Et j'étais là, à m'ennuyer derrière mon bureau, tapant machinalement tout un tas de paperasses sur mon ordinateur. Les étudiants en criminologie étaient en contrôle aujourd'hui, alors, pas question de m'incruster dans leur cours comme je le faisais si souvent. Moi, j'y allais pour apprendre des choses, pas pour me faire  juger sur une copie.

Bientôt dix-sept heures. J'allais pouvoir rentrer chez moi. Sauf que ce foutu téléphone se mit à sonner. Je poussais un soupir, agacée à l'idée de devoir donner un renseignement de dernière minute. J'avais à peine décroché que l'interlocuteur raccrocha brutalement sans dire un mot. Sans doute une erreur. J'enfilais mon mon manteau, et le téléphone sonna à nouveau. « Allo ? » Rien. Seulement une bruyante respiration qui faisait froid dans le dos. « Vous trouvez ça drôle? »   Lâchais-je hargneusement avant de raccrocher. Je remarquais alors une personne à l'entrée de l'accueil. Sans réfléchir, je la pris directement pour l'auteur des appels anonymes. « Ca va, tu t'amuses bien ?! »

Le brun jouait à l’idiot. Je n’étais tout de même pas folle. Il venait de raccrocher son portable et m’avouait même avoir connu mieux comme conversation. Mais… Il n’avait pas cet air joueur de quelqu’un qui venait de s’amuser. « J'comprends plus rien. » Finissais-je par dire, commençant à avoir des doutes. Mais si ça n’était pas lui qui m’appelait, alors qui ? Peut-être que les cours de crimino me rendaient paranoïaque… Dans tous les cas, je réglais son problème et ensuite je partirais sans attendre. Plus question de rester seule ici. « C’est urgent ? Très bien alors faisons vite ! » Je lançais des coups d’oeil furtifs sur la baie vitrée et la porte, par peur de voir quelqu’un surgir. « Alors dites moi, quelle est votre urgence ? Je suis assez pressée moi aussi. J’ai reçu des appels inquiétants, alors j’ai pas trop envie de trainer voyez vous. » Il allait me prendre pour une cinglée mais je ne faisais que dire la vérité. Peut-être qu’il ne s’agissait là que d’une blague finalement. Mais ne disait-on pas que l’on était jamais trop prudent ?

Arrêter ses études. Bon. Ca n’était pas si long à faire, rien que son nom à supprimer de la base de données, et le noter quelque part afin de préparer la paperasse à lui envoyer le lendemain. J’avais l’impression que mon ouïe s’était sur-développée et que j’entendais le moindre pas, la moindre porte qui claquait. Glaçant comme sensation. « Ok on y va ! » Lançais en me réinstallant rapidement à mon ordinateur. Par chance, je ne l’éteins jamais. On se passera donc du chargement interminable. « Votre nom ? » Demandais-je alors que j’avais lancé la page de la base de données de la fac. Il demandait des détails sur les appels. « Je sais pas trop si c’est une blague ou si il y a une réelle menace. On m’a appelée plusieurs fois et ça ne parlait pas. Ca respirait juste. Assez fort, pour que je puisse entendre. » Il proposait de me raccompagner. « Ma voiture est au parking alors il n’y aura pas beaucoup à marcher. Je veux bien, c’est vraiment sympa de votre part. » Je baissais les yeux, retenant un rire nerveux. « Désolée de vous avoir accusé à tort en tout cas. »