Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

OK... au moins elle ne refuse pas mon invitation permanente et je vois ça comme une bonne chose même si j'aurais apprécié qu'elle soit un peu plus loquace. Elle ne développe pas plus la réponse alors je me contente de manger ma pizza en regardant le film en me demandant si elle l'a bien prit ou pas. Ce n'est que lorsqu'elle apporte quelques précisions que je tourne la tête vers elle avant de rire à nouveau. Je n'ai pas besoin d'une femme de ménage, j'en ai déjà une, ni d'une cuisinière, je suis capable de me débrouiller depuis que je suis parti de chez mes parents. Même mon ex-femme ne faisait pas la bouffe, de toute façon il valait mieux vu ses talents culinaires pitoyables. J'avale ma bouchée et explique à Morri la raison de mon hilarité soudaine.

- J'ai déjà une femme de ménage et je suis pas mort de faim alors que je me débrouille depuis 20 ans, c'est pas pour ça que je t'invite.

Je lui vole un baiser et me repose dans le canapé à coté d'elle avant de lui balancer une petite blague qui devrait la faire rire.

- Je te préfère dans le rôle du bouffon qui me fait rire. C'est plus difficile à trouver.

Je rigole pour bien lui montrer que je plaisante mais il y a un fond de vérité là-dedans derrière ma petite vacherie. C'est pour sa compagnie et la bonne humeur qu'elle entraine dans son sillage que j'apprécie sa présence à mes cotés. Je ne m'étais pas senti aussi bien depuis... je ne me rappelle plus à vrai dire. C'est que sa présence m'est totalement bénéfique et que je serais bien bête de m'en priver.

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J e bois une gorgée de bière pour me remettre de mes émotions. Mon cœur bat à tout rompre. Je suis raide dingue de ce mec et je le veux à mes côtés pour le restant de mes jours. Alors pourquoi suis-je assez bête pour ne pas le lui dire directement ? Je ne m’embarrasse pas de telles choses en temps normal. Rire, c’est bien gentil, mais dans les moments sérieux, je ne de devrais plus à avoir à me cacher par le rire, encore moins concernant ce que je ressentais. J’allais prendre mon courage à deux mains, parce que toute cette situation me mettait en état de stress intense et que je n’ai pas l’habitude de paniquer autant, quand son hilarité me fait me dégonfler comme un ballon de baudruche.

L’histoire de la femme de ménage expliquait probablement pourquoi c’était aussi clean et rangé, et là, je sens la panique me regagner en me disant que cette femme bossait drôlement bien ou alors qu’il n’était pas du genre bordélique comme moi et que ça pourrait lui poser des soucis si on venait à habiter ensemble.

C’est peut-être pour ça qu’après son baiser, je réagis bizarrement à ce qu’il me dit. Pendant quelques secondes, j’ai un moment de latence, comme si mon cerveau ne réagissait plus. Heureusement que je l’entends rire, parce qu’à deux secondes près, il se serait une nouvelle fois fait arroser la tronche avec son propre alcool. J’essaie de me raisonner. Même s’ils n’étaient pas pensés, ces mots pouvaient être blessants en d’autres circonstances :

-J’espère bien que tu vois autre chose en moi qu’une gonzesse qui est là pour amuser la galerie…

Je sais pertinemment à sa façon de me prendre dans ses bras, à sa façon de me regarder, et même grâce à son caractère et son comportement avec moi dés le premier jour, et même cette après-midi, qu’il ne joue pas la comédie avec moi et qu’il voit bien plus que cela en moi. Ou alors je suis vraiment encore plus naïve que je le pensais et il aurait un sacré bon jeu d’acteur. Je ne le voyais pas s’adonner à un jeu pareil avec moi, ou chercher à remplir un pari quelconque fait avec un ami. Il est bien trop mâture pour cela, et s’infliger ma présence, aurait été bien idiot de sa part, dans ce cas là. Je repose néanmoins sèchement ma bouteille de bière sur la table basse. Il fallait bien créer l'illusion.

En réalité, je pense surtout qu’il me renvoie à ma propre maladresse et la tourne en dérision. Mais moi aussi, j’ai envie de me mettre à jouer un peu. Je fais la moue, une moue faussement boudeuse. Je détourne le visage comme si j’étais attristée par ses paroles. Je fais alors semblant de me tourner de côté, et d’être vraiment contrariée. Je croise mes bras contre ma poitrine et soupire. Mais comment résister. Je ne peux pas lui infliger cela bien longtemps, et je crois que le bouder réellement… J’en serais incapable. Au bout de quelques secondes, je n’y tiens plus, alors je me mordille la lèvre pour me contenir encore un peu, rien qu’un peu, par pitié.

