Zeus est installé à la terrasse d’un café. Les brins du soleil viennent doucement caresser ses mèches blondes et il ne se lasse pas de ce fait bienfaiteur. C’est apaisant, la chaleur. Nul doute qu’à l’Olympe, les températures ne sont pas aussi clémentes. Régulièrement, il ferme les yeux avant de lever la tête vers le ciel. C’est doux, c’est agréable, comme les caresses de sa maitresse de cette nuit. Il n’a pas beaucoup dormi d’ailleurs, mais il a l’habitude alors le réveil n’a pas été particulièrement difficile. Comme toujours, il a fait les meilleurs placements, trouvé les meilleures affaires boursières pour ses clients et amassé une tonne de fric. C’est tout ce que lui demande son employeur en même temps et ça tombe bien car il est très doué en trading. La bourse n’a plus aucun secret pour lui et ce, depuis qu’il est tout gamin.

Il regarde sa montre. Sa pause déjeuner a commencé il y a un bon moment maintenant, mais il a encore du temps devant lui. Ce n’est pas comme s’il avait de réels horaires à respecter de toute manière, du moment que le boulot est fait… C’est juste qu’il n’aime pas finir trop tard le soir, ayant bien d’autres occupations de fin de journée. Dans un sourire, il lève une énième fois la tête vers le soleil pour profiter. Il ne voit pas arriver la jeune femme et ce n’est que la chaleur bouillonnante sur sa peau, brûlante même, qui le sort de ses pensées. « AHHHHHH ! » Ce cri est plus fort que lui, sortant du plus profond de ses entrailles. Il saute d’un pied sur l’autre, comme si cela allait enlever de la douleur du café renversé.

« Par tous mes frères ! » Lance-t-il plus pour lui-même qu’autre chose, faisant ainsi référence aux autres dieux. Zeus a envie de crier, hurler et les grimaces qui s’accumulent sur son visage le montre bien. Que fait ? Il ne peut décidemment pas se mettre en boxer devant tout ce monde, bien que ce soit clairement ce qu’il a envie de faire. Les excuses de la jeune femme sont bien jolies mais n’enlèvent malheureusement pas la douleur. Heureusement, il pourrait tout pardonner à une jolie demoiselle, d’un seul regard. Bientôt, il ne tient plus et court en direction des toilettes. Là, il peut enlever son pantalon pour déposer de l’eau froide. Que cela fait du bien. Il soupire de soulagement à plusieurs reprises. Un homme le regarde bizarrement et pousse la porte pour sortir des toilettes quand Zeus l’interpelle. « La femme dehors, avec les cheveux roses, dites lui de m’attendre s’il vous plait ! » Avec tout ça, elle lui a parlé et il n’a même pas répondu. Ce n’est pas très poli, pas très respectueux non plus. Bref, pas dans les habitudes de notre protagoniste.

Au bout de cinq minutes, après des grandes coulées d’eau froide, l’homme va mieux. Son pantalon et sa chemise ne ressemblent plus à rien, mais c’est le cadet de ses soucis en réalité. Le principal est que son corps aille bien, ainsi que son esprit évidemment. Il peut alors retourner à sa place en terrasse où il retrouve la femme colorée. « Vous m’avez fait une sacrée peur, vous savez ? » Après tout, les brulures ne sont pas toujours superficielles malheureusement. « Je crois que vous allez devoir m’offrir un nouveau verre. Avec tout cela, j’ai renversé le mien. » Il a un sourire qui se veut charmant, un ton plutôt calme. Il ne lui en voudra pas si elle refuse. Il a juste envie qu’elle reste un peu plus longtemps, comme à chaque fois qu’il croise une belle demoiselle.

La jeune femme n’a en effet pas l’air très réveillé et cela ne manque pas de faire sourire Zeus. Il est bon vivant, plutôt de bonne humeur en général aussi. « Je vais bénir le ciel que votre lit vous ait malmené cette nuit dans ce cas. » Dit-il d’un ton malin. Il se plait à imaginer les pieds du lit de la jeune femme s’éveiller comme des êtres vivants et se déplacer pour la réveiller par à-coups. C’est assez drôle comme vision des choses ! Bientôt, elle arrive avec les boissons et Zeus hoche de la tête quand elle lui demande où est-ce qu’ils s’installent. Il s’assied. « Du coup, ce n’était même pas un coup de drague ? Quel dommage ! » Qu’est-ce qu’il ne dirait pas, ce petit… Il préfère charmer que d’être charmé en général, mais un peu de temps en temps ne fait de mal à personne. « Zeus. » Dit-il de son plus charmant sourire en tendant sa main vers la demoiselle, en espérant qu’elle se présentera à son tour. Il n’est pas rancunier pour le café, préférant profiter de ce que cette rencontre pourrait avoir à lui offrir.

