Gabriel n'a rien contre les tatouages, loin de là. C'est juste que ce n'est pas quelque chose pour lui, voilà tout. L'idée même d'une aiguille qui lui transperce la peau des centaines de fois pour y laisser des pigments indélébiles est suffisante pour lui donner la chair de poule.

Mais s'il pousse la porte du salon Cosmos Tattoo aujourd'hui, ce n'est pas pour lui. Son fils, qui aurait pourtant pu se faire tatouer sans rien dire à personne, lui a demander son autorisation et Gabriel n'a pas pu lui dire non. Il n'a aucune raison légitime pour ça, et puis comme l'anniversaire du petit (plus si petit que ça, d'ailleurs, le temps passe tellement vite...) arrive à grand pas, il se dit que ça pourrait faire un beau cadeau. Mais pour ça, il faut trouver le bon salon, le bon tatoueur, et Gabriel compte bien se renseigner au maximum. Hors de question que son fils se retrouve avec un gribouillis raté sur le bras.

Il explique rapidement la raison de sa venue au réceptionniste, tatoué de la tête au pied, qui lui dit que tous les artistes sont occupés pour le moment, mais que le patron a bientôt terminé et viendra le voir pour discuter dès qu'il le pourra. En attendant, il s'installe sur un fauteuil en cuir très confortable dans la petite salle d'attente, feuilletant les différents books pour jeter un coup d’œil aux diverses réalisations des tatoueurs. Le travail est remarquable en tout point, que ce soit au niveau des lignes, des couleurs, des ombres... Gabriel a un bon feeling.

Gabriel n'y connait pas grand chose à l'art, ne se considère même pas comme un amateur mais... quand c'est beau, c'est beau, et certains tatouages dans les books qu'il est en train de feuilleter sont de véritables chef d’œuvres. Ce n'est pas le premier salon qu'il visite, mais ça sera certainement le dernier. Il a hâte de dire à son fils qu'il a trouvé le salon idéal. Il est en train de contempler la photo d'un tattoo géométrique très complexe et travaillé quand une voix plus ou moins familière l'interpelle. Par son prénom, qui plus est.

ll relève la tête, les sourcils froncés, et ses yeux s'ouvrent de manière presque comique quand il réalise qui se tient juste devant lui. Fatalement, ça devait bien arriver un jour ou l'autre, Austin est une grande ville mais c'est pas New York non plus, mais... Gabriel ne s'y attendait vraiment pas, et il est un peu désarçonné. "C'est pas pour moi, en fait," finit-il quand même par répondre en haussant les épaules. Il ne sait pas trop quoi dire, ni quoi faire. Ryoichi et lui ne sont pas amis, ne se connaissent même pas. Ils ont juste eu la malchance de coucher ensemble le jour où son ex-femme est rentrée plus tôt que prévue d'un séminaire, et Gabriel ne l'a pas revu depuis. Ça fait vraiment bizarre, de tomber nez à nez avec la personne indirectement responsable de son divorce, même si Gabe sait qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même, en vrai. Prenant une grande inspiration, il décide d'être un adulte responsable et de porter ses couilles comme un grand. Il referme délicatement le livre, le pose sur la table avant de se lever et de faire un pas en avant pour tendre la main à son amant d'un soir. "Comment ça va, Ryoichi?" demande-t-il en observant le tatouage tout frais sur les côtés du jeune homme, il faut bien l'admettre, terriblement bien fait de sa personne. "Toi par contre, on dirait bien que c'est ton truc," fait-il avec le sourire.

Gabriel soupire longuement en secouant la tête. Certes, c'est pas ce que Ryo a dit, et c'est lui qui a fait sa propre interprétation mais quand même. Il ne se rappelle pas avoir été si sûr de sa personne, à la limite de l'arrogance, quand il avait son âge. Quoique... A 25 ans, il était joueur pro et plus riche qu'un homme ne devrait l'être, et même s'il aime penser qu'il avait les pieds sur terre et la tête sur les épaules, il était sûrement un petit con à l'ego surdimensionné. Donc Ryo n'a rien à se reprocher, en fin de compte. "Mouais. Le physique c'est quand même un peu important," finit-il par répondre, parce que même s'il n'a pas de goûts particulièrement définis et arrêté, si la personne en face ne lui plait pas, y'a pas moyen pour lui, c'est comme ça.