Je finis par éclater de rire, les plus courtes étant parfois les meilleurs et marmonnais, presque comme un semblant de déclaration :

-De toute façon, je n’arriverais jamais à te faire la tête, ou pas longtemps… Tu comptes trop à mes yeux…

Je pose une main sur sa nuque en attirant son visage lentement vers le mien, avec douceur et soufflais alors, mes lèvres à deux millimètres des siennes :

-Par contre, ce genre de choses, ça peut faire mal à une femme, si elle ne te connaît pas. Alors fais gaffe, t’aurais pu me briser le cœur en une fraction de secondes…

Sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, je l’embrasse longuement pour faire bien passer le message et souriais à demi en le fixant, les yeux pétillants de tendresse et de quelque chose de plus :

-Le jour où je viendrais habiter avec toi, t’en auras marre de mes pitreries… Je te le garantie…

Et je me mets soudainement  à le chatouiller en profitant de l’effet de surprise de ma déclaration. Je venais bien de lui faire comprendre à mots couverts qu’on finirait par s’installer un jour ensemble. En tout cas, tant pis pour lui, parce qu’il venait de me convaincre sans même chercher à le faire. J’en avais autant envie que lui. Rien que pour le bonheur de partager avec lui des petits moments comme ça, entre rires et communication…

Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

J'ai bien l'impression qu'elle n'a pas apprécié ma boutade même si je pense plutôt qu'elle essaye de me faire marcher. Mon but n'était pas de lui faire mal mais bien de trouver une excuse de plus pour plaisanter avec elle. J'attends quelques secondes lorsqu'elle me tourne le dos et l'observe avant de réagir. J'ai bien fait car la voilà qui rigole à sont tour avant de se rapprocher de moi pour m'exposer ce qu'elle pense de ma sortie. J'avoue que je suis peut-être allé un peu loin mais je pensais, probablement à tort, qu'elle avait compris que je ne veux que son bonheur et que je ne me permettrais pas de rire à ses dépends. Lorsqu'elle m'embrasse longuement pour finir et me regarde ensuite, je ne peux m'empêcher de lui sourire franchement.

L'entendre parler d'habiter ensemble aurait du me faire peur, tout va très vite, mais je ne n'appréhende pas pour autant. Je commence à comprendre que vivre seul toutes ces années n'était pas une bonne chose. Sa présence pourrait bien me devenir indispensable si je laissais faire les choses naturellement. Sa dernière phrase est en contradiction avec ce que je pense à cet instant. J'attrape doucement son menton entre le pouce l'index pour la regarder dans les yeux.

- C'est aussi pour tes pitreries que j'apprécie énormément ta compagnie. Il en faudra beaucoup pour que je m'en lasse, tu peux me croire.

Le générique de fin s'affiche à la télé alors que je n'arrive pas à quitter le visage de ma jolie blonde des yeux. Ca fait du bien de ne pas passer la soirée seul à la maison pour une fois.

- C'est plutôt toi qui risque de prendre peur en voyant la place que prend la musique dans ma vie.

La musique est toute ma vie et même si je compte bien faire une grande place à Morri, j'ai peur que ça ne suffise pas à long terme et finisse par nous séparer. Pour l'instant, je pense que je n'ai pas trop à m'en préoccuper mais à l'avenir il faudra que je garde ça à l'esprit si je veux que ça marche entre nous.

Je décale un peu la tête et avise le générique qui défile à l'écran avant de lâcher le menton de Morrigan.

- Tu as encore faim ? On pourrait finir de manger dehors au frais avec une bière.

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Q uand Dale a ce petit geste envers moi, je me sens carrément fondre. C’est exactement le genre de choses qui me font craquer, en plus de sa façon de me regarder. Je note la nuance qu’il apporte dans son propos et il ne m’en faut pas plus pour me sentir rassurée. Je pose alors ma main sur la sienne, caresse lentement son poignet avec tendresse.

