Et j’étais là, à siroter mon mojito en compagnie de deux amies que je n’avais pas vu depuis longtemps. Comme d’habitude, nous nous retrouvions dans notre bar à ambiance favori, échangeant potins tout en sifflant une tonne de verres alcoolisés. Alors que nous parlions de la récente et immonde nouvelle coiffure d’une ennemie commune, je tournais la tête pour regarder la file d’attente au bar. J’avais bien envie d’un Cosmopolitan maintenant. Mon regard se mit à fixer soudainement un visage que je connaissais bien. Nell ?! Avec… Une charmante blonde ?! Mon sang ne fit qu’un tour et instantanément, j’eus envie de gâcher leur discussion, qui, au vu de leurs sourires, devait être bien agréable. « Et si on allait danser ? » Lançais-je à mes amies. Elles hochèrent la tête et se levèrent quasi directement. J’adorais donner des ordres. « Commencez sans moi, je vous rejoins dans deux minutes. Je vais aux toilettes. » Et évidemment, je me dirigeais vers mon professeur favori, prenant un air aussi choqué que triste, totalement surjoué. « Nell ! J’ai bien fait de te suivre ! Je savais que tu ne saurais jamais te tenir à carreau… Et dire que nous sommes fiancés depuis uniquement cinq jours... » Je plaçais une main sur mon visage, feignant l’émotion. Je me tournais enfin vers la blondasse. « Qui est-elle ? » Qu’elle s’en aille, c’était tout ce que je souhaitais, évidemment.

L’avantage d’être riche, c’est que vous plaisez encore plus aux demoiselles qui d’ordinaire s’arrête à votre côté bourré. L’avantage d’être libre après une période d’emprisonnement, c’est que vous commencez enfin à savoir comment vous voulez que le reste de votre vie se déroule. Voici la vie de Nell depuis ce début d’année. Après une période de dépression et une grosse déception amoureuse, ce dernier peut enfin rebondir correctement et autant dire qu’il en profite. Ce soir, c’est son deuxième rendez-vous avec une certaine Cynthia. Dans le fond, elle n’a pas toutes les qualités que le professeur recherche chez une femme et clairement, il pourrait trouver mieux, mais ça ne l’empêche pas de l’apprécier, surtout qu’ils ne sont pas encore passés à la vitesse supérieure. Ce soir, c’était un petit verre dans un bar et le français espère bien monter chez elle à la fin du rendez-vous, pour enfin concrétiser. C’était sans compter sur son étudiante préférée qui a décidé de tout gâcher la vilaine…

« Alvérize ? » Dit-il, bien surpris lorsqu’il croise son regard. Il s’étonne de ses propos. La dernière fois qu’ils s’étaient vus… Ça commence à remonter au final. Le parking de l’université peu après la libération de Nell. « T’es bourrée ? Parce que j’crois que tu me confonds avec ton copain… Ezekiel… » Il ne sait pas s'ils sont toujours ensemble ou quoi mais aux dernières nouvelles... Nell se retourne vers sa compagne du soir avant de lui expliquer : « Excuses moi, c’est une de mes étudiantes… » Il émet une grimace qui veut tout dire, bien que bienveillant envers Alvérize.

J’étais définitivement une garce, à bousiller le rendez-vous du professeur sans raison. Après tout, j’étais en couple et heureuse… Mais cette envie de challenge, que voulez-vous… Seulement, tout ne tournait pas comme je le voulais. Nell, malgré son étonnement, n’était absolument pas rentré dans mon jeu et n’avait pas hésité une seconde à me rappeler que j’avais un copain. Merde alors, je n’avais pas du tout prévu les choses ainsi. J’avais l’air stupide maintenant. « Quoi ? Mais non ! » Le pire c’est qu’il s’excusait auprès de la greluche, me présentant comme une simple étudiante. « Une étudiante avec qui il a eu une petite aventure… Enfin, il parait. » Murmurais-je à la femme, dans le but de la faire fuir. Je me tournais ensuite vers Nell. « Alors, ça se passe bien votre rencard ? A moins que ça soit ta cousine ? Je vous trouve un air un peu similaire. » Si il n’était pas entré dans mon jeu tant pis, je bousillerais son rendez vous quand même.