Il se rend bien compte qu'à part leurs prénoms respectifs, ils ne savent rien l'un de l'autre, comme en témoigne la question du jeune homme. "Il a 18 ans, il vient de rentrer à l'université..." La différence d'âge est moins choquante entre Ryoichi et son fils qu'entre Ryoichi et lui. Il grimace un peu. Est-ce que ça fait de lui un vieux pervers dégueulasse?

Ryo l'invite à aller prendre un verre, en tout bien tout honneur et sa manière de le préciser lui arrache un sourire. "J'ai une visite à 17 heures mais..." Il jette un coup d'oeil à sa montre, et hausse les épaules. Il a largement le temps. "Laisse-moi juste poser quelques questions au patron et on peut y aller."

Le patron, qui vient tout juste de finir le tatouage de Ryo, répond à toutes ses questions de bonne grâce. Satisfait, Gabriel lui serre la main avant de se retourner vers son... comment l'appeler, d'ailleurs? Contentons-bous d'ami pour le moment, même si ce n'est pas tout à fait adéquat. "Où est-ce qu'on va?"

Encore heureux que chacun a ses critères qui lui sont propres, parce que si tout le monde devait aimer tout le monde, ça serait bien triste et fade. Du moment que les critères se limitent aux préférences personnelles et ne versent pas dans la pure discrimination, cela va sans dire.

Gabriel est surpris lorsque Ryo lui pose des questions sur son fils. Quoique ça parait logique qu'il soit curieux, puisqu'ils ne savent quasiment rien l'un de l'autre, à part peut-être leur anatomie respective. "Il est pas encore tout à fait décidé, il a encore le temps. Pas facile de décider ce qu'on va faire du reste de sa vie quand on est si jeune..." Quoiqu'il est toujours possible de changer, quand on en a l'envie et les moyens. Et les moyens, Gabriel les a largement.

Gabriel pose toutes les questions qu'il a à poser au patron du salon, et rejoint son ami à l'extérieur. Ryo lui propose un bar qu'il connait, et il hausse les épaules. Il peut faire confiance à un professionnel pour savoir où aller prendre un verre, non? Le silence est un peu gênant, du moins pour sa part, alors il prend les devant pour briser la glace. "Alors... quoi de neuf depuis tout ce temps?" demande-t-il. Question un peu bateau mais il est tout de même curieux d'entendre la réponse, d'en apprendre un peu plus sur le barman qui a indirectement changé sa vie.

C'est un peu paradoxal parce que 18 ans, c'est le passage à l'âge adulte, c'est le temps de l'indépendance et des responsabilités qui commencent... Et pourtant, si ça ne tenait qu'à lui, Gabe garderait son fils à la maison pour toujours. Il a beau devenir un homme, à ses yeux de papa, il restera toujours son bébé. "Va lui dire ça, toi..." grommelle-t-il dans sa barbe impeccablement taillée. "Il attendait que ça, de commencer la fac. Il veut se prendre un petit appart à côté du campus mais je sais pas si c'est une bonne idée." C'est pas une question d'argent, Gabriel et son ex-femme peuvent largement de permettre de louer un petit quelque chose pour leur fils, d'autant plus qu'ils connaissent tous les bons plans de par leur métier, mais est-ce seulement nécessaire alors qu'ils habitent dans la même ville?

Vient alors l'heure un peu gênante des questions terriblement banales mais ô combien nécessaires, après des mois, voire même des années sans se revoir. "Bah... je suis toujours agent immobilier. Et j'ai divorcé." Peut-être que Ryoichi s'en doutait. Après tout, il est un peu l'élément déclencheur, même si ce n'est pas sa faute. "Ça a été dur au début, et ma fille m'en veut toujours, mais c'était sûrement la meilleure chose à faire. Au moins, maintenant je vis plus dans le mensonge. C'est un poids en moins sur ma conscience." Wow. Gabriel n'aurait jamais pensé en dire autant, mais s'il ne peut pas raconter ça à Ryo, alors à qui il pourrait bien le dire?