Je n’avais pas fait attention à la fin du film, trop absorbée par mon cow-boy préféré. Et c’est du tac au tac que je réponds naturellement :

-Je préfère largement ça… C’est la seule maîtresse que je tolérerais entre nous. Jamais je ne chercherais à te détourner de toute façon de ce qui te fait du bien…

Car oui, je l’avais bien compris que c’était de l’ordre du vital pour lui que de pouvoir faire de la musique, la vivre et créer, que chanter et jouer était pour lui son souffle de vie. De toute façon la musique avait déjà débarqué avant moi dans sa vie, je ne me voyais pas la chasser, oh non. J’ai une mère qui a vécu et vit encore de cette même passion, je me rends bien compte de ce que c’est. J’espérais juste trouver un équilibre dans tout cela.

Comme pour montrer que j’étais d’accord, j’attrapais deux bières et me dirigeais vers la baie vitrée prête à rejoindre dehors et j’ajoutais pour qu’il comprenne bien que mes paroles n’étaient pas vaines :

-Je crois pas que ça serait ça qui serait susceptible de me faire peur. Si tu penses que je pourrais me sentir délaissée à cause de cela, je ne pense pas. La musique c’est un partage… Tant que tu me laisses découvrir ton univers, il n’y a pas de crainte à avoir à mon avis… Et si tu veux, pendant que je pose les bières et que je vais chercher les pizzas, va chercher une guitare, que je puisse découvrir un peu plus de ton répertoire… Autant entendre ça avec toi que d’aller chercher sur internet quand je serais toute seule…

Je lui souris, me montrant encourageante, et allais finalement m’installer près du rebord de la piscine après avoir entendu sa décision et ramené ce qu’il y avait à ramener en conséquence. Une fois dehors, je retirais le short qu’il m’avait prêté pour me mettre à l’aise, puis faisais tremper mes pieds dans l’eau, en silence. J’observe le ciel qui a perdu ses couleurs de la journée et me murmurais comme pour moi-même :

-C’est passé trop vite…

Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Je regrette rapidement ma proposition lorsqu'elle se lève pour prendre les bières. J'aime bien l'avoir sur mes genoux pour pouvoir la regarder de près. Je la regarde s'éloigner vers la terrasse, visiblement ma proposition est accueillie avec plaisir. Sa proposition en écho à la mienne me semble une bonne idée. C'est avec plaisir que je vais aller chercher de quoi lui jouer quelques morceaux pour un petit concert privé.

- Je vais chercher ce qu'il faut, je te retrouve sur la terrasse.

Je file dans la pièce de ma villa dédiée à la musique. Je prend une de mes guitares électriques et un ampli portable. Inutile de sortir le matériel que j'utilise pour les concerts en plein air, nous ne sommes que tous les deux et je n'ai pas de micro. Je rejoins ensuite Morri sur la terrasse et remarque le short posé au bord de la piscine alors que je fais mes branchements. Elle se sent assez bien ici pour ne pas hésiter à se mettre à l'aise, c'est une chose que je prend pour un très bon présage. Je m'installe ensuite sur un transat et gratte mes cordes pour tester le volume. Une fois les réglages fait, je regarde ma jolie blonde en souriant.

- T'es prête ?

J'ai posé la question uniquement pour la forme car je sais qu'elle est prête à m'entendre jouer puisqu'elle l'a demandé tout à l'heure. Je commence à improviser quelques accords pour me décider sur la meilleure chanson à jouer à cet instant et enchaine sur une des premières chansons que j'ai composées. "Don't Breathe" est une de mes premières compositions et je me demande ce qu'elle pourrait en penser.

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J e patiente, et attends Dale. Je crois bien que c’est le seul homme que j’aurais toujours la patience d’attendre, pour tout, pour rien. Juste le voir débarquer sur la terrasse, après m’être retournée en l’entendant, matériel en main, a sur moi un effet aussi apaisant que de croquer dans un morceau de chocolat un soir de déprime.

Je ne peux juste pas me lasser de l’observer, dans le moindre de ses gestes. Il a l’air si heureux, là et je sais que je ne dois pas qu’à la présence de la guitare qu’il gratte pour se mettre en jambes. Pour être prête… Si j’étais prête…

-Oh que oui…

Oui, j’étais prête à m’engager sérieusement avec cet homme, dans une relation qui ne pourrait tourner que bien, selon mon propre avis. Je sais que sa question ne se réfère pas à ça, mais mon oui était aussi éloquent que s’il m’avait demandé si j’étais prête à faire de ma vie un répertoire de notes de musique dont la clé de sol serait Dale. Je l’accompagnerai là où il voudrait, pourrait passer des heures à l’écouter. J’étais prête à faire passer son bonheur avant le mien. Chose que je n’aurais jamais acceptée pour aucun autre homme.