Nell commence à se demander sérieusement quelle mouche a piqué Alvérize. Elle ne s’est jamais conduite ainsi envers lui et d’ailleurs, elle a toujours été plutôt sympathique à son égard, bien que refusant ses avances lorsqu’elle en avait eu l’occasion la deuxième fois. « Alvérize… C’était il y a un an et demi. Il y a prescription depuis, tu sais… » Le professeur fronce les sourcils. Il n’a pas envie de se montrer désagréable loin de là, mais disons qu’il a refait sa vie sans l’attendre, ce qui parait logique. « Et aux dernières nouvelles, tu étais heureuse en couple. Je m’excuse si ce n’est plus le cas mais comme tu peux le voir, nous essayons de passer une bonne soirée là. » Son ton est ferme, sans être méchant, le ton qu’on prend avec un enfant qui ne veut pas écouter en soit. « Et oui, tout se passe bien. Ou en tout cas, se passait bien jusqu’à maintenant. » Nell attrape la main de sa conquête du jour, comme pour montrer la complicité et l’intimité présentes entre eux. Une façon de faire comprendre à l’étudiante qu’il préférait qu’elle s’en aille, si ce n’est pas trop demander…

Prescription ? Mon dieu Nell, à quoi joues-tu ? Il préférait vraiment passer cette soirée avec cette idiote plutôt qu’avec moi ? Oh, surement parce qu’elle, il allait pouvoir la ramener dans son lit. Tout semblait clair maintenant. « Si tu le dis. » Lançais-je, mon humeur changeant soudainement du tout au tout. Si il ne voulait pas entrer dans mon jeu, j’allais changer de stratégie. Je détestais que Nell me parle ainsi, je détestais encore plus le voir en compagnie d’une greluche à qui il faisait les yeux doux. J’eus comme envie de vomir lorsqu’il lui prit la main. Je levais les yeux au ciel. « Bien. Viens me retrouver quand elle t’aura montré tout l’étendu de son QI… Ca ne devrait pas être très long. » Je lui lançais un sourire coquin avant de les laisser seuls et de me poser non loin au comptoir, commandant un énième cocktail. Pas sure que la demoiselle soit encore d’humeur à passer une bonne soirée après ma remarque désagréable. Quelle peste j’étais...

Alvy semblait avoir gagner parce que dès qu’elle s’en alla, Nell eut à faire aux foudres de sa compagne de soirée qui visiblement, n’a pas apprécié de se faire insulter de la sorte. Ne lâchant pas sa main, Nell lui expliqua alors qu’elle n’avait pas à s’en faire, qu’il savait déjà à quoi s’en tenir la concernant et qu’il l’appréciait comme elle est. En gros, il ne réfuta pas un seul instant ce qu’avait pu dire l’étudiante, maladroit qu’il est. Et au bout d’une quinzaine de minutes de querelles, ce qui devait arriver arriva : sa partenaire quitta le lieu…

Nell s’enfile alors son verre cul sec, décidément énervé contre une certaine jeune femme qu’il va aller rejoindre mais pas pour les raisons qu’elle pense. « Ça t’amuse de pourrir ma vie ? Tu penses sérieusement que je n’ai pas assez souffert comme ça avec la prison et tout ? » Elle l’avait vu au plus mal sur le parking de l’université et il lui avait parlé ce jour là. Avait-elle tout oublié ? « J’me suis fait briser le cœur en plus de ça depuis alors t’avais sérieusement pas besoin d’en rajouter ! » Il est furieux et ne s’en cache pas. « Si t’es pas heureuse avec ton mec, c’est pas mon problème. T’aurais pu avoir ta chance avec moi si tu l’avais voulu… T’as préféré l’autre débile… Maintenant t’assume et tu me laisses vivre ma vie. »

Mes amies étaient tellement pompettes et bien entourées sur la piste de danse qu’elles n’avaient même pas remarqué mon absence. Quant à Nell et l’idiote, ils semblaient se prendre la tête, et je savourais le spectacle en sirotant mon verre. Une fois partie, Nell but un verre cul sec et vint me rejoindre. Je baissais les yeux vers mon verre presque vide, l’air innocent. Et voila qu’il me criait dessus. Je levais les yeux au ciel. Oui, j’avais agit comme une gamine, et alors ? Il n’allait pas l’épouser cette femme après tout. « Voyons Nell, tu mérites quand même mieux que ce genre de femme…Tu me remercieras un jour crois moi. » Il parlait de s’être fait briser le cœur. Je l’ignorais. « Désolée » Lachais-je d’un ton faussement détaché. Mais Nell était réellement en colère et j’allais avoir du mal à me faire pardonner, du moins j’en avais l’impression. « Rho Nell le prend pas comme ça… Je voulais juste m’amuser… » Petite moue de chien battue, normalement irrésistible mais qui j’en étais sure n’aurait pas l’effet escompté ce soir. « Si tu veux tout savoir… Ca m’a rendue verte de jalousie de te voir avec elle… »