C'est à la fois irritant et marrant, cette façon qu'a Ryoichi d'analyser ses paroles et de prodiguer des conseils sur comment éduquer un enfant, du haut de ses 25 piges. "Merci pour cette belle leçon de vie, Oprah Winfrey," ironise-t-il. "Je sais bien que je dois le laisser vivre sa vie, je dis juste qu'il faut pas non plus qu'il se jette du nid avant de savoir voler." Il a pas envie de ramasser son fils à la petite cuillère. Mais il le fera, si ça doit arriver, bien évidemment. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses enfants?

Gabriel lève machinalement sa main pour la regarder, quand Ryo mentionne son alliance. Même après tout ce temps, ça lui fait quand même bizarre de plus l'avoir au doigt. "C'est pas toi qui a trompé ta femme et fait exploser ta famille, c'est moi. T'as rien à te reprocher, encore moins à t'excuser. Et bien sûr que j'ai tenté d'en parler à ma fille mais bon, c'est un ado, c'est déjà pas une période facile à vivre en temps normal du coup c'est encore pire pour elle. Ça passera avec le temps. Enfin j'espère." Si son ex et son fils ont réussi à lui pardonner et à avancer, il n'y a pas de raison que la petite n'y arrive pas non plus. En attendant, c'est lui le fautif et tout ce qu'il peut faire, c'est serrer les dents et être patient.

Ils s'installent après ce qui lui semble une éternité à regarder Ryo saluer tout le monde, et Gabriel commande une bière pression. Les cocktails et autres trucs sucrés, très peu pour lui, et il est un peu tôt pour les alcools un peu plus forts. Le barman, lui, se prend une limonade et ça lui fait esquisser un sourire. Il suppose qu'à force de passer ses soirées et nuits autour de l'alcool, ça n'a plus aucun attrait pour lui. "Bois pas trop vite, pas que ça te monte à la tête," plaisante-t-il. Humour de papa...

Gabriel ouvre la bouche, hésite un instant avant de la refermer. Il n'est pas certain si Ryoichi est sérieux ou s'il se paye sa tête. Il l'observe avec attention pendant quelques secondes et rien n'indique que le jeune homme ne se moque de lui. C'est assez perturbant, cette façon qu'il a de tout prendre au pied de la lettre. "Oui enfin... Certains apprennent à voler, d'autres s'écrasent au sol. Pas franchement envie de voir ce que ça donnerait avec mon fils, même s'il va bien falloir s'il continue de s'entêter." Il tient bien de sa mère, pas de doute... Quoique Gabriel n'est pas en reste, quand il s'agit d'avoir un petit caractère.

Ryo ne ne souvient pas de comment c'était pour lui, à cet âge, du fait de son accident. Gabriel ne peut pas s'empêcher d'avoir mal au coeur pour lui et en même temps... C'est peut-être pas plus mal. Une sorte de mécanisme de défense de son cerveau pour lui empêcher trop de souffrance? C'est ce qu'ils disent souvent dans les livres et les films, est-ce que ça se passe vraiment comme ça dans la vraie vie? Aucune idée.

Gabe se sent immédiatement idiot et honteux quand Ryo lui explique qu'il ne peut pas boire d'alcool, après sa blague stupide. "Je suis désolé, j'aurais pas dû dire ça. Tu prends... des antidépresseurs ou des trucs du genre?" Peut-être qu'il n'est pas censé demander, mais ils sont là pour apprendre à se connaitre un peu mieux, et c'est Ryo qui a abordé le sujet en premier après tout.

C'est vrai que le fiston ne risque pas grand chose, à part peut-être l'humiliation de devoir revenir à la maison la queue entre les jambes. Mais Gabriel ne peut pas s'empêcher d'être inquiet et de s'imaginer le pire. Reste que Ryo a raison. "Je suis sûrement trop protecteur, et j'ai pas non plus envie de l’étouffer, mais... Ouais, c'est pas facile. Mais on parle beaucoup lui et moi, il me connait et sait comment je suis." Bizarrement, ils sont encore plus proches depuis le divorce, et le soutien, l'amour indéfectible de son aîné vaut tout l'or du monde à ses yeux.

