Physique :

Jessie est de corpulence normale: elle mesure 1m63 pour environ cinquante kilos. Petite, elle aurait voulu être mannequin, mais finalement, comme pratiquement tout le monde, elle a changé d'ambitions. Elle paraît bien banale avec ses cheveux longs et bruns, ses yeux marrons. Mais elle a un petit truc en plus, une sorte de brume mystérieuse qui l'entoure. Tout réside dans sa façon de se comporter. Elle est bizarre, Jessie. Un jour, elle peut être habillée simplement d'un jean et d'un t-shirt et le lendemain, elle va porter la plus jolie robe qu'elle aura dans son armoire. On ne peut pas la classer dans une catégorie: elle n'est ni décontractée, ni chic, ni ci ou ça. Elle est un peu tout à la fois. Question maquillage, ce sera pareil. Un jour, elle sera sobre et le lendemain, elle sera maquillée d'une façon plus sophistiquée. C'est donc difficile de décrire une personne si changeante.

Caractère :

Comme je l'ai dit, elle est bizarre Jessie. Elle a de drôles de comportement. Commençons par ses qualités. Jessie n'a pas mauvais caractère: elle est gentille et douce. Elle prend soin de ceux qu'elle aime même si elle ne va pas forcément montrer ce qu'elle ressent. Elle est intelligente et quand elle sait quelque chose, elle ne se gêne pas pour le faire remarquer. La brune est sensuelle, sait se mettre en valeur, même avec la tenue la plus décontractée qui soit. Elle n'est pas du genre à juger les gens sans les connaitre. Elle est bien placée pour savoir qu'on a tous un passé derrière soi, un passé qui nous rend tel que l'on est dans le présent. Elle est hyper maniaque. Tout doit être à sa place ou elle fait une crise monumentale. Ne vous avisez pas de toucher à quelque chose sans le remettre à sa place. Jessie est une personne simple. Même si parfois elle donne l'impression inverse, la brunette est tout ce qu'il y a de plus simple. Elle ne se prend pas la tête.
Continuons avec ses défauts. La demoiselle est distante. Pour l'atteindre, savoir ce qu'elle ressent, pense, c'est pas une mince affaire. Bien au contraire. Elle est bizarre. Elle a des manies, qu'on appelle des tocs dont on reparlera plus tard. Elle n'est pas très bavarde. A quoi sert de parler quand un regard en dit parfois plus long que des mots? Têtue. Pire qu'elle, ça ne doit pas exister. Elle est un peu rock sur les bords, dans le sens où elle adore la fête, se déchaîner comme une folle, elle n'est pas contre tester de nouvelles choses même si après elle ne refera plus parce qu'elle n'aime pas. Enfin, n'étant pas très bavarde, elle est un peu mystérieuse. C'est sûrement ce qui fait son charme.
Ses tocs. Revenons-en, à ses tocs.
• Elle compte jusqu'à quatre au lieu de compter jusqu'à trois comme tout le monde.
• Elle déplace les objets qu'elle met par deux minimum pour pas que l'un se sente seul.
• Quand elle compte des objets par exemple, ça doit être un nombre pair sinon, elle n'aime pas.
• Étrangement, elle aime le chiffre 17, seul nombre impair qu'elle apprécie.
• Chaque objet doit être à sa place. Elle peut piquer une crise si ça ne va pas.
• Le volume de la télé doit être un nombre pair, comme tout le reste.
• Les habitudes qu'elle a se font toujours dans le même ordre. Par exemple, le rituel du matin entre le moment où elle se lève et le moment où elle part de chez elle est toujours le même, dans le même ordre.
Elle a d'autres tocs dont on ne parlera pas pour faire planer le mystère.

Histoire :

Il y a trois ans.

