Ne me demandez pas pourquoi j'ai accepté de la revoir alors que finalement elle n'est pas le genre de filles que j'apprécie, à se donner à tout le monde tout en cachant ses vices sous des air de sainte-nitouche. Je crois tout simplement qu'elle m'a pris par les sentiments en me parlant de burgers. J'entre dans le bâtiment, poussant bien les portes et tournant la tête de droite à gauche pour la repérer. Elle était là, assise, seule avec sa solitude et ses hontes. Même pas un bonjour dans un premier temps, je me glisse sur la banquette et la fixe droit dans les yeux avec des poker face les plus réussies de l'histoire. Je reprends ma respiration. "Ca ne m'attend même pas en plus." lui dis-je en jetant un petit coup de menton vers sa boisson. Un serveur vient à moi et je lui commande le meilleur burger qu'ils ont avec un bon coca frais, et laisse Freyja commander par la suite. Je continue de la regarder. "Du coup, ça va? De quoi veux-tu qu'on parle? Que tu tentes de te faire mes potes même si tu ne savais pas que c'était mes potes ou que tu tentes de te taper tout le monde en général?" Je marque une petite pose. "Oui tu n'as rien fait, et tout ce que tu veux mais ça n'avait pas l'air de te déplaire qu'il se rapproche de toi et entre tes cuisses jusqu'à ce que je débarque. Ah là, tu as repris tes esprits." continuais-je sur un ton légèrement cassant avant de sourire au serveur qui me ramène ma boisson. Neutre. Paille dans la bouche, air naturellement blasé. Si je me prends son sirop dans la gueule, je ne serais même pas étonné.

Et c'est parti. Je laisse échapper un soupir dès le premier mot qu'elle prononce. Cette conversation risque d'être longue et je ne supporte pas être de mauvaise humeur en mangeant. Je l'écoute donc, ne laissant rien paraitre. C'est presque comme si ses paroles ne m'intéressaient guère. Du vent. C'est tout ce qu'il y a. "C'est bon? Tu as fini?" lui demandais-je. Question rhétorique. J'hausse les épaules et soupir une fois de plus. "Tu couches avec qui tu veux, je m'en fous. C'est ta vie, je ne vais pas te juger pour ça. C'est juste que je ne supporte pas qu'on me prenne pour un con. Je suis arrivé au mauvais moment? J'en suis navré. Wow. Mais ça m'a tout de même montré un aperçu de ta personnalité. C'est ça le côté mystérieux et ta face cachée? Je pensais que tu cachais plus de choses. Tu es juste comme le commun des mortels, que ce soit les mecs qui se font tout ce qui passent ou ces femmes qui veulent juste la même liberté." Je regarde le serveur revenir avec les burgers et fixe le sandwich des yeux. Même pas les yeux qui brillent avec cette venue. C'est pour vous dire à quel point ça commence à me pomper l'air et pourtant ce n'est que le début. Je repose mon regard sur la belle. "Je ne t'ai pas appelé car j'ai fait tourner une machine et j'avais oublié d'enlever le papier que tu m'as filé du coup j'ai pas pu déchiffrer les numéros." Elle pensera probablement que ce n'est qu'une excuse idiote mais ce n'est que la vérité. Je me racle la gorge avant de reprendre une gorgée de mon coca et de m'essuyer la bouche avec l'une des serviettes en papier. "Par contre, je n'apprécie pas le fait que tu parles mal de mon pote comme ça. Tu ne le connais pas et sa façon de parler ne change rien à l'intelligence qu'il a. Si tu te bases sur les apparences aussi... Ce n'est pas ma faute." Je prends une petite pause. Comment puis-je rester aussi calme et sentir mon sang bouillir? Ca me rappelle quelques souvenirs ça, tiens. "T'as eu la même impression de moi en voyant ma dégaine? Oui je parle bien mais j'ai l'air d'un mec qui craint non? Regarde mes accoutrements." lui dis-je avant de me faire craquer les doigts et de prendre le cheese en main et d'en prendre une bouchée. "Tu dois probablement penser que je suis comme les autres n'est-ce pas? Tu veux qu'on arrête tout après le burger ou tu veux refaire un essai?" Une simple question. Je veux juste mettre fin à cette conversation le plus rapidement possible et bouffer en paix. "Toute façon, tu peux te le faire maintenant si tu es désespérée et que tu n'as personne sous la main. Je m'en tape." Une autre bouchée avant d'avaler. "J'crois que tu m'intéressais un petit peu dans le fond et ça me faisait chier de te savoir avec quelqu'un d'autre. Non pas que je sois jaloux, loin de moi ce genre de sentiments mais je ne supporte pas la compétition... Parfois." continuais-je. Je bois une ou deux gorgées. "Je sais bien que ça n'explique en rien ma réaction et que oui, c'est lui qui a tenté mais tout de même. Tu ne parais pas aussi innocente que tu prétends." concluais-je. Pourtant ce côté pourrait me plaire mais j'aime les êtres purs. Ce n'est pas pour rien qu'Albane me plait autant. "Bref. Mangeons."