Je m’approche de lui, quand il commence à jouer. Je ne voulais pas être la groupie qui observait de loin l’artiste. Je voulais être celle qui partageait un moment privilégié avec celui qui faisait battre son cœur. Je m’installe en tailleur sur l’autre transat. Si j’avais pu, je me serais collée à lui. Mais je respectais l’espace dont il avait besoin, au propre comme au figuré.

J’écoute alors sa chanson et apprécie le dynamisme de la mélodie. Il me faut quelques secondes pour réussir à me concentrer sur les paroles, et j’en oublie cette maudite bière et nos pizzas. Je ne vois plus que lui. Je fais pourtant l’effort de redescendre de mon nuage. Je suis assez surprise. Les paroles évoquent quelque chose de triste. En raccrochant les wagons, j’en reste baba. La légèreté de la mélodie, les paroles, l’ensemble formaient une harmonie, un sarcasme voilé de tristesse. Comment les gens pouvaient-ils prétendre contrôler les sentiments des autres ? Ou dire aux autres ce qu’ils avaient à faire…

Sa chanson a encore le don de m’émouvoir, parce qu’elle me renvoie à une de mes peurs vis-à-vis de notre relation. Quand il a terminé, je ne peux pas faire autrement que de sécher une larme et pour qu’il comprenne ce qui m’arrive, je n’ai pas tellement le choix que de m’ouvrir à lui, non ?

-Dale… Ta chanson est magnifique, encore une fois, mais... Je ne veux jamais avoir à vivre ça…

C’est assez énigmatique quand on y pense, et je me passe la main sur la joue, nerveusement pour aller plus loin dans mes propos :

-Je vais probablement trop vite… Mais… Il faut que tu saches… Juste… On vient à peine de commencer, tous les deux… Et je redoute d’avoir à vivre ça un jour… Te perdre… Et devoir me retrouver dans cette situation, dans la chanson, avec toi qui me demanderait de t’oublier, d’apprendre à vivre… Avec… avec ce que je ressens… Et devoir l’occulter… J’aurais trop mal…

Je me lève alors et fais les cent pas, comme un lion en cage, sûre de ce que je ressentais et prenant la pleine mesure de ce que cela impliquait et représentait :

-Mais tu sais quoi… C’est un risque que j’ai envie de prendre… Juste parce que… Tu vaux la peine… Je te veux et je voudrais jamais que ce qu’on vit aujourd’hui s’arrête un jour. Mais je flippe autant de tout ce que ça pourrait nous apporter de plus beau… Tu vas me prendre pour une tarée…

Si je n’avais pas peur de le faire flipper à mon tour, j’aurais ajouté qu’il avait grand intérêt à ne jamais me briser le cœur sinon je ne m’en remettrais pas. Tout dans la démesure, Tout Morrigan. En tous cas, si on venait un jour à rencontrer des difficultés, j’étais sûre, je me battrais pour que notre couple dure et ne pas le laisser pourrir.

Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Je ne voulais lui faire peur avec ma chanson et je comprends maintenant qu'elle prend très à cœur ce que je livre avec mes compositions et mes interprétations. Je la regarde m'exprimer ce qu'elle ressent et l'écoute en silence tout en réfléchissant à la meilleure chanson à utiliser pour enchainer. La première qui me vienne à l'esprit est peut-être un peu trop personnelle et explicite pour notre relation qui débute juste. Je doute de lui faire peur avec mais c'est trop tôt. Au lieu de chercher à m'exprimer en détail avec des mots, je recommence à gratter quelques accords sur ma guitare pour l'inviter à s'asseoir.

- Je suis vraiment désolé de t'avoir infligé ça. Ce n'était vraiment pas mon intention. J'en ai une autre à te faire découvrir, elle est très proche de ce que je ressens en ce moment.