Mon téléphone, qui me sert de réveil, sonne une première fois. Il est sept heures trente. Je l'éteins. Je me tourne dans mon lit en posant mon téléphone juste à côté de moi. Je sais qu'il reste encore très exactement une demi-heure avant qu'il ne sonne à nouveau. C'est mon rituel. L'un de mes rituels. Qu'importe l'heure à laquelle je dois me lever, mon téléphone doit sonner deux fois : une fois à l'heure prévue pour que je me lève et une fois une demi-heure avant. C'est comme si j'avais peur de louper mon réveil et donc de ne pas me lever. Je ferme les yeux à nouveau, étant très bien installée sous mes draps. Trente minutes plus tard, la même sonnerie retentit que précédemment. Un soupire s'échappe de ma bouche. Je me mets totalement sous la couette, allongée sur le dos, et je vais rapidement consulter mes mails. Je le fais toujours, ça me permet de me réveiller doucement. Dix minutes plus tard, je pose un pied en dehors de mon lit. J'enfile un gilet et je descends jusqu'à la cuisine. « Salut... » Oui, c'est ma manière de saluer mes parents qui sont déjà en train de prendre leur petit-déjeuner. Je vais rapidement me laver les mains et je m'installe à la table avec eux pour me servir un bol de lait avec des céréales. « Alors... Comment vas-tu ce matin Jessie ? », me demande mon père. Je lui lance un regard puis hausse les épaules. Tout bêtement. Comment pense t-il que je vais ? Comme tous les jours, bien sûr. Je vais bien. « Tu as pris tes plantes hier soir ? » Tout ça, c'est leur rituel. Me poser les mêmes questions, tous les jours, tout le temps. « Tu les as déjà préparé pour aujourd'hui ? » Un soupire s'échappe de ma bouche. Encore. « Oui, j'ai déjà tout dans mon sac. Je vais bien. » Mon regard se pose vers un objet sur un meuble de la cuisine qui est trop à l'écart des autres. Je me lève et m'empresse de le rapprocher d'un autre. Si je ne l'avais pas fait, je me serais sentie mal durant toute la journée. Je retourne m'asseoir sous le regard de mes parents. Ils ont encore du mal avec ça. Je ne leur en veux pas. Je crois. Je mange mon bol de céréales dans le silence tandis que mes parents discutent entre eux. Je passe pas mal à la trappe à part concernant mes plantes. Je me lève et débarrasse la table pour tout mettre dans l'évier et pour ranger le paquet de céréales dans le placard, en haut, bien contre la paroi de droite. Réflexe.

Je monte pour prendre des vêtements et je vais dans la salle de bain pour prendre ma douche. Je laisse longuement l'eau couler sur mon corps. C'est tellement plaisant. Ça me détend. Je me sèche ensuite puis m'habille. J'enfile un jean et un t-shirt avant de me coiffer et de me maquiller. Je me regarde un instant dans le miroir. « Dépêches-toi Jessie, tu vas être en retard ! », crie ma mère d'en bas des escaliers. Je lâche un énième soupire. Quelle importance si j'arrive en retard ? Je mets mes chaussures et prends mon sac à dos avant de descendre. Je leur lance un rapide : « A c'soir ! », avant de quitter la maison. Je vais à l'école à pieds. J'aime bien marcher donc ça ne me dérange pas. J'arrive à l'école. Je suis en retard de quelques minutes. Encore. Ce n'est pas la première fois et ce n'est sûrement pas la dernière. Devant la porte de ma salle de classe, j'hésite quelques secondes puis je compte : « Un... Deux... Trois... Quatre... » Puis j'ouvre la porte et m'excuse auprès de mon professeur avant d'aller rejoindre ma place. Je compte toujours jusqu'à quatre. Les autres comptent jusqu'à trois. Moi, je compte jusqu'à quatre. Ma journée de cours passe. Elle n'a rien d'exceptionnel, bien au contraire.

Après les cours, vers seize heures, je sors du lycée en fumant une cigarette. Je me balade un peu avant de rentrer chez moi. « Comment était ta journée ? », m'interroge mon père. « J'ai pas eu de crises si c'est ta question. » Je monte dans ma chambre et traîne sur internet. Au dîner, mon père augmente le son de la télé le temps du repas. Mais il a mit le volume sur neuf. Je ne supporte pas. Je prends la télécommande et met le volume sur dix. Mon père soupire doucement en me regardant. « Tu peux pas t'en empêcher ? » Je lève mes yeux vers lui et hausse les épaules. « Tu devrais savoir que non maintenant. » « Tu ne fais pas forcément d'efforts non plus, pour te contrôler. » « Lâches moi. » « Ne me parles pas comme ça Jessie. » « Mais c'est bon, c'est que le volume de la télé ! C'est pas un drame. » « C'est agaçant que tu remettes les choses en place, mets toi à notre place. » Je lâche un énième soupire. « T'as jamais pu accepté mes toc de toute façon, pourquoi ça changerait maintenant ?! » Je lâche ma fourchette qui fait du bruit en tombant contre l'assiette et je me lève. « Jessie, reviens t'asseoir... », dit calmement ma mère. Je ne réponds pas et retourne dans ma chambre. J'enfile une petite robe tout en entendant mes parents se disputer un peu. Je passe par la fenêtre de ma chambre pour sortir et je pars. C'est pas la première fois que je fais le mur.