Zeus fronce les sourcils à cette réflexion, mais n’a pas le temps de bien comprendre que la demoiselle est partie. Le temps qu’elle revienne, il est déjà passé à autre chose. « Si vous n’aviez pas eu la tête ailleurs, n’auriez-vous pas prêté attention à ma personne ? » Demande-t-il afin de savoir s’il est homme susceptible de l’intéresser, ou pas du tout. Quelle que soit la réponse, cela ne l’ébranlera pas car lui-même sait qu’il peut très bien faire changer d’avis une femme qui ne l’avait pas remarqué jusque là.

La suite des événements lui plait bien mieux, pour une fois qu’il n’a pas besoin de préciser qui il est. « Tout à fait. Je ne sais malheureusement pas où en est mon frère aujourd’hui. » Aucun souvenir de lui d’ailleurs. Si seulement les autres pouvaient se manifester, afin qu’ils puissent faire des réunions de famille sur cette Terre. Zeus émet un rictus déçu, bien que sa bonne humeur n’en soit pas entachée pour autant. « Vous savez, je tache d’être un homme parmi tant d’autres en soit. » dit-il d’une fausse modestie qu’il serait difficile de ne pas remarquer.

« Ma chère Alexis donc. » Il prend une petite pause avant de reprendre. « A quoi passez-vous votre temps lorsque vous n’ébouillantez pas vos confrères ? » Un large sourire vient se figer sur le visage du brun, bien curieux d’en savoir plus sur la créature qui est face à lui.

Zeus fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle veut dire par là. Ne voulant pas trop montrer son embarras, il embraye immédiatement sur autre chose, se disant qu’il aura peut-être des éclaircissements au fil de la discussion, pourvu que celle-ci dure un minimum de temps.

Le blondinet hoche la tête et sourit. Son petit clin d’œil lui fait du baume au cœur qui bat instantanément plus vite. Il écoute jusqu’au bout, sans interrompre son interlocutrice. « Ma vie n’a rien de passionnante à vrai dire. » Fausse modestie ? Il vaut mieux qu’il taise toutes ces choses qui rendent ses journées si uniques à ses yeux. « Je travaille dans la finance la journée. Le soir, je m’occupe d’un night club. » Rien à voir ces deux activités mais cela reflète bien les multiples facettes de notre protagoniste. « Sinon, je me promène, je discute avec les gens, je lis, je regarde la télévision. Enfin, un peu comme tout le monde, quoi. » Il hausse les épaules. Il estime qu’il s’est bien assez révélé comme cela et qu’il est temps qu’il revienne sur les propos de sa partenaire.

« Donc un chat et une vieille demeure. » Oublions le bon ami. Il ne fait jamais bon parler d’un autre homme que soi-même lorsqu’on cherche à faire la connaissance d’une charmante demoiselle. « J’ai quelques talents en bricolage si vous avez besoin. » Enchérit-il aussitôt. Il aimerait pouvoir se vanter d’avoir fait un voyage humanitaire où il a construit des maisons pour le plus démunis mais le mensonge est loin d’être un art qu’il maitrise à la perfection. « Mais là où vous m’intéressez le plus, c’est par rapport à votre galerie ! Je suis un grand passionné d’art. Quel type d’œuvres souhaiteriez-vous y exposer ? » Il connait pas mal de monde d’ailleurs dans le milieu, se met-il à penser. Peut-être que si son projet lui plait, il lui proposera de la mettre en contact avec les bonnes personnes.

« Avec plaisir ! C’est le Lipstick, dans Downtown. » Il ne refuse jamais des clients, Zeus. Il s’en fiche aussi si les gens n’aiment pas son club. Le lieu n’est pas spécialement à son image mais il l’aime tout particulièrement. Ce n’était qu’un investissement à la base, mais c’est vite devenu bien plus que cela, une manière de rendre les Austiniens heureux, dans un lieu qui appartient à tous. « Un peu de tout et de rien. Beaucoup de conneries. » Il n’aime pas ce mot, conneries. Il ne l’a jamais trouvé très séduisant mais il ne trouve rien qui puisse le remplacer convenablement. « Il faut dire que c’est souvent pour éviter le silence. » Il aime le silence pourtant. Il aime pouvoir se concentrer, Zeus, et laisser vaquer son esprit. Néanmoins, il y a des fois, où il n’aime pas être seul dans son grand penthouse. C’est dans ces moments là que la télévision devient sa meilleure amie. Il pourrait avoir un animal de compagnie mais soyons honnête, il n’est pas assez présent pour rendre un être vivant sur 4 pattes heureux. « J’aime lire sur la mythologie. » Pas étonnant quand on connait ses origines de dieux. « sur l’histoire en général ou des biographies. Je suis assez terre à terre et ai du mal à me projeter dans des choses qui sortent trop de l’ordinaire. » Il se confie comme s’il connaissait la jeune femme depuis des années. Il faut dire qu’il est ainsi, le blond, un livre ouvert. Il se demande si elle aussi aime la télévision et la lecture, mais il part sur un autre type de conversation finalement.

