Dans ses habits de la veille, Raphael avait encore fière allure. Certes, il aurait préféré changer de sous vêtements mais l’idée de passer un peu de temps supplémentaires avec la jeune femme l’emportait largement sur cette nécessité. Il s’était rafraichi quelque peu, puis, avait attendu que la demoiselle se prépare, avant de finalement prendre la voiture vers un petit restaurant qui sert des brunchs jusqu’à tard le midi. En se garant, il ne perd pas son beau sourire et s’exclame : « La seule personne que j’ai emmené ici c’est mon fils et crois moi qu’il serait jaloux s’il savait que j’y étais venu sans lui. C’est son resto préféré. » Raphael se met même à rire. Heureusement que le garçon est chez sa mère, sans quoi il n’aurait pas pu se libérer aujourd’hui, et ça aurait été fort dommage de rater une belle occasion. Le métis sort de la voiture et la contourne pour ouvrir la portière de la jeune femme. « Si mademoiselle veut bien se donner la peine ! » Dit-il dans une révérence princière dans l’unique but d’amuser la galerie. Ils rentrent ensuite dans le restaurant où on les installe à une table pour deux.

Heureusement que les médocs existaient pour le mal de vivre et les maux de tête du lendemain. Faire la fête n’avait jamais été une combinaison gagnante avec les réveils du bon pied. Heureusement, Raphael était resté avec moi toute la nuit ce qui me laissait un sourire bien présent sur les lèvres malgré la situation. Il avait même décidé de poursuivre cette rencontre en petit déjeuner dans un petit restaurant. Il fallait que j’arrange un peu le tout, surtout mes cheveux et mon maquillage, mais je pouvais y arriver. Une fois prête, je partie en voiture avec Raph vers un petit restau que je ne connaissais que de nom. Je n’y avais jamais mis les pieds. À son commentaire, je me senti bien choyé de l’honneur qu’il me faisait. Je souris pleinement tout en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. ‘’ Et bien, je vais tâcher de me tenir à carreau si je veux que tu m’y amène de nouveau ‘’ Dis-je tout simplement en regardant la voiture de stationner. Comme un gentleman, il sortie de la voiture afin d’en ouvrir ma portière. Je le regardai tout en sortant doucement. ‘’ Mais avec plaisir ! ‘’ Poursuivis-je sur le même ton princier que mon interlocuteur. Ont prit alors place sur une table pour deux et une serveuse nous apporta nos menu respectif. ‘’ Alors, tu me conseilles quoi ? ‘’ Ayant envie de tout dévorer après cette soirée… mais surtout… de boire une énorme tasse de café bien chaud.

« Oh, ça sert à rien d’être trop sage tu sais. J’aime bien aussi ton petit côté déjanté. » Raphael sourit. Il est sincère lorsqu’il dit ça. C’est ce qui lui manque à lui, d’être un peu plus aventurier, et c’est une des choses que Jiya lui reprochait : elle s’ennuyait avec lui. Du coup, il faut avouer qu’il a peur qu’on le trouve trop ennuyeux… Enfin bon, ils n’en sont pas encore là heureusement et tant qu’il peut gagner des points avec sa galanterie et sa gentillesse, il va déjà en profiter un peu. Bientôt, ils se retrouvent à table, menus en main. L’homme meurt littéralement de faim. « Vu l’heure, des pancakes ou des crêpes, avec des œufs sur le plat, du bacon, des croissants, du café… En fait, je vote pour qu’on prenne la formule « buffet duo » ! » Il hoche de la tête avec frénésie. « Ils apportent plein de choses différentes sur la table et il n’y a plus qu’à se servir. Par contre, c’est mieux quand on mange beaucoup, sinon, ça ne vaut pas trop le coup. » C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’opte jamais pour cela lorsqu’il est seul avec son fils qui a tendance à ne manger que quelques miettes, du fait de son jeune âge. Il lui semble bien qu’elle lui ait dit une fois qu’elle aimait manger, mais il n’en est plus si sûr donc préfère ne pas le mentionner. Elle lui confirmera. « Enfin, faut pas que ça te dérange si on partage… » On dirait une activité de vrai petit couple et il espère donc ne pas choquer la jeune femme.

