Raphael aurait pu descendre dans le plus profond des abysses s’il n’y avait pas eu son fils auquel se raccrocher. Une nouvelle déception amoureuse. Une nouvelle fois le cœur brisé. Jamais deux sans trois comme on dit alors après Jiya et Lily… Le métis n’a plus souri depuis plusieurs semaines et il ne cesse s’y songer depuis qu’il  a eu cette fameuse conversation avec Anaelle. On lui propose un poste à médecin sans frontières à la belle. Le brun sait que c’est une occasion en or, l’opportunité d’une vie pour une femme comme elle qui commence tout juste sa carrière. Alors bien entendu qu’il a compris lorsqu’elle a accepté l’offre. Compris mais son cœur n’a pas pour autant accepté. Le soir, seul dans sa chambre, il ne peut plus s’empêcher de pleurer, pour recommencer à faire bonne figure le lendemain. Il le sait que la douleur s’évaporera avec le temps et qu’un jour, sans s’en rendre compte, elle sera partie et lui, sera de nouveau lui-même. En attendant, il faut faire avec le temps de surmonter l’épreuve.

Son cours de la matinée se termine. Il doit se rendre à l'hôpital pour un rendez-vous avec son psychologue. Oui, sa sœur a insisté, disant que ça lui ferait le plus grand bien de parler à quelqu'un... Une fois arrivée sur place, il se dirige vers ce qui semble être le bureau des infirmières. Il traîne une migraine depuis ce matin à cause de ses nuits bien trop courtes et cela lui gâche la journée. Il espère pouvoir trouver auprès d’une infirmière, un petit médicament qui fera passer son mal-être, le doliprane qu’il a pris il y a deux heures n’ayant absolument rien changé.

« Bonjour. » Dit-il en entrant dans la pièce, après avoir toqué à la porte. C’est là qu’il voit Meredith avec qui il avait été boire un verre il y a plusieurs mois de cela. Il sourit en la voyant. « Je venais voir si vous n’aviez pas quelque chose pour la migraine par hasard ? » Il enchaîne avec le plus urgent. Il sera toujours temps de faire la causette après.

Raphael ne s’attendait pas du tout à voir Meredith ici. Il se souvient encore la croiser dans les couloirs de l’université quelques semaines plus tôt. « C’est moi qui devrait te poser cette question. » Lui dit-il dans un sourire. Est-ce une manière de ne pas avouer qu’il vient voir un psychologue ? Peut-être après tout car l’homme de sciences n’a jamais vraiment crû à ce genre de remède par la parole, même si un scientifique se doit de tester pour savoir si cela fonctionne réellement ou non. Dans tous les cas, il ne serait pas vraiment fier d’admettre qu’il a besoin d’aide. « Oui, oui, je vais bien, rassures toi. Enfin, en dehors de cette migraine. » L’autre infirmière s’affère à ses tâches car elle semble avoir compris que les deux se connaissent et qu’ils n’ont par conséquent pas besoin d’elle. « Je viens juste voir un médecin pour une consultation de routine. » Bon, ce n’est qu’un demi mensonge et Raphael ne supporte pas de mentir en temps normal mais il préfère protéger un minimum ses arrières, bien qu’il fasse confiance à Meredith. « Tu ne travailles plus à l’université ? » Demande-t-il ensuite pour ramener la conversation vers la brune.

Raphael hoche la tête en serrant le médicament dans sa main. « Je comprends ! Je m’excuse de vous avoir dérangé. » Dit-il en jouant le jeu, même si c’est clairement pas crédible dans sa bouche. Il se met à rire ensuite, ce qui n’est pas désagréable. Puis, il hoche la tête et suit son ancienne collègue lorsqu’elle lui propose d’aller discuter plus loin. Ils s’asseoient rapidement dans une sorte de salle d’attente.

« Oui, je m’en souviens ! » Elle lui avait parlé de son ancien poste, même s’il ne se souvient plus vraiment où c’était. Seattle ? San Fransisco ? « Tu m’avais dit que ça te manquait. » Il hoche encore la tête, d’un air assuré. Il est content pour elle, qu’elle puisse s’épanouir de nouveau dans son travail. « Il faut dire que soigner les petits bobos des étudiants ne doit pas être aussi diversifié et passionnant que ce que tu fais ici. » Une simple supposition, sur lequel il est presque sûr d’avoir raison.

« Et oui ! Je risque de ne pas changer de voie de si tôt. J’adore toujours ce que je fais ! » Il sourit encore. Il se souvient avoir mentionné sa passion pour les mathématiques et la finance. Il avait même dû l’ennuyer un peu avec toutes ses histoires, comme cela arrive la plupart du temps lorsqu’il évoque son travail. « Je ne sais plus si je t’avais parlé de mon fils ? » Demande-t-il avant d’enchainer. « Il habite avec moi désormais. J’ai obtenu sa garde à plein temps. » Enfin, en dehors des vacances scolaires, ce genre de choses. Raphael est vraiment enthousiaste à l’idée de partager cette nouvelle, bien que cela fasse de longs mois désormais que Simon est revenu vivre avec lui.

De l’intérim en interne, ces paroles font sourire l’homme. « C’est pas mal, je trouve ! » Bon, certes, il n’est pas à la place de l’infirmière et ne peut donc aucunement juger ce qui est bien pour elle ou non mais de son point de vue, cette mission présente quelques avantages non négligeables. « Ça te permet de te familiariser avec le lieu et les collègues avant de pouvoir choisir où tu iras. » Elle a sans doute déjà une préférence. Il n’en sait rien ; alors il décide de lui demander. « Tu sais déjà où est-ce que tu souhaiterais atterrir ? » Il a souvent entendu dire que les femmes ont envie d’être en pédiatrie, pour s’occuper des nourrissons. Peut-être est-ce le cas de son amie.

Il lui parle bientôt de son fils qui est revenu vivre chez lui. « Oui, vraiment génial ! » Il ne cache pas son enthousiasme à ce sujet. « A vrai dire, si on habitait plus près avec sa mère, on aurait fait la garde partagée, mais à plus de 1000 kilomètres, c’est compliqué. » Le petit est obligé d’avoir une seule école pour un bon apprentissage et même si l’absence d’un de ses parents est toujours difficile à supporter, il n’a pas vraiment le choix et Raphael fait tout ce qui est en son pouvoir pour que Simon ne pâtisse pas de la distance avec sa mère. « Et disons que ça ne se passait plus très bien avec le nouveau compagnon de sa mère ; et comme elle est tombée enceinte de lui… » Le métis a un nœud au ventre qui se forme alors qu’il mentionne ce fait. Dire que c’est avec cet homme que Jiya l’a trompée à l’époque et que désormais, elle refait sa vie avec lui… Le professeur en garde assez naturellement, une certaine rancune.