Fort heureusement, Ryo ne lui tient pas rigueur de sa lourdeur et de son indélicatesse. Gabriel a la fâcheuse tendance à mettre les pieds dans le plat quand il ne faut pas, et aujourd'hui ne fait pas exception. Le barman lui parle alors de son traitement assez lourd, et s'ils avaient évoqué l'accident de Ryo à l'époque, Gabe n'avait pas saisi la sévérité de la situation. "C'est vraiment terrible..." Il ne sait pas quoi dire. Si sa vie a connu des hauts très haut et des bas très bas, il est très heureux d'avoir une santé de cheval. "J'espère qu'un jour, tu parviendras à te débarrasser des douleurs et des cauchemars." C'est un peu idiot à dire, mais c'est la vérité, et Gabriel est on ne peut plus sincère.

Il aimerait aider mais ne sait pas comment s'y prendre, ni même si c'est réellement possible. A part lui proposer un appart bon marché adapté à ses revenus, et être son ami en lui prêtant une oreille attentive s'il a besoin de parler... "Si tu as besoin de quoique ce soit..."

Alors là... Avouer ses craintes à ses enfants, Gabriel en est tout bonnement incapable. Courir le risque que ses deux amours le voient comme moins qu'un superhéros? C'est juste impensable. Même si d'un côté, il est quand même un minimum lucide et conscient du fait que ses enfants ne sont pas stupides et aveugles et se rendent bien compte de ses moindres failles et faiblesses... Mais lui, de son côté, préfère ne rien montrer, faire semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes en toutes circonstances. Il veut se montrer fort, solide, inébranlable devant les siens. Un peu arrogant et vaniteux, Gabriel? Peut-être bien...

Il écoute attentivement Ryo lui raconter les circonstances de son accident avec plus de détails. Gabe est à la fois horrifié de ce qu'il entend, et aussi impressionné par cette façon qu'a le jeune homme d'affronter le problème de cette manière, de faire face envers et contre tout. "Et ben... moi qui pensait avoir eu une vie rocambolesque, tu me bas à plate couture!" Mais Gabriel n'est pas jaloux, loin de là. Son histoire est peut-être moins excitante mais au moins, il n'a pas perdu tous ses souvenirs et sa famille en même temps. Même si Ryo ne se rappelle plus d'eux et ne semble pas réellement souffrir de cette absence. Enfin... C'est peut-être un mécanisme de défense, il n'en sait rien.

Il semblerait que Ryo ne soit pas dans le besoin, loin de là, mais Gabriel peut quand même être un ami pour lui. Sans famille, même celle dont on ne se souvient pas, la solitude doit parfois être pesante. "Oh ben mieux vaut ça que d'être en pleurs constants, je pense. Chacun vit les choses et le deuil à sa façon. Et puis... pour le reste de ta famille, quelque part, d'après ce que tu me dis, c'est peut-être pas plus mal que tu n'aies plus de contact avec eux. Après, la famille ça s'arrête pas avec le sang. Celle qu'on se choisit est parfois bien plus belle que celle qu'on a déjà."

Ça peut paraître un peu étrange, à première vue, de ne pas ressentir le manque de sa famille, mais quand on n'a aucun souvenir d'eux, c'est somme toute assez logique. Et Gabriel a déjà entendu suffisamment d'histoire horrible en tant qu'agent immobilier pour savoir que Ryoichi est loin d'être un monstre. "Un vrai monstre ne se poserait même pas la question. Le fait même que ça te travaille un peu, ça montre bien que tu reste humain comme nous tous." Un humain capable du pire comme du meilleur. Probablement du meilleur. C'est le côté optimiste de Gabe, ça.