« Ces femmes qui veulent toujours faire tout toute seules, me surprendront toujours. » Dans le bon sens du terme, bien évidemment. Il les admire pour tout dire. Il serait bien féministe à ses heures perdues. Il garde son petit sourire parfait et bientôt, il aborde la galerie. Il aime ce qu’il entend et confirme d’un signe de la tête. « J’assiste à de nombreuses expositions pour tout dire et il n’est pas rare que je fasses l’acquisition de quelques œuvres. Mon appartement en est rempli d’ailleurs. » Des plus connus au moins connus des artistes, Zeus fonctionne essentiellement au coup de cœur, quand ce n’est pas juste pour aider son prochain à devenir connu, ou à finir les fins de mois. « Je suis particulièrement sensible à l’art pictural, que ce soit du dessin, de la peinture ou bien de la photographie. J’aime découvrir ce qui vient du cœur de l’artiste. Non pas que les autres types d’art ne le montre pas, mais il y a quelque chose de différent dans l’art pictural, je trouve. » Son ton est passionné. Cela peut se ressentir qu’il ne fait pas semblant. « La dernière fois, j’ai craqué sur une photographie de bonbons. Cela semble idiot dit comme ça, mais je peux vous assurer que le jeu de couleurs et de lumières était si fabuleux que j’aurais pu verser une larme ! »

La question est intéressante, ou en tout cas, on peut dire qu’elle n’est pas entrée dans l’oreille d’un sourd. « Personne jusqu’à maintenant. » Il a un large sourire qui formule une invitation. Elle n’a qu’un mot à lui dire et il sera sien pour la journée, ou même plusieurs jours si elle le souhaite. Finalement, elle enchaine sur les animaux de compagnie et Zeus comprend qu’il a fait fausse route. Le voilà bien déçu. « Un animal ne pourra jamais remplacer une femme. » Son regard se brise. Lui, ce qu’il veut, ce sont de belles courbes à toucher et pas des poils à caresser, quelqu’un qui saura l’écouter mais avec qui il pourra également avoir des conversations passionnées. Oui, un chien, aussi affectueux soit-il ne saura jamais lui apporter la même chose qu’une compagne. Ne serait-ce que pour le sexe…

« Toutes les histoires de Zeus ? C’est un euphémisme ! Comment pourrais-je oublier ce que j’ai vécu ? Je suis le plus grand incollable sur le sujet qui puisse exister ! » Elle n’a pas tout à fait tort, toutefois et cela, Zeus se sait bien. Avec ses réincarnations, il lui arrive de perdre le fil et de n’avoir que quelques flash-back de son passé. Après tout, ce ne sont que des souvenirs fabriqués, même si pour lui, tout ceci représente une réalité. « Les enquêtes ! C’est vrai que cela peut avoir son charme ! » Et que cela peut donner des idées aux criminels, le blondinet en a toujours été convaincu. En tout cas, il aime la façon de penser de la dame aux cheveux rouges. Elle le fascine, en un certain sens.

« C’est triste et passionnant à la fois. » Laisse-t-il échapper d’un ton résigné. Il aime tellement venir en aide aux gens que si personne n’a besoin de lui, le blondinet ne sait pas ce qu’il fera de son avenir. Toutefois, il aime que les femmes aient évolué au fil des siècles et qu’elles soient aussi affirmées qu’aujourd’hui. Une femme forte est une femme particulièrement belle à ses yeux.

Puis, il continue sur sa lancée, évoquant sa passion et sa vision de l’art. « Bien trop pour toutes les citer. » Il grimace légèrement. Il ne se souvient pas de tous les noms, surtout que la plupart ne sont pas connues. « Parmi les plus connues, j’ai quelques œuvres de Jackson Pollock, Jeff Koons, Jean Michel Basquiat… » Il hausse les épaules. Ce n’est pas forcément ce qui fait le plus sa fierté mais il se rappelle parfaitement de la vente aux enchères où il a acquit quelques unes des œuvres, lors d’une liquidation d’un entrepôt. C’était comme une petite chasse au trésor. « Je suis tout à fait d’accord ! » annonce-t-il dans un haussement de tête avant qu’elle lui demande pour la finance. Il fait un petit rictus. « A vrai dire, il n’y a pas spécialement de raison. J’ai toujours été bon dans ce domaine alors c’était une voie toute tracée. Et puis, c’est un milieu qui me challenge énormément, tout en me laissant assez de temps libre pour m’adonner à mes autres passions, avec le salaire qui va avec qui plus est. » Oui, au final, plus d’arguments que ce qu’il aurait pu penser au premier abord.

