame et la remercie d’un large sourire pour son achat. Retournant vers le fond de la boutique, elle n’entend pas tout de suite la sonnette qui retentit et est plutôt surprise par les pas qui approchent ensuite. Son regard se pose alors vers le client qui vient d’entrer et elle fait quelques pas en sa direction, prenant tout de même soin à ne pas lui donner l’impression qu’elle lui saute dessus. « Bonjour ! Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas. Le rayon homme est au fond à droite. »

Elle a été un peu vite en déduction. Sloan n’est pas du genre à réfléchir à deux fois avant de parler, ce qui lui cause parfois quelques désagréments. Pour ce coup-ci, heureusement, aucune conséquence dramatique. « Oh. » Son regard s’illumine à l’idée de pouvoir se rendre davantage utile et son sourire s’élargit. « Vous savez un peu ce que vous voulez ? » Elle lui fait signe de la suivre vers le rayon qu’elle juge le plus opportun. « Comment est votre amie ? Qu’est qu’elle aime ? » Ou peut-être qu’il ne veut pas d’aide d’ailleurs, mais il saura lui dire le cas échéant, non ? En attendant, Sloan est déjà en train de jeter un œil dans les rayons, fouillant pour voir s’il n’y aurait pas quelque chose qui lui ferait tilt. Mettre la charrue avant les bœufs, c’est tout elle. « Et ça dépend aussi de votre budget bien entendu. » Elle n’a pas encore osé lui demander de quel type d’amie il s’agit, mais de toute façon, ça ne la regarde vraiment pas. Elle et sa curiosité mal placée…

Sloan écoute son visiteur avec attention, notant mentalement tous les détails qu’il lui donne pour se faire une image mentale de la demoiselle. Son sourire s’élargit. Les détails qu’elle apprend par la même occasion sur son client lui plaise bien. Il doit être un homme bien pour faire un cadeau à une femme qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Détournant le regard, elle va un peu plus loin, et continue de farfouiller dans les différents vêtements avant que ça ne fasse tilt. « Je crois que j’ai ce qu’il faut ! » Elle cherche encore avant de sortir, le regard victorieux, une robe taille unique à manches longues, col en V aux motifs très colorés, un peu dans le genre hippie, avec une ceinture en faux cuir tressé au niveau de la taille. « C’est taille unique, donc vous ne risquez pas de la vexer. » Il est vrai qu’il a parlé d’accessoires et de foulards, mais quelle fille peut refuser une belle robe ? « Avec un bracelet doré ou un pendentif, ce sera absolument parfait. » Loin d’elle l’idée de vouloir augmenter la facture du jeune homme qui a peut-être un budget serré – bien que ce serait bien pour ses affaires de faire plus de ventes. Elle s’en va vers le comptoir où elle sort plusieurs bijoux peu onéreux qui feraient très bien l’affaire. « Elle a l’air d’être une femme formidable d’après ce que vous m’en dites. » Dit-elle au brun, sincère. Elle aurait rêvé pouvoir se vanter d’avoir construit des écoles au Pérou, mais elle n’aurait jamais tenu plus de deux jours.