Tout en grattant les cordes, je la regarde s'installer en lui souriant puis je commence à jouer les premiers accords d'une chanson que j'ai composée il y a une quinzaine d'années après avoir observé un couple au parc pendant une bonne heure à imaginer leur quotidien. C'est comme ça que me sont venues les paroles de "Little Moments" et alors que je la chante spécialement pour ma jolie blonde, je me rend compte que c'est pour elle que j'aurais pu composer cette chanson. Quand je la chante pour elle, cette chanson prend une autre dimension et j'aurais du commencer par celle-ci au lieu de lui faire peur avec "Don't Breathe". A la fin de la chanson, je regarde un instant ma guitare puis lève le regard vers Morrigan.

- Je viens de réagir... j'aurais pu l'écrire en pensant à toi celle-ci.

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J e me sens encore très nerveuse, mais sa force tranquille m’incite au calme, au même titre que les accords qu’il grattouille. En fait, j’aime le regarder jouer, cela m’apaise, et surtout, c’est presque idiot de dire cela, mais je le trouve encore plus beau. C’est comme s’il irradiait une douce lumière qu’il répandait sur les gens, quand il joue ou quand il chante. Comme lorsqu’il me regarde. La chaleur et la douceur que je lis dans ses yeux, m’envahissent tout entier et je me sens perdre pied chaque fois qu’il le fait. Et tout cela, il me l’offre. C’est bien plus que des mots prononcés à la va-vite.

Ses excuses me touchent même s’il ne m’a rien infligé. J’espérais juste qu’on ne s’infligerait pas cela à l’avenir. Était-ce qu’il avait ressenti pour son ex quand elle l’avait quitté ? Je ne préférais pas le savoir. M’imaginer qu’il ait pu porter le même regard sur elle me rendait folle de jalousie.

-C'est rien... Tu n'as pas à t'excuser de ce que je ressens.

Je suis un peu curieuse, cependant, quand il me parle de me faire découvrir une chanson faisant appel à ses propres ressentis. Je brûle d’entendre, tout ça. Sa voix d’or me berce une nouvelle fois, et je suis très sensible à ses inflexions. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a beaucoup de générosité dans ses chansons et dans ce qu’il offre de lui aux autres, comme quelques pièces de son cœur.

Je suis finalement de nouveau assise, face à lui, sensible au magnétisme qu’il dégage et aussi au sourire qu’il m’offre. Je me laisse emporter par la mélodie douce mais intense, pleine de pudeur. Elle dresse un portrait fidèle de l’homme qui est en train de la jouer.

Des images se superposent les unes les autres devant moi. J’avais l’impression qu’on évoquait certains moments qu’on avait vécus dans la journée, et je m’imaginais facilement m’endormir dans ses bras, ou pleurer pour un gâteau raté alors que je voulais lui faire plaisir. Je crois que si ce soir, j’avais laissé cramer les pizzas, j’aurais réagi de cette façon.

Je me mets finalement à rougir un peu sans franchement pouvoir le contrôler quand il me dit qu’il aurait pu écrire cette chanson pour moi. J’ai encore les larmes aux yeux et j’ai du mal à me contenir. Je me lève une nouvelle fois, ne le quittant pas du regard et retire lentement sa guitare de son giron. Je la pose religieusement à ma place, sur le transat, et l’incite à me faire une place. Je me cale dans ses bras sans lui laisser le choix, et pose ma tête contre son torse :

- Le pire, c’est que tu as raison. Je pourrais réagir comme la personne de la chanson… Dans pas mal de situations. Et je nous ai tellement imaginés à la place de ce couple… Le pire, c’est que d’autres images sont venues se superposer à celles-là… Il me manque plus qu’à m’endormir dans tes bras un jour…

Je ne pouvais pas encore parler de ce qui m’était venu en tête, mais il était certain que je ne pourrais plus penser à un avenir sans lui. Je lève mon visage vers le sien et je ne peux pas me montrer plus éloquente quant aux sentiments qui m’envahissent à cet instant, tout en le fixant dans les yeux. Puis je me tourne et l’embrasse longuement, sans plus attendre. Ce serait probablement plus intense et plus fort que des mots, mais une façon plus douce de les entendre si tôt.

Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Je la laisse poser ma guitare à coté et s'installer contre moi avant de lui passer les bras autour de la taille. A l'entendre, elle vois les choses comme moi à propos de la chanson. J'aimerais aussi qu'elle puisse s'endormir dans mes bras mais c'est notre première soirée ensemble et je sens qu'il vaut mieux qu'on s'en tienne à nos projets initiaux, qu'elle passe la nuit dans la chambre d'ami et moi dans la mienne. On partagera certainement un lit un jour, mais pas ce soir. Lorsqu'elle se retourne vers moi pour l'embrasser, je garde mes bras autour d'elle et l'embrasse en retour. Sa seule présence suffit à me donner le sourire, alors un baiser en plus est encore plus agréable. Je lui caresse un peu le dos et cale mon front contre le sien quand notre baiser se termine. Je joue un peu du bout du nez avec le sien en souriant puis me décide à lui parler de ce que j'ai sur le cœur.