« Si je vous dévoilais tous ces détails, je serais obligé de vous tuer ensuite. » Il rican un peu bêtement. Dans le fond, il ne veut juste pas avouer qu’il a adoré voir Athena, Hera et Artemis se battre pour ses beaux yeux à coups de ruses et de jeux enchantés. De quoi aurait-il l’air après cela ? D’un vrai coureur de jupons, alors qu’il n’a qu’un cœur qui a besoin de battre au nom de l’Amour. Et puis, le mystère ne fait-il pas partie intégrante de la séduction ? Voici un jeu auquel il a appris à jouer depuis bien longtemps et qui n’a plus grand secret pour lui, bien que pouvant facilement être mis en cause par sa maladresse.

« J’en ai beaucoup entendu parler pour tout dire mais je n’ai pas pu me plonger dedans jusqu’à maintenant. Je vais être obligé de le mettre en tête de liste maintenant que je sais qu’il est votre préféré. » Son sourire s’élargit. Dès demain, Zeus se rendra à la librairie pour acquérir cette œuvre, c’est certain. Et en guise d’héroïne, il se figurera une femme aux cheveux colorés, rouges – seulement si l’héroïne est décrite comme étant jolie, bien entendu. « Qu’est-ce que vous aimez le plus dans cet ouvrage ? » Demande-t-il ensuite, réellement intéressé pour connaitre les arguments de la jeune femme.

« Je ne puis vous contredire, en effet ! » Son ton est résolu. « Les femmes sont en bien des points supérieures aux hommes. Je dirais même que bien qu’elles avaient une place ‘inférieure’ dans le passé, c’étaient elles qui gouvernaient réellement le royaume. Quelques suggestions bien placées à leur mari et le tour était joué. Je suis le premier à me faire dicter ma conduite par les femmes d’ailleurs. » Oui, elles sont supérieures. Elles sont charismatiques. Elles sont taquines. Elles ont le don de parvenir à leur fin sans qu’un homme ne se rende compte de rien, ou bien qu’il se laisse complètement faire. « Ce qui est certain, c’est que j’apprécie tout particulièrement les femmes passionnées telles que vous ! » Il ne lui en veut pas de s’être emballée, bien au contraire ! Cela la rend plus attrayante encore aux yeux du beau blon.

Il sourit alors qu’il se félicite d’avoir cité les bons artistes. « Disons que je n’y avais jamais songé. » Sa vie professionnelle, c’est sans doute la chose qui soit le moins réfléchie dans sa vie. Il reste songeur. « Les places sont limitées pour un nombre de candidats dotés de talent et de passion. Je préfère laisser la place à ceux qui la veulent vraiment. » Poursuit-il. Des courtiers, il y en a beaucoup moins bizarrement…

L’écouter parler avec autant de passion le ravi. « Les adaptations sont rarement à la hauteur de nos attentes. Soit on s’attend à quelque chose de spécial et on est déçu que l’œuvre ait pris un tour différent. Soit c’est une reconstitution parfaite mais forcément, cela ne nous donnera jamais les mêmes frissons puisque le format n’est pas le même. » Il y a une forme d’imaginaire dans ce que procure la lecture, qui ne pourra jamais se transmettre à travers un écran, qu’on le veuille ou non. Il faut apprendre à dissocier l’œuvre de son adaptation, pour réussir à l’apprécier à sa juste valeur, comme si c’était une toute autre œuvre. Et encore, cette technique ne fonctionne pas toujours. Il continue de lui sourire alors qu’il comprend parfaitement ce dont elle parle.

Puis, il laisse échapper un petit gloussement lorsqu’elle confirme ses dires sur les femmes. « Je n’oserais jamais vous dire telles paroles ! » A personne d’ailleurs, même si l’envie lui en traversait l’esprit. Zeus est bien trop poli pour cela. Et bientôt, alors que la conversation se termine, la jeune femme se lève. Il est l’heure de se quitter apparemment, ce qui rend notre protagoniste légèrement triste. « Je n’y manquerais certainement pas ! Vous pouvez compter sur moi ! » Et c’est une promesse qu’il fait là ! « A bientôt. » Il sourit. Oui, ils se reverront, c’est certain. Il ne laissera pas filer cette femme aux cheveux de fées. Et il la regarde partir, avant de rejoindre son travail à son tour.