Cela me fit chaud au cœur de voir que je n’avais pas fais fuir Raphael suite à mon escapades dans ce bar. Il était avec moi ce matin dans l’un de ses restaurants préférés et il m’expliquait même qu’il appréciait ce côté frivole de ma personnalité. J’étais soulagée de ne pas être jugé pour une seule soirée et cela démontrait une très grande maturité. Quoi qu’il en soit, on se pencha sur la question du repas et l’idée du professeur me mit l’eau à la bouche. ‘’ Tout ça me semble tout simplement excellent ! Ma mère m’a toujours apprise à partager. ‘’ Dis-je d’une voix amusée en déposant le menu. Je posai alors mon regard dans celui de Raphael en souriant tout simplement. ‘’J’ai envie d’en connaître plus sur toi ! Alors, parle-moi justement un peu de ton fils, de ta famille ‘’ Oui je me laissais peut-être un peu aller mais puisqu’il avait été gentil avec moi, j’avais envie d’en connaître plus sur l’homme qui se trouvait devant moi. Bien que nous ayons beaucoup discuté devant le beau repas qu’il m’avait préparé, il me restait encore un tas de truc à apprendre.

La proposition de Raphael semble tomber à pic et ravir la demoiselle. Ainsi, il passe commande et a l’eau à la bouche, le temps qu’on leur apporte les premiers mets. Ça risque de prendre un peu de temps mais ce n’est pas comme s’ils étaient pressés. La voilà qui demande plus d’informations sur le fils de Raph. « Je risque de radoter… Je ne me souviens plus de tout ce que je t’ai déjà dit. » Explique-t-il bientôt. Il faut dire que leur première rencontre date un peu, sans compter qu’il avait un peu bu cette fois-là pour se donner le courage d’aller en sous-vêtements en vitrine. « Il s’appelle Simon. Il a 5 ans. C’est un grand adepte des bêtises en série et des câlins. » Raphael se met à rire. « J’ai récupéré sa garde il y a peu car depuis que j’étais venu vivre ici, il était à New-York avec sa mère. » Il est persuadé qu’elle en sait déjà une bonne partie. « Ce qui explique que j’ai autant de cernes depuis quelques semaines d’ailleurs. » Continue-t-il avec humour. « Et côté famille, je suis issu d’une famille nombreuse. 5 enfants et je suis au milieu. J’ai perdu ma maman lorsque j’étais enfant et c’est ma sœur ainée et mon père qui se sont occupés de nous. » Il espère qu’elle ne sera pas désolée pour lui, parce que c’est clairement le truc qu’il n’a pas envie d’entendre là tout de suite. « Ahhh j’ai oublié de préciser que nous sommes de grands fans des soirées dessins animés avec Simon ! » Ajoute-t-il avec des yeux faussement pétillants. Au fond, il ne fait ça que pour faire plaisir à son fils.

Je posai ma tête dans le creux de ma main, par fatigue oui, mais surtout par intérêt face à tout ce que me disais Raphael. Le regard posé dans le sien, je souriais parfois face à certaine information et perdit le sourire à d’autre. Il ne semblait pas vouloir allonger sur le sujet de sa mère et sa famille je compris alors le message. Je replaçai alors de nouveau un sourire sur mes lèvres pour ne pas lui faire sentir que j’étais désolé pour lui. ‘’ Une famille de cinq enfin.. wow ! Je suis enfant unique… je n’ai aucune idée de ce que c’est d’avoir des frères et sœurs. ‘’ Dis-je dans un soupire. Quand j’étais jeune j’avais tant voulu avoir quelqu’un avec qui jouer autre que mes gardiens et mes amis mais mes parents étaient beaucoup trop prient avec le travail pour pouvoir penser avoir un autre enfant. Ils concentraient alors toute leur amour sur moi ce qui n’est pas mal en soi. ‘’ Et fan des déjeunés au restaurant ‘’ Dis-je d’une voix amusée afin de poursuivre sur le sujet de son fils. Il avait les yeux pétillants de joie lorsqu’il parlait de lui et cela me mettait un sourire constant sur les lèvres. ‘’ Il semble être un petit bonhomme plein d’énergie, tes cernes sont justifiés, mais elles te vont très bien ‘’ Dis-je d’une voix amusée suivi d’un petit clin d’œil. Je me redressai doucement sur ma chaise espérant que le repas arrive le plus tôt possible parce que j’avais une faim de loup avec la soirée que j’avais passée la veille.