- J'aime jouer pour toi car je sais que ça te touche et que je peux te faire passer des émotions même si je suis parfois maladroit dans le choix des chansons. J'ai toujours eu plus de facilité à m'exprimer avec la musique qu'avec les paroles.

Mon ex-femme trouvais ça stupide, bien que je ne l'ai su que lors du divorce, mais avec Morrigan, je sais qu'elle comprend sans mal mon lien avec la musique. Je déplore juste ma maladresse dans les relations intimes faute de réelle expérience dans ce domaine. Mon ex reste la seule femme à ce jour à avoir partagé ma vie mais j'espère que ce ne sera bientôt plus le cas avec ma jolie blonde.

Je ne la connais que depuis peu, mais il se passe quelque chose d'indéniable entre nous et j'espère qu'on arrivera à continuer longtemps tous les deux. Je ne m'étais plus senti aussi heureux depuis bien longtemps.

- Il ne faut pas que tu m'en veuilles si je suis maladroit parfois. C'est nouveau pour moi d'avoir une femme qui peut comprendre à quel point la musique est importante pour moi.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Passer encore un peu de temps avec elle à regarder les étoiles me semble une très bonne idée, mais j'ai quand même quelque chose à faire avant de pouvoir profiter de ces instants.

- Ca me dit bien, je te demande juste quelques minutes.

Je me lève en prenant soin de ne pas lui faire mal puis ramasse nos vêtements avant de rentrer dans la maison. Je vais à la buanderie pour mettre le linge à laver qu'il soit propre pour demain. J'ai des fringues mais Morri n'as pas sa garde-robe ici. Une fois le lave-linge en route, je retourne sur la terrasse pour retrouver ma jolie blonde en me disant que ce sera plus simple à l'avenir quand elle aura laissé quelques fringues ici en attendant mieux.

- Tu me fais une place ?

Je m'assoie sur le transat derrière elle et passe mes bras autour de sa taille avant de poser mon menton sur son épaule. Je n'avais plus pris le temps de simplement regarder les étoiles depuis très longtemps mais je retrouve facilement ce sentiment d'apaisement que je connaissais bien quand j'étais gamin. Avec la présence de Morrigan avec moi, cela rend ce moment encore plus agréable.

- Tu passes souvent du temps à regarder les étoiles comme ça ?

Au bord du lac Tahoe, ce genre d'activité serait encore plus agréable. Voilà une raison de plus de vouloir partager mes vacances avec elle. Tout en réfléchissant à ce que seront mes prochaines vacances au lac, je viens l'embrasser doucement dans le cou et sent un frisson lui parcourir la peau.

- Tu as froid ?

Je lui pose la question avec un ton espiègle car je sais très bien que ce n'est pas à cause de la température qu'elle frissonne.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Bizarrement, je trouve ma terrasse encore plus accueillante ce soir mais ça tient surtout à la présence de Morrigan à mes cotés et dans mes bras. Je n'ai pas envie d'aller me coucher et de la laisser mais la soirée commence à se rafraichir et on ne pourra pas rester bien longtemps dehors. Elle aussi va me manquer et je ne me gêne pas pour le lui dire.

- Toi aussi tu vas me manquer mais c'est que notre première soirée. J'espère qu'il y en aura bien d'autres.

Avant de poursuivre et de répondre à sa question, je cale mon museau dans son cou et y dépose un doux baiser.

- La plupart du temps, je joue dans ma pièce mais ça m'arrive parfois de jouer dehors. C'est plutôt au lac Tahoe que je joue dès que possible dehors en regardant le lac.

J'ai vraiment hâte qu'on y aille, mes vacances seront certainement encore plus agréables avec elle pour me tenir compagnie. D'habitude, j'aime y aller seul pour me ressourcer loin d'Austin mais cette fois, je n'imagine pas y aller sans elle. Je ne la connais pas depuis longtemps mais sa présence m'est presque nécessaire, plutôt étrange comme sensation quand j'y pense mais pas effrayant pour autant.