« Qu’est-ce que t’en sais de ce que je mérite ? Etre seul c’est mieux tu crois ? » Cette situation le met quelque peu hors de lui, sans pour autant qu’il se montre agressif. Il a juste l’impression d’avoir une grosse gamine en face de lui et pas cette femme qui l’avait séduit, qu’il avait adoré. Il se sent tellement seul en ce moment, surtout avec le départ d’Avalon pour un grand voyage en Europe. Alors certes, ce n’était peut-être pas la femme de sa vie, mais en attendant, il passait un bon moment, et c’est tout ce qu’il demandait. « Tu veux que je le prennes comment sérieux ? » Elle aurait pu s’amuser avec tous les hommes de ce bar, et même jouer avec des inconnus si elle en avait envie, mais non, il avait fallu que ce soit lui qu’elle vienne voir… Il devait forcément y avoir une autre raison et Nell manque de s’étouffer lorsqu’elle lui dit la fameuse raison. C’est incompréhensible, ça n’a pas de sens. « Je ne te comprends vraiment pas Alvérize ! » Il l’avait déjà dit, mais elle avait choisi un autre que lui, quelqu’un de plus bête certes, mais quelqu’un de son âge, de plus adéquat que le professeur. « Donc moi, ça fait un an et demi que j’ai le droit de rien dire mais toi, tu peux tout te permettre ? » Il tourne la tête de droite à gauche, n’en revenant pas d’être dans cette situation. « Bah écoute, puisque tu as réussi à gâcher ma soirée, viens, on peut coucher ensemble désormais… » Ce n’est pas une véritable proposition, plus une forme de provocation pour montrer à la jeune femme que ce qu’elle a fait ne mène à rien, puisqu’elle ne voudra jamais plus…

« Mieux vaut être seul que mal accompagné, oui. » J’haussais les épaules, persuadée de détenir là la vérité absolue. Nell s’énervait vraiment pour un rien. C’est bon quoi, il n’avait qu’à se dégoter une autre poule après tout. Il pouvait coucher avec qui il voulait, c’était une évidence, alors pourquoi se prendre la tête pour si peu ? Il ne me comprenait pas. Forcément, les hommes ne comprennent jamais rien aux femmes ! « Mais je ne te demande pas de me comprendre Nell. » On avait vraiment l’air d’un couple en train de se quereller devant tout le monde et je craignais fort que mes amies m’aperçoivent en conversation aussi sérieuse avec un professeur. Je ne me faisais pas d’illusion, elles étaient aussi mesquines que moi et seraient tout à fait capable d’en toucher un mot à Eze… A moins que je les menace suffisamment pour qu’elles aient trop peur de le faire… « J’ai été sage pendant trop longtemps, il fallait bien que mes vieux démons ressortent… » Je me mis à rire, bien que la situation ne le fasse pas rire du tout de son côté. Peu importe. J’hallucinais presque en entendant sa proposition. « Arrête… J’en meurs d’envie mais tu sais bien que je ne peux pas. » [/b]

« Bah excuses moi mais moi, j’en ai marre d’être seul ! J’en ai marre que les soirées soient longues et sans but. » Comme si c’étaient de vraies excuses. Evidemment que non. Qui est-elle pour choisir à sa place s’il doit rester seul toute sa vie. Elle l’exaspère et pour autant, c’est cette flamme qui lui a toujours plu chez l’étudiante dès le départ. Dans le fond, le véritable problème, c’est son mec… « C’est bien, ça fait au moins marrer quelqu’un… » Et pour autant, il a bien ce qu’il attend depuis le départ : un refus de sa part. C’était prévisible, alors la question continue à rester en suspens : pourquoi lui gâcher la soirée ? C’est bien décidé, il va en faire de même. Il n’a plus rien à perdre de toute façon dans la vie puisqu’on lui a déjà tout pris. La plupart de ses amis se sont éloignés suite à son incarcération. Les femmes, n’en parlons pas. La vie sentimentale de Nell n’a jamais été plus au point mort qu’aujourd’hui… Alors, il s’approche d’elle et lui passe une main dans le dos. Elle a voulu jouer… Elle va le regretter… Il n’est pas méchant pour un sou pourtant, mais ce soir, il en a vraiment marre d’avoir une vie de merde ! Il s’approche d’elle et lui impose un baiser, pas juste un simple smack, non, plus intime. Et si on les voit, tant pis. Il est prêt à se prendre un coup de poing par son étudiant si besoin… Mais bon, il n’est sans doute pas là étant donné qu’Alvérize est venue voir Nell…