« Ça a des bons et des mauvais côtés. Genre quand tu essayes d’étudier et qu’il y a un bruit monstre, ce n’est pas toujours facile. » Raphael sourit alors qu’un flot d’anecdotes à ce sujet lui vient en tête. Il ne compte même plus le nombre de fois où il a crié aux plus petits d’arrêter de se chamailler et de crier dans la maison, afin qu’il arrive à se concentrer. Il se souvient également du jour où il a découvert le casque anti-bruit en complément des boules kiess. On aurait dit qu’il venait de trouver le saint Graal. « J’espère que je pourrais donner un petit frère ou une petite sœur à Simon un jour, qu’il puisse découvrir tout ça. » C’était un de ses plus grands regrets à ce jour, le fait de ne pas avoir fait un deuxième enfant. L’écart d’âge se creusait déjà au fur et à mesure que le temps avançait. Mais bon, c’est la vie, c’est comme ça. « Et de plein d’autres choses encore si tu savais ! Il m’a tellement manqué que j’essaye de rattraper le temps perdu en cédant à tout ce qu’il veut. J’sais que c’est pas la bonne solution, mais je ne peux pas m’en empêcher. » Dès qu’il voit un sourire sur le visage de son petit bonhomme, c’est comme s’il oubliait tout le reste parce que ça n’a alors plus aucune importance. « C’est gentil. » Il se met à rire et avant qu’il ajoute autre chose, les serveurs commencent à amener le repas. Bacon, œufs brouillés, croissants, pains au chocolat, pain frais, brioche, confiture, et il en passe… Mon Dieu, il en a déjà l’eau à la bouche et dès qu’il le peut, il commence à se servir. « Je t’avais dit qu’il fallait avoir faim… » Il sourit bêtement et bientôt, une question lui vient en tête. Il la pose, même si ça risque d’être un peu déplacé, vu qu’ils ne se sont vus que deux fois. « Tu n’as rien contre l’écart d’âge dans une relation ? J’veux dire, le fait que j’sois plus vieux, prof… Ça pourrait te gêner ? » Il ne se rend même pas compte qu’il vient d’avouer indirectement qu’il aimerait bien plus avec elle, que ce simple repas.

‘’Vu de cette façon, je crois que j’ai été presque choyé d’être seule. ‘’ Dis-je d’une voix amusée. ‘’ Pourtant, je ne fais que penser aux points positifs d’être toujours entouré. Il y a toujours quelqu’un avec vous pour vous amuser ou même parler. ‘’ Car oui mes parents m’aiment de tout cœur et faisaient absolument tout en leur pouvoir pour me voir le plus souvent possible… il n’était pas rare que je ne les vois pas pendant 2 jours… Bref, j’écoutai les paroles prononcées par le jeune homme avec attention. Il voulait donc d’un second enfant ce qui était une bonne nouvelle en soit. ‘’ Je comprends! Il dû terriblement te manquer lorsqu’il n’était pas avec toi. Je ne peux imaginer ! ‘’ Dis-je lorsqu’il expliqua qu’il lui donnait absolument tout ce qu’il voulait en ce moment voulant rattraper le temps perdu. Puis, le repas arriva enfin. Je vis une tonne de belles choses se qui me mit encore plus l’eau à la bouche. ‘’ Je ne pensais pas qu’il y en aurait autant ! Tu crois qu’on va pouvoir tout terminer ? ‘’ Dis-je les yeux maintenant élargies de surprise. Lorsque Raphael commença à se servir, je fis de même tout en prenant soin de ne pas en mettre partout. Sans plus attendre, je pris la première bouché de cette merveilleuse présentation. J’écoutai alors attentivement le jeune homme me poser une question qui me surprit agréablement. Je souris timidement en levant les yeux vers les siens ‘’ Tu n’es pas si vieux et puis tu n’es pas l’un de mes prof alors il n’y a aucun problème non ? ‘’ Répondais-je tout simplement d’une voix amusée et heureuse qu’il me demande. ‘’ Et toi, tu ne me trouverais pas trop jeune… étant encore dans mes études pour plusieurs années, sortant encore de temps à autre dans le bar avec des copines ‘’ Dis-je d’une voix douce en ne quittant pas son regard toujours aussi souriante. J’étais heureuse de l’entendre parler d’une éventualité de poursuivre ce rendez-vous. Je n’aurais pas cru cela possible lorsqu’il m’avait vu au bar hier soir…