En attendant, on ne va pas tarder à aller se coucher et il serait peut-être judicieux de se pencher sur le programme de demain. Je réfléchi quelques instant et fini par la questionner à propos du petit-déjeuner de demain.

- Tu veux quoi pour le petit-déjeuner de demain ? Comme prévu, je te laisserais dormir, ne t'inquiètes pas.

Je rigole un instant en pensant que je vais certainement me réveiller avant elle et que je pourrais lui faire une surprise pour le petit-déjeuner.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

En général, je n'aime pas me compliquer la tache pour le petit déjeuner et je me contente d'un café avec un ou deux toasts, quand je ne me contente pas simplement de boire un café à l'université quand je commence tôt. Une habitude que j'aimerais perdre d'ailleurs tant le café de l'université est dégueulasse. Mais pour Morri, j'ai envie de faire un effort et je compte bien lui faire une surprise. En tout cas, j'ai intérêt à boire un premier café avant qu'elle ne se lève parce que je ne suis pas franchement sociable avant le café le matin.

- En général, j'accompagne mon double expresso avec un ou deux toasts mais demain, je ferais certainement une exception.

Je lui caresse un instant le bras et la regarde. Ca va me faire bizarre de déjeuner ici avec quelqu'un. Je n'ai plus eu de compagnie dans ma cuisine le matin depuis des années, j'espère simplement que cela ne va pas me taper sur le système, j'aime le calme le matin. Mon café, un peu de musique en sourdine et les infos sur la tablette. Je remplacerais avantageusement les infos par la discussion avec ma jolie blonde mais ça va quand même certainement me laisser une drôle d'impression.

- Mais pour l'instant, c'est l'heure de se coucher.

Je me lève du transat comme si je descendais d'un cheval ou d'une moto et lui tends la main pour qu'elle en fasse autant. C'est mon plaisir de lui proposer mon aide et je ne compte pas bouder ce plaisir.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Je la laisse se rapprocher de moi et me susurrer quelques mots à l'oreille qui me font apparaitre un sourire en coin. C'est sûr que ma nuit risque d'être légèrement perturbée si je pense trop à elle mais je la laisse s'éloigner un peu avant de lui répondre. Je n'ai pas envie que nos bonnes intentions volent en éclats tout de suite. J'ai le sentiment qu'on commence une longue histoire, inutile de brusquer les choses. On a tout le temps et je compte bien en profiter. Alors que j'allais lui répondre et que j'ai oublié sa maladresse, je la vois se retourner et ce coller violemment le visage dans la vitre avec un bruit de choc qui muselle toute velléité de rire chez moi.

Je saute par dessus le transat pour rejoindre ma jolie blonde au plus vite et lui attrape le bras pour la stabiliser avant de m'assurer qu'elle ne s'est rien fait de mal. Une fois rassuré sur son état, je retiens avec difficulté mon hilarité et lui pose une question qui va bien refléter mon état d'esprit actuel.

- C'est quand ton anniversaire ? Parce que j'ai déjà trouvé ton cadeau, un casque intégral.

Je me plaque la main sur la bouche pour masquer mon rire mais c'est peine perdu. Je suis désolé de la voir se faire mal mais c'est plus fort que moi. Elle me fait rire comme personne ne m'avait fait rire jusque là et elle n'a même pas besoin de se forcer et c'est ce que je trouve génial chez elle. Je souffle un coup pour retrouver mon sérieux et m'enquiers à nouveau de son état.

- Tu es sure que ça va aller ?

Je lui attrape doucement le menton entre le pouce et l'index et lui observe à nouveau le visage sans y voir la moindre trace avant de l'embrasser sur le bout du nez.

- Ca va mieux comme ça ?

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Alors que j'allais la suivre dans la maison, je me rappelle que j'ai toujours ma guitare posée sur le transat et l'ampli à coté. Je lui fais signe de m'attendre et retourne sur la terrasse pour plier mon matériel. Ampli et guitare en main, je rejoins Morri à l'intérieur et lui dépose un baiser sur la nuque en passant derrière elle.

- Si tu veux, je vais ranger ça et je viens te border.

Pas sur que ce soit une bonne idée mais je n'ai pas envie de la quitter. Je passe un moment bien trop agréable pour avoir envie de finir seul dans mon lit en sachant qu'elle n'est qu'à quelques portes de moi. Pour éviter de tergiverser longtemps, je passe devant pour aller ranger mon matériel dans ma pièce réservée à la musique en espérant secrètement que ma jolie blonde n'ira pas se coucher tout de suite.