Spoiler:

Je réalisais là que le mal être de Nell était peut-être plus profond que ce que je pensais. Avec tous les bruits ayant couru sur lui, son procès et ses histoires compliquées, construire quelque chose avec quelqu’un semblait impossible. Je ne comprenais même pas. Nell était… L’homme parfait, après Ezekiel. J’étais toujours surprise de ne jamais le voir sérieusement aux bras d’une femme. « Je suis désolée Nell… » J’haussais les épaules. « Si tu veux, j’irais m’excuser auprès de la fille et plaider ta cause. » Quelques mots doux et elle devrait revenir non ? Sauf qu’en fait, Nell semblait avoir une toute autre idée en tête. Je me sentis instantanément frémir lorsqu’il posa sa main sur mon dos. En revanche, je n’avais pas vu le baiser arriver. Son audace se mêlait à mon envie. Je ne le repoussais pas… Du moins pas avant de réaliser que nous n’étions pas seuls dans cet endroit. « Nell… Arrête… C’est mal. » Je lançais ces mots en reprenant mon souffle, sans réellement les penser. Comment pouvais-je aimer véritablement Eze et avoir follement envie de Nell ? « Tu veux qu’on aille ailleurs ? Dans un endroit plus tranquille ? » La balle était dans son camp désormais.

« Il est trop tard pour être désolée malheureusement. » Il dit cela d’un ton un peu glacial. C’est ce qu’il essaye de lui faire comprendre depuis tout à l’heure mais qu’elle ne semblait pas vouloir assimiler. « Le mal est fait… » Manière de dire qu’elle ne pourra jamais rattraper le coup avec sa conquête de la soirée. Pourtant, c’était si bien parti… Et le voilà qui se met à l’embrasser, histoire qu’elle se sente aussi mal que lui, ou peut-être juste pour enfin avoir l’impression de ne plus être seul. « Aussi mal que ce que tu fais depuis tout à l’heure… » Il la regarde droit dans les yeux. Il ne sait plus quoi penser de cette femme. C’est surtout lui qui est différent et qui ne se sent pas particulièrement bien. Elle était au courant de tout depuis le début après sa sortie de prison. Ils ont partagé de si bons moments ensemble, et pourtant, cela semble loin derrière eux, comme un lointain mirage. Il hoche bientôt la tête. Il ne sait pas ce qu’ils vont faire dans cet endroit tranquille mais en fait, même si c’est juste pour parler, ce sera déjà ça. Il est à la fois en colère contre elle et heureux qu’elle soit là. Etrange paradoxe…

Ils vont dehors, dans un coin isolé. Il fait légèrement froid mais Nell s’en contrefiche. « Tu vas me dire la vérité sur pourquoi est-ce que t’as agi ainsi ? » Il demande d’un coup, d’un ton bien plus aimable, cherchant juste à avoir une véritable discussion cette fois. Il aurait pu la plaquer contre le mur extérieur du bâtiment mais il a bien compris qu’il ne vaudrait mieux pas, en tout cas pour l’instant.

Oui le mal était fait et finalement je ne le regrettais pas autant que ça. Au fond, je me foutais éperdument de cette femme et de ce qu’ils partageaient le temps de cette soirée. Je l’avais évincée et maintenant, Nell pouvait concentrer toute son attention sur moi. Mais il m’en donnait un peu trop d’attention, justement. Ce baiser était de trop même si il avait été merveilleux et inattendu. « J’ai toujours été comme ça, tu le sais très bien.» J’aimais pas respecter les règles ou la morale. Et vu notre aventure passée, Nell non plus. Je voulais juste m’amuser un peu. Par contre lui, il cherchait à se venger et à passer sa colère sur moi. Je me demandais si il ne s’agissait d’une vengeance uniquement motivée par mon comportement de ce soir, ou si elle était aussi un peu liée au fait que j’ai un jour préféré Ezekiel à lui.