Raphael hoche la tête en riant aux éclats. La jeune femme a tout à fait raison et il ne peut donc qu’acquiescer à ses paroles. Puis, vient le moment de manger. « Tout terminer ? Je ne suis pas sûr non. » L’homme peut être un gros mangeur lorsqu’il le veut, mais là, avec les papillons dans le ventre et tout le reste, il n’est pas certain d’arriver à avaler autant que d’habitude, surtout qu’il ne voudrait pas avoir l’air d’un énorme vorace non plus. « Ils font des doggy bag dans le pire des cas, rassure toi. » Il serait donc toujours temps de ramener le tout à la maison après avoir éventuellement partagé, pour le repas du lendemain, ou du soir même d’ailleurs.

Puis, voilà notre Raphael qui pense à l’avenir et qui se confie quelque peu sur ses intentions envers la jeune femme. C’est assez nouveau pour lui, même si on connait sa franchise légendaire. Disons qu’en amour, il a appris à ne plus se projeter après le carnage qu’a été sa relation avec Lily. Son cœur qui a été piétiné en 1000 morceaux alors qu’il avait tant d’espoir et qu’il avait enfin ouvert son cœur à quelqu’un depuis son divorce. Elle l’avait prévenu dès le départ qu’il ne devrait pas s’attacher à elle, et pourtant, il s’est quand même laissé bruler les ailes. Désormais, il a peut-être une nouvelle chance d’être heureux et malgré le fait qu’il ne connaisse que trop peu Anaëlle, il ne peut s’empêcher de mettre des mots sur ses désirs. En même temps, autant le savoir tout de suite si ce n’est pas possible, histoire d’être fixé et de passer à autre chose rapidement… Et dans le cas contraire, rien n’empêche de prendre leur temps. Discuter ne signifie pas pour autant se promettre la lune et être lié à vie.

« Si je t’avais trouvé trop jeune, je ne serais sans doute pas resté toute la nuit à veiller sur toi. » Il rit. Il aurait pu le faire en ‘père’ protecteur, mais là ce n’était pas le cas. « Je dois dire que j’apprécie tout particulièrement ton innocence – ou insouciance, appelle cela comme tu veux – même s’il faut avouer que ça me déstabilise tout autant. » Encore un sourire se pose sur son visage alors qu’il a peur de paraitre trop calme, trop plat pour une femme qui a toute la vie et la jeunesse pour elle. Non, il n’est pas si vieux, mais il a quand même la vie d’adulte et la routine de l’âge qui se sont installés et qui pourraient faire peur. « J’ai une vie plutôt rangée et monotone. Je ne suis pas contre un peu de folie et d’aventure mais… tu risquerais de t’ennuyer avec moi. » Il préfère prévenir. En dehors du développement de sa culture générale, de sa passion pour les musées, les sorties historiques, la musique classique… Oui, il n’a aucun mal à dire que sa vie n’est pas comme celle des autres personnes de son âge qu’il connait. Ce n’est pas pour autant qu’il se dévalorise, non, il aime bien trop sa vie ainsi.

Je n’arrivais toujours pas à croire toute la nourriture qui se trouvait sur notre table. Bien que j’aie une faim de loup il y avait tout de même une limite. J’espérais que Raphael ait tout aussi faim que moi m’aider dans cette tâche comme il se le doit. C’est lorsqu’il mentionna qu’il était possible de rapporter un peu de tout que je fus soulagée. Aucun gaspillage alors ! J’attaquai alors la première en prenant un peu de tout et prenant une bouchée ici et là. Une explosion de saveur sur ma langue. J’avais l’impression de ne pas avoir mangé pendant des semaines tellement c’était bon et satisfaisant. Cela devait sans doute venir de la grosse soirée arrosée que j’avais vécue. Il n’y avait rien de mieux que du sel pour réparer un foie et un estomac.