Ryo se met alors à lui poser quelques questions et il ne sait pas vraiment quoi répondre. "Euh... A vrai dire, à part quelques histoires sans lendemain, pas grand chose de mon côté. Les premiers mois, je les ai passés à essayer de recoller les morceaux avec ma famille et de me concentrer sur ma vie professionnelle. Après, vis à vis de mon ex, j'ai pas voulu y aller trop vite non plus. Ce qui est con, parce que j'avais pas trop de scrupules à la tromper avant..." Mais le fait que tout ait éclaté au grand jour, que la vérité soit enfin connue... Gabriel a tenté de faire les choses bien, d'être un homme correct à nouveau. "Mon fils essaye de me recaser par tous les moyens mais je vois bien que ma fille a encore du mal donc je sais pas trop sur quel pied danser pour le moment. Je prends les choses comme elles viennent, on verra bien pour la suite." De toute manière, il n'y a que ça à faire pour le moment. Vivre au jour le jour, c'est bien moins stressant que de tout planifier dans les moindres détails et déchanter quand les choses ne se déroulent pas comme prévu.

Ces longs mois d'introspection lui ont fait du bien, c'est sûr. Ça l'a aidé à se retrouver lui-même, à redéfinir ses priorités pour pouvoir avancer, aller de l'avant. Ça n'a pas été facile tous les jours, ça ne l'est toujours pas, mais au moins il n'a plus l'impression d'être un monstre qui mène une double vie. "Oui, pas facile quand tu es athèlte pro, puis tu te maries et tu fais de enfants parce que c'est ce que la société attend de toi, et après il est trop tard pour faire marche-arrière. Non pas que je regrette, j'adore mon ex et j'aime mes enfants plus que tout au monde mais parfois je me demande ce qu'aurais été ma vie si j'étais né un peu plus tard." La nouvelle génération semble bien plus ouverte, même s'il y a toujours des connards partout. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain, malheureusement.

Gabriel hoche la tête quand Ryo évoque la réaction de son fils. En revanche, pour sa fille, il se plante en beauté. "Non, non. C'est pas le fait que j'aime les hommes qui la dérange tant que ça. C'est une grande fan de Rupaul Drag Race et je suis tombé sur certaines fanfictions qu'elle lit et euh... Non, c'est clairement pas le problème. C'est juste qu'on formait une famille unie et que j'ai tout foutu en l'air. J'ai trahi sa mère, elle a beaucoup de mal avec ça. Ça passera avec le temps, enfin j'espère. On verra bien."

Gab hoche les épaules, puis prend une grande gorgée de sa bière. Même après tout ce temps, pas facile de parler de ces choses-là. "Bon, si on parlait d'autre chose?" suggère-t-il avec un sourire, pour montrer à Ryo qu'il n'est pas fâché ni rien, mais qu'il préfèrerait quand même passer à un autre sujet.

Refaire le monde, ça serait drôlement tenter, parfois... Malheureusement (ou heureusement, ça dépend de l'avis de chacun) il faut savoir se contenter de ce que l'on a déjà. Gabriel s'estime chanceux malgré tout. Il adore ses enfants et la seule chose qu'il regrette réellement, c'est de les avoir blessés en agissant comme un idiot. Mais ce qui est fait est fait, on ne change pas le passé. Le plus important, maintenant, c'est d'aller de l'avant. Se concentrer sur le présent, préparer l'avenir. Ryo a l'air d'être du même avis que lui; le temps guérit les blessures, et sa fille finira par le pardonner.

"Comment ça, il se passe rien dans ta vie pour être raconté? J'y crois pas une seule seconde!" C'est vrai quoi, le mec a 25 piges, est mignon comme tout et travaille comme barman dans plusieurs bars branchés de la ville. Si lui a une vie ennuyante, c'est foutu pour le reste d'entre eux.

Ryo l'invite alors à passer chez lui, et Gabriel se demande l'espace d'un instant s'il a une idée derrière la tête... Mais il regarde sa montre et grimace. "J'ai une visite dans pas très longtemps, je crains de ne pas vraiment avoir le temps là tout de suite..." C'est que la vente du maison a presque 800.000 dollars peut lui rapporter gros, donc c'est plutôt dans son intérêt de la vendre le plus vite possible. "Mais je vais te laisser mon numéro et on se prévoit ça pour une prochaine fois, ok?"