Je sens bien que la belle est à la limite du désespoir avec mes tirades et malgré sa question, je ne trouve rien à en dire. En quoi elle me prend pur un con? En me laissant croire que je l'intéresse un minimum et tenter de se laisser faire par un autre? Certes, nous ne sommes pas ensemble et plus j'y pense, plus je me dis que je ne pourrais pas la supporter en tant que tel mais peu importe. C'est comme si elle jouait avec moi alors que les choses ne sont pas concrètes. J'arque un sourcil avec de sourire en coin. "J'ai juste eu besoin à un moment de..?" Je t'en prie, dis moi tout ma chérie. Je serais ravi d'entendre tes excuses. Et je rigole, mais pas de ce genre de rire franc. Un rire qui se veut presque méchant dans le fond. Je ne réponds pas une fois de plus, mon rire en disait déjà long. Cependant, je ne savais pas qu'elle m'avait appelé. Ou si ça avait sonné, je n'étais pas dans les parages pour décrocher. D'autant plus que les numéros que je ne connais pas, je préfère les laisser. Je l'écoute me balancer des questions? Si c'est moi qui veux qu'elle se tape tout le monde? Qu'elle n'est pas si innocente... Je lève les yeux au ciel avant de soupirer. "Bon tu sais quoi? Je ne sais même plus ce que je dois penser de toi. Je suppose qu'on va la jouer en mode "on efface tout ça, je suis un con qui pense que tu vas voir à droite à gauche alors que je suis censé m'en moquer et on fait comme si de rien était". Quitte à reprendre du début même si ce n'est que le début déjà." répondis-je donc à un moment donné avant de continuer avec mon burger. Je suis en train de me prendre la tête avec elle pour rien. Littéralement. Je lui en veux de s'être plus ou moins laisser faire avec Aksel, je pardonne à Aksel car il a tenté mais il ne savait pas que sa voisine était une des filles qui m'intéressait et voilà que je me dispute presque avec cette dernière alors que finalement, elle ne compte en rien pour moi depuis que j'ai revu Albane. Je veux juste être pote avec, à la limite. Rien de plus. Tout en finissant le sandwich entre mes mains, je la regarde, toujours mon air blasé sur le visage. J'ai presque l'impression qu'on a fait le tour. J'attrape mon portable et regarde mes derniers appels et messages par curiosité. "Bon tant qu'on y est. On reste toujours sur le même programme? Maintenant que j'ai ton numéro, c'est plus facile pour qu'on s'organise je suppose. Parapente et burgers? J'espère qu'ils seront meilleurs que ceux là car oui, c'est bien fait maison mais ça manque de saveur." lui dis-je tentant d'esquisser un sourire amical sur mes lèvres. Je m'essuie les mains et bois quelques gorgées. "Ou dès que tu finis, on y va direct. On récupère deux ou trois affaires, ou alors on fait les magasins sur place et on trouvera bien des sacs pour les ranger. J'ai..." J'allais lui dire que j'ai ma moto comme je le dirais en tant normal mais j'oublie à chaque fois que maintenant je viens à pied à cause de l'accident que j'ai eu il y a quelques semaines de ça. "Bon en fait, on passera par mon appartement, je prends quelques affaires, j'irais prendre une moto en centre ville..." On dirait dit comme ça que je vais en voler une alors que je vais juste récupérer certaines économies pour m'en acheter une autre, bref. "Et pendant ce temps tu passes par chez toi prendre ce que tu veux et on y va? A moins que tu veuilles faire le tour de la ville à pied avec moi quitte à choisir notre moyen de locomotion pour qu'ensuite je t'amène chez toi et que tu prennes aussi deux ou trois babioles?" Je tente de faire comme si de rien était oui. Je crois que j'avais juste besoin de m'énerver un bon coup et cette petite histoire en était l'occasion.

Il semblerait que les choses ne se soient pas vraiment passes comme prévu. En un rien de temps, la jeune femme quitte sa place, me répondant sèchement et laissant même son burger presque intact. Je la regarde. C’est tout ce que je fais. Pas d’au revoir, pas même un merde. Il n’y a pas eu une façon de se saluer. Cette conversation n’est donc pas encore finie. Elle pense peut-être que je vais la rattraper mais ce serait mal me connaître. Je laisse échapper un soupir de désespoir et attrape son burger pour le finir. Ce serait gâcher et je n’aime pas ce genre de gaspillage. Je crois que si l’on se recroise un jour, les retrouvailles risquent d’être compliquée mais je n’y peux rien, moi si elle ne m’intéresse pas et qu’elle est légèrement susceptible sur les bords. Est-ce l’hôpital qui se fout de la charité ? C’est vous qui le dite, pas moi. Elle n’a même pas répondu à ma proposition de voyage. J’attends toujours dans le fond qu’on réalise les choses qu’on s’est plus ou moins promises mais à ce rythme, on n’est pas prêts de les réaliser. Cette histoire m’épuise. Se prendre la tête pour des broutilles. Je savais bien que c’était une mauvaise idée de tenter de s’intéresser aux gens. J’aurais dû continuer à m’en foutre royalement et à les envoyer boulet dès le moindre truc qui ne va. Mais ça ne fait rien. Je vais juste donc rester là, en compagnie de bonne nourriture jusqu’à que ma faim soit rassasié. Une après midi presque de perdue. Encore une fois.