La conversation changea alors sur quelques chose de plus sérieux bien que Raphael eu le dont de l’aborder en toute simplicité et délicatesse. Veiller sur moi… oui, il avait bien pris soin de moi tel un ami aurait pu aussi le faire. Au fond de moi, j’espérais qu’il y ait plus derrière ce geste qui pouvait tout autant relever de l’amitié ou de la protection. ‘’ Oui à ce sujet, merci d’avoir pris soin de moi, j'ai un peu exagérée ‘’ Dis-je d’une voix sincère tout en posant mes yeux dans les siens. C’est alors qu’il expliqua un peu le fond de sa pensé et j’écoutai avec autant d’attention que je le pouvais. Je secouai la tête doucement. ‘’ Mais tu n’es pas du tout ennuyant ! Et puis, attend de me voir pendant ma résidence en médecine, c’est moi que tu vas trouver ennuyante à vouloir en mourir. ‘’ Dis-je en ricanant un peu. Étais-ce en soi une invitation à vouloir encore le revoir ? Sans aucun doute. ‘’ Toujours le nez dans mes bouquins, travailler jour/soir/nuit, devoir répondre au téléphone peu importe l’heure de la journée. Tu vas vouloir me ranger aux oubliettes. ‘’ Espérant avoir tort sur ce dernier point.

Le professeur se met à rire. Elle avait peut-être exagérée comme elle le dit si bien, mais la vérité, c’est qu’il aurait adoré en faire autant à son âge, avoir cette fougue. Il s’était toujours restreint plein de droits, comme s’il était nécessaire qu’il soit un enfant et un adulte sage, qui fait toujours les bons choix. Puis, la suite des paroles de la jeune femme le réconforte. Elle semble sur la même longueur d’onde que lui, alors, il saisit sa main dans la sienne et la caresse tendrement. Il n’a jamais vraiment eu peur de faire le premier pas ou de se ridiculiser, c’est déjà ça. Il lui sourit et alors qu’il la regarde, ses yeux crépitent de joie. « Je serais ravi de passer des après-midis entières à lire à tes côtés, crois moi. » Il se met à rire. Il le fait déjà quand il est seul, bien qu’avec Simon à la maison, c’est souvent plus difficile de se concentrer. « On se connait à peine mais tu as quelque chose, Anaëlle, que je ne saurais expliquer. » Raphael, ce grand romantique, cet homme au grand cœur qui n’a pas peur d’exprimer le fond de ses pensées, bien qu’il fasse toujours gaffe aux mots employés. « Je n’ai jamais été très doué pour parler aux femmes et mes dernières mésaventures n’aident sans doute pas mon cœur à s’ouvrir facilement, mais je dois quand même te dire… » Il lâche sa fourchette et plonge son regard droit dans celui de la demoiselle, oubliant complètement qu’il est censé manger. « Tu me plais beaucoup. » Il sourit, comme un enfant qui viendrait d’avouer un secret. Il est sans doute maladroit, ou en tout cas, c’est ce qu’il se dit, mais il est heureux d’avoir confié ces émotions.

J'étais bien heureuse de la direction que prenait cette discussion. Cela ne faisait pas des lustres que j'avais apprise à connaître Raphael, mais il y avait bien quelque chose chez lui qui me plaisait énormément et maintenant à écouté l'enseignant, cela semblait être réciproque. Je fus agréablement surprise lorsqu'il prit ma main doucement afin de me répondre. J'étais heureuse d'entendre une telle chose et j'imaginais déjà la scène dans la tête. Je n'avais pas de mal à le croire. Il me semblait bel et bien quelqu'un de studieux, après tout il était professeur et devait lui aussi avoir une tonne de chose rendu à la maison, comme de la correction ou des trucs de ce genre. Puis, il sembla devenir encore bien plus sérieux, j'en perdis même l'idée de me mettre une autre bouché de ce magnifique déjeuné dans ma bouche pour bien entendre tous les mots qu'il devait me dire. Mon sourire s’élargit vers la fin afin de démontrer le plaisir que j'avais à entendre ces paroles. Je déposai à mon tour ma fourchette sur le côté de mon assiette et garda mes yeux plongés dans les siens ne pouvant maintenant faire disparaître ce sourire. '' Je suis contente que tu en parles parce que... '' Dis-je doucement en faisant une petite pause par la suite. '' Tu me plais beaucoup aussi Raphael. '' Je n'avais pas l'habitude d'étaler mes sentiments aussi rapidement surtout que cela ne faisait que quelques semaines que j'avais rencontré le professeur, mais voilà. Nous n'avions plus 16 ans non plus et je venais pas de lui dire que je voulais me marier avec lui ou bien faire le tour du monde seulement... qu'il me plaisait et c'était la pure vérité. Je gardai alors ma main sous la sienne attendant la réaction du jeune homme. Il fallait dire que je me sentais un peu gênée du moment, comme à mes habitudes. '' J'aime justement le fait que tu sois calme, cela m'apaise, me fait sentir bien '' Dis-je pour conclure sur ce qu'il l'inquiétait dans cette relation.