Dans la pièce, je range ma guitare sur son support et l'ampli dans un coin avant de lover les câbles pour les mettre dans leur tiroir. J'aime que chaque chose soit bien rangée ici et même la femme de ménage a interdiction de venir mettre son nez ici. Cette pièce est mon repaire, ma tanière, et personne ne pourra me dire ce qu'il faut que je fasse ici ou le faire à ma place. Tout en finissant de ranger, je me met à chantonner les paroles de la dernière chanson que j'ai jouée pour Morri ce soir sans même y penser.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Je suis en train de ranger des papiers tout en résistant de peu de prendre ma bonne vieille Stratocaster lorsque Morri vient me pincer les cotes comme pour tenter de me faire peur. Je lui souris et la vois disparaitre en courant avant que j'ai le temps de lui répondre. Visiblement, elle est encore d'humeur taquine. Je ferme mon tiroir et quitte la pièce avant de partir à la recherche de ma jolie blonde. Je tente d'abord dans la chambre d'amis puisque c'est ce qui me semble le plus logique. Je la trouve finalement assise sur le lit et croise les bras avant de poser mon épaule contre le chambranle de la porte.

- Comment tu veux que je te donne une brosse à dents si tu file en courant ?

Je la regarde un instant en souriant avant de reprendre la parole.

- J'en ai d'avance dans le tiroir à droite du lavabo. Tu peux te servir.

Je devrais avoir le vertige en voyant ce que devient notre relation mais pas un instant je ne suis inquiet. Je suis serein, j'ai le pressentiment que nous ne sommes qu'au début de quelque chose de beau.

- Tu veux autre chose ?

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Un large sourire s'affiche sur mon visage quand je l'entend me comparer à un vampire. Je crève d'envie de me rapprocher d'elle mais on a décidé de dormir chacun dans une chambre et je ne veux pas envahir son espace. Elle fait voler en éclats toutes mes résolutions en me prenant les mains. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi le contact de sa peau me met dans cet état là mais je ne regrette pas un instant de l'avoir aidée à chercher son verre de lunettes dans le parc.

- J'ai juste une question pour toi, jolie blonde...

Je marque une pause en lui souriant, hésite un instant à lui poser cette question puis fini par le faire.

- Ta chambre ou la mienne ?

Je n'ai pas, non plus, envie de dormir seul ce soir tout en sachant qu'elle dort à quelques mètres de moi sous mon toit. Je ne sais pas, je suis peut-être en train de faire une connerie, mais j'avoue que je m'en fiche comme de ma première chemise. Depuis qu'elle m'a rejoint ici, je passe d'excellents moment et je n'ai pas envie que ça s'arrête.

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Dale Campton

Morrigan Davenport

Somewhere only we know

Sans lui lâcher les mains, je la laisse parler car je ne me lasse jamais jamais de sa voix. Que ce soit lorsqu'elle parle ou qu'elle chante avec moi, j'aime l'entendre. Ses paroles sont censées et j'avoue que je suis complètement d'accord avec elle. Ca ne m'aurait pas dérangé de dormir avec elle dans ma chambre mais si elle préfère la chambre d'ami ou une tente pour qu'on dorme ensemble, ça me convient parfaitement. Je dors seul depuis des années et je me demande bien comment ça va se passer avec Morri.

Je me rapproche d'elle et m'assoit à coté d'elle sur le lit tout en continuant à l'écouter. Je ne peux m'empêcher de rire brièvement à l'évocation de son achluophobie avant de me ressaisir. Je commence à comprendre comment Morri fonctionne et préfère tourner ça en dérision. Je lui sers doucement la main avant de venir lui murmurer à l'oreille.

- Garde le pour toi, c'est un secret, mais j'ai les yeux qui s'allument la nuit si ça peut t'aider.

Je me redresse en rigolant.

- Plus sérieusement, si tu as besoin qu'on laisse la lumière du couloir ou autre chose, il suffit que tu me le dise.

Sans lui laisser le temps de répondre, je me laisse tomber sur le lit en l'embarquant dans l'élan. De l'index, je lui dégage une mèche qui vient de lui tomber sur le visage en lui souriant.

- Il te faut autre chose ?

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