Je fume une cigarette. Je suis en mini-robe, en talons, une cigarette en main. J'ai entendu qu'il y aurait une fête. Autant m'y rendre vu qu'à la maison, je suis trop bizarre. Mes journées sont saupoudrées de mes toc. Je m'y suis habituée. Je vis avec. On me trouve bizarre ? Tant pis. Je m'en fiche. Je suis comme je suis et je ne changerais jamais. J'arrive à la fête. L'ambiance bat son plein. Je souris doucement en écrasant ma cigarette puis j'entre dans la maison. C'est une fête privée mais je sais comment entrer. Le jeune étudiant qui a organisé la soirée est un gosse de riche qui se prend pour un petit dur et qui a toutes les filles à ses pieds. Je trouve rapidement à boire. Je n'ai que dix-sept ans mais je ne débute pas. Je sors dans ce type de soirées depuis déjà deux ans. J'ai commencé à quinze ans, comme la cigarette. Je bois une gorgée et arrive près de la piste de danse. J'observe un moment autour de moi. Je termine mon verre avant d'aller me trémousser. Rapidement, je suis rejointe par un garçon. Je comprends vite que c'est l'étudiant qui a organisé cette fête. « Je ne te connais pas. Qui es-tu jolie brune ? » Je bouge contre lui. Au lieu de répondre à sa question, je demande simplement : « Tu me fais visiter ? » Il sourit en coin avant de prendre ma main pour me faire visiter. On se retrouve très vite dans une chambre à nous embrasser. Il referme derrière lui. Mon âge ? Il s'en fiche. Je ne suis qu'une gamine mais il se dit que si je suis là, je dois avoir plus de dix-huit ans. Ce qui est faux. Il ferme la porte à clés et on se retrouve à coucher ensemble dans ce grand lit. J'ai beau être jeune, il ne se plaint pas de mes compétences. Après notre petite partie de jambes en l'air, je me rhabille. « Tu ne m'as même pas donné ton prénom... » Je souris en remettant ma robe et hausse les épaules. « Quel intérêt ? » Je remets mes chaussures et vais à son bureau pour mettre un objet à sa place. Il fronce les sourcils en me voyant faire. « T'es bizarre comme fille. » J'hausse encore une fois mes épaules. « Peut-être. » « J'aime ça. » Il sourit en me regardant, couvert d'un drap blanc uniquement. Je souris à mon tour et je quitte la chambre en remettant mes cheveux à leur place. Je m'allume une autre clope en retournant chez moi. J'emprunte à nouveau ma fenêtre puis je me mets en pyjama avant de me coucher et de dormir.

De nos jours.

Vous vous demandez ce qui m'a rendue comme ça? Ce que sont les plantes? Et où j'en suis trois ans plus tard? Commençons par le début, voulez-vous? J'ai eu une enfance heureuse, des parents aimants. Je n'ai vraiment pas eu à me plaindre. Je n'ai jamais manqué de rien. Tout a commencé peu après mon anniversaire de mes quinze ans. J'étais chez ma grand-mère, on rigolait, on faisait de la pâtisserie. C'était le grand n'importe quoi. On avait de la farine partout. J'étais pas douée. C'était un pur régal de partager ça avec elle. Puis, tout a basculé. Elle a fait une crise cardiaque et elle est décédée dans mes bras. J'avais les mains pleines de farine. Je ne l'ai pas quittée jusqu'à ce que les secours arrivent. Vous savez quelle est la première chose que j'ai faite quand ils ont pris le relais? Je suis allé me laver les mains. C'est ce jour-là, que mes tocs ont commencés. C'est aussi ce jour-là que j'ai un peu commencé à dérailler: sortir, m'amuser, fumer, coucher. Ma première fois a eu lieu peu de temps après. Alors oui, mes parents m'ont amenées chez un psy. On m'a donné des plantes pour calmer un peu mes crises de nerfs. Si on me laissait pas remettre les choses à leur place, je devenais folle parce que ça m'angoissait. Les plantes m'apaisent. Voila la petite histoire de comment tout a commencé.

Aujourd'hui? Je vis seule. J'ai coupé les ponts avec mon père qui s'est tiré avec la mauvaise princesse. Il n'a jamais accepté mon changement. Quant à ma mère, je la vois de temps en temps, mais rarement. Elle a accepté un poste à l'étranger. Elle ne voulait pas le prendre au départ, je l'ai convaincue de le faire. C'est ce qu'il y avait de mieux pour elle après son divorce avec mon père. On s'appelle souvent par contre. J'aime ma mère autant que je déteste mon père. Ainsi va la vie. Ma mère m'aide à payer mon appartement. Un petit appartement par trop cher. Je reçois une bourse étudiante mais elle me donne une sorte d'argent de poche. Je lui suis reconnaissante de ne jamais m'avoir laissée tomber. Je suis étudiante en psychologie. Ironique non, pour quelqu'un qui a des troubles? J'ai envie d'étudier le cerveau des autres, leur psychologie, à tous ceux qui me regardent parfois de haut parce que je ne suis pas comme eux, parce que je ne rentre pas dans le moule. Vous savez que ceux qui ont l'air tout ce qu'il y a de plus normal et intégrés dans la société sont souvent ceux qui ont le plus de problèmes? Je dis ça, je dis rien. Je pense avoir dit l'essentiel donc à la prochaine pour la suite de mes aventures.