Raphael est dans ses petits souliers, à la fois bien et légèrement stressé. Et puis, les mots qu’il attendait, arrivent et là un sourire niais s’affiche sur son visage. Il baisse les yeux à plusieurs reprises, comme s’il ne savait plus vraiment s’y prendre dans ce genre de situations. Faut dire que jusqu’à maintenant, il a toujours eu à faire à des femmes entreprenantes, en dehors de quelques coups d’un soir qui se comptent sur les doigts d’une main. Là, tout semble nouveau et différent. Même leur rencontre a été originale après tout, ainsi que ce deuxième rendez-vous improvisé. C’est peut-être cela au fond, qui fait que tout semble se développer si vite, cet attachement qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Pour autant, Raphael ne semble pas vouloir aller trop vite. Cette vitesse de croisière où ils se cherchent un peu sans se trouver, dans une forme de respect mutuel, ça lui convient bien. Il sourit, ne sachant pas comment continuer la conversation. Il tente une première phrase en ouvrant la bouche et se ravise. Un blanc. Puis il reprend. « C’est étrange. Je ne m’attendais pas à ce que le weekend vire ainsi. » Il dit cela sur le ton de la plaisanterie, plutôt enjoué. Ce n’est pas désagréable d’être en si bonne compagnie, même si cela peut éventuellement faire peur. « T’es consciente que ça va engendrer un chamboulement de ton emploi du temps de ministre ? » Là aussi il blague un peu, mais c’est surtout parce qu’il est maladroit et qu’il ne connait pas les manières d’agir standards.

Je tentai tant bien que mal de cacher ma joie enfantine qui m'envahissait maintenant. Je ne savais pas trop comment qualifier ce moment surtout que tout cela se passait contre toute attente. Jamais je n'aurais penser qu'une soirée plutôt arrosé allait se terminer d'une si belle façon. '' Et moi donc! '' Dis-je pour complété son commentaire concernant ce Weekend. Je portai alors attention au reste de ses paroles tout en souriant d'amusement. Il était vrai que mon horaire n'allait pas facilité les choses et que c'est aussi pourquoi je n'avais pas chercher à faire des rencontres pourtant c'était arrivé sans attente. '' Ne t'en fais pas, je saurai te faire une place dans mon horaire. '' Dis-je d'une voix douce tout en continuant de sourire comme une enfant de 3 ans. Je me replaçai par la suite dans ma chaise pour ensuite reprendre le déjeuné. J'avais toujours ma faim de loup en moi alors j'allais pas me laisser prier plus longtemps. '' Merci pour ce restaurant, c'est délicieux! '' Dis-je une telle chose seulement car je ne savais plus trop quoi dire? Sans aucun doute. Je n'avais pas l'habitude de ce genre de situation. Depuis mes études, j'avais mis de côté les relations amoureuse pour me concentrer sur mes performances académique. Maintenant que j'avais presque atteint mon but, je ne voyais plus ce qui me retenait.

Raphael ne fait plus que sourire, comme si c’était gravé sur son visage, en moins effrayant que sur le joker évidemment. Les deux jeunes continuent alors leur repas, en discutant de choses et d’autres. Le professeur s’intéresse particulièrement aux études de la jeune femme et à ce qu’elle peut apprendre en détail, à la fois pour s’intéresser à elle, mais aussi et surtout, pour sa propre culture personnelle, la médecine étant un terrain qu’il n’a pas encore grandement exploré. Ils partent dans une discussion passionnée, de celles qu’adore le père de famille. Décidemment, il est aux anges. Malheureusement, le repas se termine bien trop rapidement et c’est en lui tenant la main qu’ils sortent du restaurant. Raphael raccompagne la demoiselle jusqu’à chez elle et la laisse sur le pas de la porte, avec un simple baiser sur la joue bien prononcé en guise d’au-revoir et la promesse de se revoir très rapidement. Il n’aurait certainement pas osé aller plus loin pour l’instant, bien que l’envie le démange.

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