Je lui avais proposé d’aller ailleurs. Finalement, nous n’étions pas allés bien loin : l’extérieur du bar, tout simplement. Je poussais un soupir d’agacement suite à sa question. « J’en sais rien Nell, j’en sais rien ! » Je baissais les yeux, soudainement un peu honteuse. J’avais vraiment agi comme une gamine finalement. J’avais abandonné mes amies pour me donner en spectacle devant une inconnue et un professeur qui de base, n’était rien censé représenter pour moi. « Peut-être que… Je sais pas, tu me rappelles cette période de ma vie ou j’étais libre de tout et où aucun de mes agissements n’avaient de l’importance. » J’haussais les épaules. Il se contenterait de ça. J’avais pas envie d’entrer dans un débat philosophique, pas à cette heure ci en tout cas.

Une fois dehors, Nell en est à se demander ce qu’il fout là. Est-ce que c’est son côté professeur pédagogue qui le pousse à agir de la sorte et à ne pas profiter de la situation ? Il pense à son élève, Ezekiel. Il l’aime bien et n’a aucune envie d’entrer en mauvais termes avec lui mais dans cette histoire, ce n’est pas la première personne qu’il a peur de blesser. Non, c’est lui-même qu’il doit protéger. « Si tu as envie d’être libre, redeviens célibataire… Ou je sais pas, devenez un couple libertin… » Après tout, l’étudiant avec qui elle sort n’a-t-il pas une réputation de séducteur collectionneur de femmes ? Ils pourraient peut-être trouver un arrangement, même si ce n’est aucunement les affaires du français. « Mais je ne veux pas me retrouver au milieu de tout cela ! D’autant plus que ton mec est un de mes meilleurs joueurs… » Oui, ça compte quand le doyen vous met autant la pression pour gagner les matchs tous les ans. « J’peux pas Alvérize ! Je ne peux juste pas être un pion que tu bouges quand ça t’arrange. De un, je mérite beaucoup mieux et de deux, j’ai beaucoup trop souffert pour revivre ça. » Il est sérieux. Et à vrai dire, il ne l’a jamais été autant. Pourtant, cela lui coûte de dire de telles paroles à une aussi belle jeune femme pour qui il a énormément de désir et de tendresse. En vérité, il aurait donné bien des choses pour l’avoir une nuit de plus dans ses bras mais est-ce réellement ce qu’il cherche au fond, un truc sans lendemain ?

Redevenir célibataire ? Pas question. J’avais trouvé en Ezekiel un alter ego, un mec avec exactement le même caractère insouciant et déconneur que le mien. On se comprenait tout le temps, en un mot, en un regard. Et jamais je ne pourrais laisser tomber ça. Evidemment on avait des hauts et des bas, mais c’était propre à chaque couple. Quant à l’idée du couple libertin… Je n’étais pas réellement partante en fait. « C’est pas si simple. » Rien n’est simple lorsqu’il est question de sentiments. J’haussais les épaules en entendant Nell complimenter Eze. « C’est vrai qu’il est génial. » Alors pourquoi tout ça finalement ? Il était peut-être temps que je grandisse un peu. « Je suis d’accord, tu ne mérites pas ça. » Il fallait penser à lui aussi. Je n’étais pas la seule dans l’histoire, et au final, tout ça n’amusait absolument plus du tout Nell. Le bon vieux temps était révolu. « Passe une bonne soirée alors! » Lançais-je dans l’optique d’aller retrouver mes amies, l’espoir qu’il m’empêche de partir ne quittant pourtant pas mon esprit.   

Ces paroles. Tout ceci laisse Nell sans voix. Il aurait aimé qu’elle lui dise plein de choses, qu’elle lui fasse comprendre que finalement, elle préfère être avec lui qu’avec Ezekiel mais il n’y a que dans les films que les choses finissent ainsi. Tout ce qu’il a envie, c’est d’être aimé. Peu importe par qui ? C’est à se demander. Son cœur se serre en tout cas, alors que la jeune femme ne semble plus du tout vouloir se battre pour lui comme ça avait été le cas dans le passé. « Très bien. » Se contente-t-il de répondre avec une grande pointe de déception dans la voix. Il baisse les yeux, incapable d’affronter le regard de cette beauté suprême. Il la laisse s’éloigner, sans relever la tête et s’adosse contre le mur. Des larmes pourraient facilement couler le long de ses joues mais bien trop ont coulé pour que cela soit encore possible. Il attend une bonne demi-heure dehors, en espérant qu’elle pourrait peut-être revenir vers lui. Mais rien… Alors, il reprend sa voiture en direction de chez lui et c’est difficilement qu’il trouve le sommeil.